Un auteur sensible et souvent drôle, un roman graphique d’excellente facture (encore, ai-je envie de dire), une biographie touchante et simple, Paul en appart’ se lit en une petit heure à peine. De la rencontre avec Lucie au premier appartement dans lequel le couple s’installe, c’est hélas trop court. Au moins ça peut se relire un nombre incalculable de fois.
Il était une fois…
La vingtaine plus ou moins tassée (sais pas trop, on est au début des eighties), Paul emménage avec sa petite amie dans leur premier appartement à Montréal. C’est l’occasion pour notre ami de se remémorer quelques souvenirs (études, rencontres avec Lucie) et d’avancer, petit à petit, dans la vie. Tout en discourant sur Tintin (hommage appuyé même).
Critique de Paul en appartement
Autant vous prévenir : j’ai toutes les œuvres de l’auteur aux gros sourcils dans ma bibliothèque. Celle objet du présent billet doit bien être, pour le moment, une de ses plus courtes (à part Paul à la campagne, il me semble). Et la lecture de Michel R. est un plaisir renouvelé, il m’arrive d’en relire de temps à autre, c’est dire.
Cette centaine de pages porte sur une période importante du héros : celle de la fin de ses études et de la prise de son indépendance en tant qu’homme (amoureux). Paul fait ses premières missions en tant que graphique pendant que Lucie, sa copine rencontrée sur les bancs de l’école (qui l’éblouit par ses références de BD), décide finalement d’étudier la linguistique. Quelques instants de bonheur, d’autres moins heureux (la grande tante Jeanne qui clamse un poil trop vite), le quotidien est loin d’être morne et est rendu avec une tendresse formidable.
Si le style est toujours aussi fluide (avec un phrasé québecois truculent), Tigre déplore la taille du roman graphique qui est bien courte. Le dessin, en noir et blanc, est parfaitement adapté et, malgré un trait assez gros, les mimiques des personnages sont superbes. Et je ne parle pas de l’architecture, notamment lors du voyage à New-York, qui est plus que correcte.
Au final, je n’ai pas grand chose à reprocher à Rabagliati sur ce coup là. Le rapport prix / nombre de pages, certes élevé, est vite effacé eu égard le travail de l’auteur qui est dans les petites feuilles tigresques.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’éducation. Un presque tiers de ce titre est dédié à Jean-Louis Desrosiers, professeur gay – cela a son importance puisqu’il dragouille le timide Paul. Le prof’ dépoussière la fonction d’enseignant avec ses méthodes, plus particulièrement la possibilité d’avoir des activités extra-scolaires. C’est grâce à cela que Paul et Lucie vont pouvoir se pécho lors d’un séjour à NYC en plus de gagner en créativité.
L’installation. Les premiers petits pépins d’un nouvel appart’ ; le proprio pas con qui envoie un rustre pour réparer quoi que ce soit (du coup, les locataires se démerdent) ; les habitudes qui prennent vie (les passages chez l’épicier Viet sont délicieux), c’est totalement cute (vocabulaire québécois oblige).
Dernier rapport avec l’éducation, la soeur de Lucie laisse de temps à autre ses deux filles au couple. C’est le dernier tiers du bouquin, et faut dire qu’entre la gestion des gamines et la création de souvenirs, en passant par le réveil à six heures trente, ça bouscule (dans le bon sens du terme) les deux tourtereaux (et leur canari). La parentalité, question en suspens à la fin de Paul en appartement d’ailleurs…
…à rapprocher de :
– Rabagliati a une jolie collection avec le fort sympathique Paul : Paul à la campagne, Paul a un travail d’été, Paul dans le métro, Paul à la pêche, Paul à Québec, Paul au parc, Paul dans le Nord. Pour l’instant j’espère.
– Le prof un peu « gourou » sur les bords et qui a marqué le protagoniste, je n’oserai formuler de rapprochement avec La Confusion des sentiments, de Zweig (bon, c’est quand même fait), mais plutôt avec le prof du Maître des illusions, de Donna Tartt (classique littéraire à mon sens).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet illustré en ligne ici.
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Cher Tigre, je n’aurais pas dit mieux!
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