Les lectures du Tigre, toujours aussi éclectiques, tendent naturellement vers le glauque et le sang. Alors l’essai de Sapanet sur son métier de légiste, c’est du pain béni. Écriture aisée, phrasé humain et compréhensible, ces chroniques se lisent très vite et avec plaisir.
De quoi parle Chroniques d’un médecin légiste, et comment ?
Michel Sapanet, qui es-tu ? Lorsqu’il a écrit cet essai, Michel (j’aime bien ce prénom) avait plus de 20 ans de métier dans la médecine légale. Directeur de l’institut ML du CHU de Poitiers (tout se passe pas loin de cette ville, c’est assez agréable), expert judiciaire, maître de conf’, bref le monsieur a une certaine légitimité à écrire un tel livre.
Cet essai, ce sont donc quelques anecdotes d’un travail exigeant et passionnant : ses « clients » ne se plaignent certes pas, mais l’activité du légiste est primordiale, il en va de la bonne marche de la société en général. Trouver des indices, confondre un meurtrier présumé, avoir quelque chose à dire à la famille, les possibilités de la médecine légale sont énormes.
L’exercice du métier est, toutefois, bien prosaïque et loin des fantasmes véhiculés par les médias (séries TV spécialement). C’est plus cru et souvent fait à base de « morceaux » d’êtres humains, avec des procédures très strictes à suivre, et Sapanet ne nous épargne très peu de détails. Certains passages peuvent être durs à lire pour des yeux un peu sensibles, le matériel principal est loin d’être sexy.
Heureusement que l’auteur écrit bien, et parvient à nous faire dévorer très vite son ouvrage avec une bonne dose d’humour (pince-sans-rire parfois) comme pour décompresser. C’est d’autant plus facile qu’au-delà ces chroniques, il y a des références culturelles (cinéma, musique) et quelques aventures (plongée, spéléo,…). A lire sans hésitations.
Ce que Le Tigre a retenu
34 chapitres, au moins 30 cas différents au moins. Pas évident de choisir. Néanmoins :
Chap.9 (L’X de Bressuire) : corps retrouvé, c’est parti pour l’analyse ! Un peu le b.a.–ba du métier, avec tous les détails sordides et mystères à découvrir. Quelles sont ces deux boules métalliques qui apparaissent sur la radio, comment extraire la balle, etc. ? En plus de ce travail, Sapanet assistera à la reconstitution, sous le regard de la famille de la victime.
Chap.21 (Carambolage) : à la suite d’un accident monstre (en 2005 il me semble) sur l’A10, notre héros est envoyé au turbin. Découpage des tôles pour extraire les corps ; pressions du proc’ parce qu’il y a un inspecteur d’académie dans le lot (énorme, alors que ce genre d’individus ne semble servir à rien !) ; organisation et logistique entre policiers, pompiers et services autoroutiers, bref une aventure humaine et technique de grande ampleur.
Chap.24 (L’enfant secoué) : histoire difficile, analyser un enfant en bas âge n’est jamais chose évidente. Le père est-il responsable de la mort en ayant secoué son bébé ou ce dernier est-il décédé pour une autre raison ? Quand le métier de légiste conditionne l’avenir d’un homme…
Et un dernier pour la route. Chap.31 (un drôle de bonhomme) : une personne souhaite se faire examiner pour obtenir du tribunal son changement de sexe. Notre médecin s’y colle, et procède aux vérifications d’usage. Deux ans après, Dominique est enfin considéré comme un homme. Tout ça pour dire que « médecine légale » ne veut pas forcément dire autopsies, et la loi donne au médecin de quoi également travailler sur le vivant. Autre exemple, un chapitre traite de l’arnaque à l’assurance, et le médecin est souvent tenu de vérifier les affections d’un assuré qui peut avoir beaucoup d’imagination.
…à rapprocher de :
– Dexter, bien sûr, sur les techniques d’un légiste. Bouquins ou série, à vous de voir.
– Les Orpailleurs, de Thierry Jonquet, fait également la part belle à l’autopsie.
– Michel S. est un peu à la médecine légale ce que Martine Monteil à la police : un acteur doué qui parle bien de son métier. L’humour en plus.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez le trouver sur Amazon ici.
J’ai adoré le premier bouquin de Sapanet, qui est devenu maintenant une vedette des médias !, et pas encore lu le second… J’ai particulièrement apprécié le mélange d’humour carabin qui montre le bon vivant, et de didactisme qui est une preuve de respect tant pour ses lecteurs que pour l’objet habituel de son étude…
(Je mets en lien ma chronique, si tu veux la lire, voire même la commenter !)
Au plaisir d’autres lectures noires…
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