VO : The Secret Service. Lorsqu’un agent secret de talent prend sous son aile son neveu issu des quartiers populaires, y’a moyen que ça étincelle dans les chaumières. Drôle et doté de nombreux clins d’œil sur l’univers fantasmé des espions, ça remplit son bon office. Un poil sage cependant pour le félin qui s’attendait à quelque chose d’un peu plus percutant.
Il était une fois…
Quant un éditeur souhaite faire simple et droit au but, ça donne à peu près ça :
« L’agent secret Jack London travaille sur l’affaire la plus passionnante de sa carrière. Mais en même temps, il s’occupe de son neveu Gary et le forme pour devenir le prochain James Bond. Ensemble, ils vont enquêter sur la disparition de nombreuses célébrités et découvrir une gigantesque conspiration ! »
Famille. 007. Complot. Voilà la sainte trilogie.
Critique de Kingsman : Services secrets
Difficile de traiter ce billet sans avoir les images de l’adaptation cinématographique en tête. Car, pour votre information, Mark Millar a ici été assisté de Matthew Vaughn, qui a revêtu la double casquette de scénariste et réalisateur. Je vais le dire de go : si le film m’a profondément ravi (cette esthétique de la violence, huuuum), le comics m’a à peine fait lever le sourcil droit. Je ne me suis pas emmerdé, loin de là, néanmoins je m’attendais à être plus soufflé par l’audace des auteurs.
Le scénar’ est plutôt novateur en dépit des nombreux emprunts à l’univers des espions. Ce qui met la puce à l’oreille du MI6 (et de son excellentissime agent Jack London) est le kidnapping de nombreuses stars, notamment Mark Hamill dont la libération se termine plutôt mal. Très vite, l’enquête mène à un riche jeune chef d’entreprise (accompagné d’un gros bras avec des jambes en fer) désireux d’aider, à sa façon, la planète polluée – en gros, dégager quelques milliards de personnes grâce à des ondes rendant les gens ultra agressifs. Parallèlement, Jack prend en charge le neveu délinquant et le fait progressivement passer de grossier banlieusard en une pépite d’efficacité au service de sa très gracieuse Majesté.
Tout se termine bien évidemment. Parlons du boulot de Dave Gibbons maintenant. Les illustrations ne m’ont guère enchanté, disons que c’est trop « propre » et sans vrai caractère – gentillet est le terme que je cherchais. Alors certes les personnages sont reconnaissables entre mille et les scènes d’action très bien rendues, mais le trait est désespérément net et les couleurs vives, ce qui tend à faire de Kingsman une bande dessinée qui ne se prend guère au sérieux. Et assume de livrer un divertissement efficace et brut, hommage à la littérature d’espionnage d’un certain genre.
Pour conclure, ces quelques chapitres m’ont paru trop bien paramétrés, une sorte de story-board pour blockbuster (ce que Kingsman est, en quelque sorte). Le résultat est un rythme d’une rare intensité qui a le mérite d’empêcher tout début d’ennui chez le lecteur avec quelques bonnes idées finement trouvées – une certaine théorie du « réchauffement climatique », les célébrités au premier plan, l’inquiétant jambe-couperet. Mais, à tout bien y réfléchir, on peut se contenter du film.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Comme je le disais, les références à l’imaginaire de l’agent secret sont légion, un vrai plaisir de connaisseur. Comme je ne sais pas m’organiser, en vrac : la scène d’ouverture digne d’un James Bond ; le méchant un peu précieux assisté d’un inquiétant auteur de basses œuvres ; les bons alcools et les non moins bonnes nanas à sauter ; le vilain qui commet gaffes sur gaffes ; les joujoux technologiques (aussi bien chez les protagonistes que les antagonistes) ; le monde entier en péril sauvé au dernier moment, etc…avec quelques notables différences, que ce soit la provenance du jeune Gary ou un des héros bouffant les pissenlits prématurément.
Étonnamment, j’ai trouvé les premiers dialogues entre Jack et Gary assez provoquant. Pour faire concis, London pourrit son neveu et lui reproche de s’apitoyer sur son sort et de gâcher sa vie, insultant copieusement au passage ses contemporains d’infortune. Le discours est de facto ignorant de l’environnement sociétal du jeune et de la manière dont de peut conditionner son avenir. La « provocation » ne s’arrête pas là puisque la populace est dépeinte comme abrutie par l’alcool, les pétards et la télévision – regardez comment Gary, sur la couverture, tient son flingue comme un rappeur de la côte Ouest.
Le fauve a donc eu une certaine difficulté à déterminer si l’auteur plaisantait ou non dans ces propos quasiment manichéens. Puis je me suis dit que la synthèse réussie de la classieuse attitude du noble espion et de l’explosivité du jeune à problèmes répondait à la question, surtout quand Jack London se plaît à garder les couvertures du Sun (parfait exemple de la presse de caniveau) des jours où il a sauvé le monde.
…à rapprocher de :
– Le Tigre signe les yeux fermés quand y’a Millar depuis que j’ai lu son Superman : Red Son. Magique.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.
Ping : Kingsman: The Secret Services
C`est fou comme les robots deviennent intelligents, arrivent meme a pondre des romans et des BD. A quand les bots lecteurs?
Un programme d’écriture de billet. Quelque chose qui me premache le boulot et ne me laisse que les ajustements. Le rêve.
D`apres un sondage américain, la quasi totalité des lecteurs réguliers de BD sont aussi accroc aux sites cul & bite… ce qui explique la crise de la BD coté qualité mais aussi celle des ventes. Quand on sait qu`en plus le virtuel nous guette au tournant avec l`O-cul-us de chez fesse-book… Encore un pti verre de gnole, l`ami?
Ping : Mark Millar – Superman Red Son | Quand Le Tigre Lit