VO : Joe the Barbarian. De la part de Grant Morrison au scénario, je m’attendais à quelque chose d’un peu mieux. Joe, amoindri par manque de sucres dans son organisme, va lutter dans un monde onirique pour s’en sortir. Certes c’est très beau, avec un dessin auquel il n’y a rien à redire, mais ça ne m’a pas plus transcendé que cela. Expérience unique quand même.
Il était une fois…
Le Tigre va copier-coller le quatrième de couverture dans la mesure où je n’aurais pu faire mieux. Pas par fainéantise, paaaas du tout. Jugez d’après la longueur du texte : « Joe est un jeune garçon diabétique qui vient de perdre son père. Il doit déménager sous peu de la maison qu’il occupait avec sa mère. Mais lors d’une crise d’hypoglycémie, Joe va se retrouver projeté dans un monde d’heroic fantasy et partir dans une quête intime et fantastique pour assurer sa survie. »
Critique de Joe, l’aventure intérieure
Grant Morrison est un grand auteur qui sait envoyer du rêve, dans L’aventure intérieure cela ne maque point même si Le Tigre a eu du mal à entrer dans le comics. Comme tout « futur classique », sans doute me faut-il le relire plusieurs fois pour apprécier ladite aventure.
Le scénario est intelligent et mérite qu’on s’y arrête : Joe vit avec sa mère dans une baraque que les huissiers sont prêts à lui retirer. Diabétique et ignorant les dangers de sa maladie, le jeune héros va se faire voler ses sucreries par une bande d’individus adeptes du « bullying ». Arrivé chez lui, il est aux prises avec un choc à cause du manque de sucre. Naviguant entre malaises successifs et délires, c’est une odyssée que le lecteur s’apprête à lire.
En effet, à partir de simples divagations d’un gosse, Morrison nous emmène dans un univers déjanté qui reprend intelligemment les canons de la fantasy : noms d’individus exotiques, missions et intrigues qui partent dans tous les sens. Mais à la seule différence qu’on sent poindre l’auto dérision dans certains termes (par exemple, la lâche fuite d’individus qui est invoquée en des mots fort précieux). Hélas, à trop verser dans ce genre, Morrison a plus qu’une fois ennuyé Le Tigre qui n’aime guère être baladé de combats en scènes de réflexion souvent indigestes.
Sur le dessin, il faut applaudir à deux mains Sean Murphy pour son travail quasi titanesque. Les personnages, mais surtout décors environnants sont parfaitement réalisés. Certaines cases prennent la place (un gros tiers de la planche) suffisante pour qu’on admire le travail. En sus, la fin de l’œuvre regorge de bonus sur le rendu de l’architecture (sublime) de la baraque du petit. Petite pensée pour le coloriste également qui a du sacrément en baver avec les illustrations encrées de Sean.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le voyage intérieur. Intérieur car tout ce qui arrive à Joe est le fruit de son imagination. L’univers pensé par l’enfant tourne autour de lui, puisqu’il est le fameux « Garçon Mourrant » qu’une prophétie a annoncé. A partir de là les protagonistes vont soit le respecter, le craindre ou vouloir le tuer pour la menace qu’il représente. Là où on se régale, c’est en cherchant les liens entre le monde réel et celui imaginé par le héros. Si son rat devient un fier guerrier bien balèze (facile à déduire), les ennemis ou les environnements variés dans le monde fantaisiste renvoient tous à des éléments de la maison de Joe. Un simple robinet non fermé devient une cascade gargantuesque, les figurines et autres jouets s’animent et prennent des proportions que seul un enfant peut se représenter.
La quête. Joe est à la recherche de sucres, à savoir boire un soda. Cet objectif prend une tournure épique pendant les hallucinations du gamin, car trouver une boisson nécessite d’allumer une lampe (et rendre au monde onirique sa lumière perdue) et d’autres « sous missions ». Là où j’ai été agréablement surpris, c’est lorsque Grant fait le lien entre l’aventure intérieure et celle extérieure, à savoir clarifier les liens que Joe entretenait avec son père décédé et faire en sorte que la famille monoparentale ne soit pas délogée. Sans spoiler, la fin apporte une réponse émouvante et finement imaginée : ce que voit l’enfant dans ses délires peut constituer de puissants indices pour affronter la réalité. Comme lorsqu’on rêve en fait.
…à rapprocher de :
– De Grant Morrison, Le Tigre a surtout lu ses reprises de Batman, et il y en a un joli paquet. En vrac : L’héritage maudit, Batman R.I.P ou Nouveaux masques.
– Grant M. est aussi à l’origine de Happy !, avec Darick Robertson aux pinceaux. Sans plus.
– De Sean Murphy, il y a American Vampire Legacy, que je me dois de résumer rapidement. Et t Punk Rock Jesus, qui est correct. Sans plus, à cause du dessin.
Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.
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