VO : JLA Earth 2. Dans un monde parallèle sévissent des superhéros qui sont de parfaits salauds. Un seul homme lutte contre ce syndicat du crime, et il n’en peut plus. En faisant appel à la Ligue de Justice, ce sont deux univers qui vont entrer dans une brutale collision. Dessin fort à-propos mais dénouement vaseux, ça ne figure pas parmi les favoris du Tigre.
Il était une fois…
L’éditeur a fait sobre et juste, Le Tigre aime : « Aux confins de l’univers existe une Terre en apparence semblable à la nôtre… En apparence, car en lieu et place de la Ligue de Justice y existent leurs doubles maléfiques, réunis en un Syndicat du Crime invincible. Seul héros de cette planète, Lex Luthor échappe à la vigilance du Syndicat et vient demander secours à la Ligue »
Critique de Justice League : L’autre Terre
Le félin n’est pas très porté sur la Ligue de Justice Américaine, j’en mate de temps à autre seulement parce qu’on est susceptible de retrouver le chevalier noir – le héros avec qui je reste le moins largué. En outre, des one shots comme ceux-ci sont parfaits pour s’aérer l’esprit avec des concepts plutôt novateurs.
La nouveauté de L’autre terre (façon de parler, il en était déjà question avec le multivers d’avant Infinite Crisis) est la lutte de nos héros habituels contre leurs homologues démoniaques : Owlman avec ses yeux de hiboux fait face à Batman ; le très puissant Ultraman vs. Superman ; Johnny Quick contre Flash ; la belle salope Superwoman (penchant de Wonderwoman) ; Power Ring, et d’autres menus ajustements (le commissaire Bruce Wayne est un pourri, tout comme le maire Gordon).
Dans cet univers dystopique se démène le brave Lex Luthor (seul gentil) qui va passer un de l’autre côté (après un test grandeur nature à l’aide d’un avion de ligne) pour quérir un peu d’aide. Le plan de nos amis est simple : enfermer leurs sombres alter-égos sur la lune pendant qu’on fait le ménage sur leur planète. Il s’ensuit de nombreuses péripéties permettant d’exploiter le potentiel de chacun. De la destruction totale de monuments en pleine guerre civile aux difficultés à « décorrompre » une ville, en passant par quelques cas de conscience (notamment Owlman qui retrouve la tombe de ses proches), il y en a de toutes les couleurs.
Les traits dessinatoires du bon Frank Quitely sont nets et réalistes malgré des ordonnancements de cases en apparence aléatoires – cela participe à l’impression d’être dans un monde différent où le cœur se situe à droite par exemple. De superbes tableaux raviront l’amateur, notamment la première page, fantastique vue depuis la lune qui a ce petit quelque chose de sombre et d’imposant comme un roman d’Alastair Reynolds.
Deux choses m’ont finalement fait chier dans ce roman. Déjà, l’éditeur annonce près de 150 pages alors que l’histoire ne fait qu’à peine 100 pages. Le reste n’est que croquis et blablas certes intéressants, mais ça donne l’impression de remplir les vides. En outre, je n’ai guère vu arriver (et peu compris) le fin mot de l’histoire. Sous la maxime Cui Bono (à qui cela profite), il apparaît que les allers-retours dans les univers peuvent être potentiellement catastrophiques, et le verdâtre Brainiac compte bien s’en servir. Dès que Brainiac débarque, ma compréhension du comics est toujours en danger.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’inversion des valeurs chez les superhéros a un ressort comique évident, on sent que Grant Morrison s’est largement fait plaisir. Au débotté, je pense à la bandante et malsaine Superwoman qui a dépassé le stade de femme fatale. La relation ambiguë avec Ultraman (avec qui elle refuse de coucher) et Owlman créent une sorte de relation à trois tout ce qu’il y a de plus naughty. Et que dire alors de l’équivalent de Flash qui s’injecte d’hallucinantes doses de drogue ? Comme si son cerveau avait besoin de suivre le corps, du coup le mecton n’arrête pas de jacter et de s’exciter (s’énerver plutôt) comme une vieille conne.
Les lois de l’autre terre font que quoiqu’il arrive, le mal doit toujours triompher. Nos héros s’en rendent douloureusement compte en tentant d’apporter un semblant d’ordre (les réflexes ne changent pas du jour au lendemain), de là à faire le rapprochement avec l’Oncle Sam imposant la démocratie ici et ailleurs il n’y a qu’un pas. C’est également pourquoi le combat de Luthor est aussi vain que solitaire, son personnage est fait pour perdre. Par extension, le lecteur serait en droit de penser que les supervilains mènent dans l’univers « normal » des comics une guerre perdue d’avance. L’équilibre veut que nos gentils l’emportent aussi sûrement qu’une version alternative de Lex Luthor se mange gamelles sur gamelles.
…à rapprocher de :
– Les deux compères ont publié un bijou resplendissant avec Superman-All-Star. L’alpha et l’oméga de Clark Kent en quelque somme.
– L’autre comics (pour l’instant) sur la LJA sur ce blog est Crise d’identité. Pas mal du tout, cette fois-ci nos héros font de la merde.
– De Morrison, en plus « confidentiel », le félin peut aisément vous parler de Joe, l’aventure intérieure (pas trop aimé) ou Happy ! (bizarre comme il faut).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.