VO : Raffuruzu Hoteru. Acheté presque au pifomètre (cf. infra), Le Tigre a été bien déçu sur ce coup ci. Malgré les indéniables qualités de rédaction de l’écrivain, je n’ai su terminer ce roman (il restait à peine 50 pages). Histoire de trois personnes qui se télescopent dans le très connu hôtel singapourien, des passages à peine compréhensibles ont eu raison de ma patience.
Il était une fois…
Raffles Hotel conte les pérégrinations de trois individus : Toshimichi, ancien photographe de guerre nippon traumatisé par son expérience au Vietnam, se fait contacter par Moeko, star toute en excentricité au comportement décalé. Cette dernière le cherchera à Singapour, aidée par son guide touristique (Takeo) sur place. Les protagonistes, entre rencontres et réflexions personnelles, vont dresser le portrait d’une génération qui m’avait semblé légèrement paumée sur les bords.
Critique de Raffles Hotel
Pourquoi acquérir un ouvrage dont je supputais que celui-ci ne serait guère fini ? Toute une histoire… D’une part, j’avais à l’époque confondu Ryu avec Haruki. Fatalitas ! Les deux auteurs japonais ont des styles différents, et celui de Ryu peut sembler bien âpre à côté de celui de son concitoyen. D’autre part, le Raffles, c’est un endroit de qualité où j’aimais (lorsque mes finances le permettaient) prendre un verre de temps à autre lors de mon long séjour à Singapour. Double raison de lire l’ouvrage alors.
Cependant Le Tigre a vite défeulé. L’historie Histoire porte sur quelques personnes (dont une très bizarre) qui se côtoient dans une sorte de comédie humaine douçâtre. Chaque chapitre alterne entre les points de vue des protagonistes, exercice intéressant (cf. premier thème) mais qui m’a paru ici d’un ennui insupportable. Pourtant, ces 200 pages auraient pu se lire facilement, hélas ce n’est sans compter l’héroïne (car finalement tout tourne autour d’elle) Moeko (Honman de son petit nom) qui salope le style de Murakami.
Personne profondément dérangée et à la limite de la folie, la jolie femme a une façon de penser plutôt déroutante. Alors certes l’écrivain a parfaitement rendu les digressions et délires égotiques d’une diva perchée dans son univers de paillettes, mais à la longue ça épuise le cerveau à force de suivre les méandres illogiques de ses pensées. Certains aimeront, Le Tigre n’a pas été assez patient pour supporter cela très longtemps.
Pour conclure, vous pourrez passer à côté de ce titre. Première expérience du Tigre, qui comme vous le savez est une race de lecteur particulier : j’ai acquis d’autres titres de cet écrivain pour savoir ce qu’il en retourne (cf. dernière partie), et suis tombé sur de très sympathiques pépites.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La multinarration. Les chapitres, assez denses (les sauts de pages y sont rares), suivent un cheminement chronologique bienvenu. A l’instar d’un William Faulkner (me souviens plus précisément de son ouvrage), nous restons sur la même scénario mais conté par un narrateur différent. Le style est alors changeant, à ce titre remercions l’auteur de s’être cantonné à trois personnages, et pas plus. Moyen adéquat pour mieux saisir les comportements de chacun, en outre le lecteur aura un niveau d’omniscience suffisamment satisfaisant pour appréhender les problématiques de chacun (et surtout comment certains se prennent la tête pour rien).
L’imaginaire contre la réalité. Il appert que nos trois héros ne semblent pas très en phase avec le monde environnant : un reste profondément choqué de son expérience au Viet-Nam ; l’autre développe et entretient un complexe d’infériorité eu égard son milieu modeste d’origine (et ne se focalise que là-dessus) ; quant à l’actrice, elle tient une sévère couche avec son comportement « lunaire » (pas lunatique, hein). Elle ne tient que rarement compte des problèmes des autres, empêtrée dans ses pensées papillonnantes. Aussi n’est-elle pas sans rappeler d’autres romans de Murakami Ryū où les héros déblatèrent à tout va sans vraiment écouter leurs prochains (notamment la bande de garçons dans les Chansons populaires de l’ère Showa).
…à rapprocher de :
– Un film aurait été tiré de ce roman. Jamais vu toutefois.
– De Murakami Ryū, il y a le fort troublant Bleu presque transparent ou le désopilant Chansons populaires de l’ère Showa.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
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