VO : idem. Neverwhere occupe une place particulière dans la biblio de Neil. Film imaginé par l’auteur, tiré ensuite en livre par Gaiman lui-même, on est loin de la fantasy hilarante et délirante à laquelle on peut être habitué. Bien plus glauque, cette visite dans les bas fonds de Londres laissera le sombre souvenir d’un monde certes onirique, mais dur. Pas le préféré du Tigre.
Il était une fois…
Richard est un londonien tout ce qu’il y a de plus banal. Jusqu’à un soir où il tente de secourir une jeune femme ensanglantée. Le lendemain, tout part en quenouille : sa petite amie le quitte, il est viré de son boulot et devient comme invisible. En fait Richard va rejoindre la « ville d’En Bas », monde souterrain et surprenant où les dangers sont légion.
Critique de Neverwhere
J’ai lu Neverwhere vers 2008, soit une dizaine d’années après sa traduction en français. Les souvenirs que j’ai gardés de cet ouvrage sont certes peu nombreux, mais suffisants pour pondre une critique un tant soit peu subjective.
Le Tigre a donc souvenir d’un ouvrage relativement court, aux chapitres un peu longs et parfois paradoxaux : quelques passages d’une rare beauté (la poésie étant quasiment chez Gaiman une marque de fabrique), d’autres à la limite de l’ennuyeux. Je tiens à signaler que le fantastique n’est pas ma tasse de thé, et Neverwhere nous y plonge jusqu’au cou.
Sous couvert d’une rencontre hasardeuse avec un membre d’un monde inconnu, Gaiman va envoyer son héros dans un univers qualifié d’ « urban fantasy ». Cet endroit onirique délirant permet à l’auteur de peindre un environnement très spécial : fortement hiérarchisé, à la limite du féodal (avec à la tête des rats…) puisqu’en plus les endroits (souvent sales) et l’architecture sont d’ordre gothiques.
Bref, c’est un retour au Londres du 19ème siècle, violent à souhait avec des individus improbables (la femme qui aspire l’élan vital en embrassant est bien trouvée) et un héros au bon cœur qui n’a hélas pas grand chose à y faire, si ce n’est subir les différentes péripéties avant de sauver tout le monde.
Pas vraiment le genre du Tigre (d’où la sévère notation), qui à ce genre de thèmes préfère la SF. Toutefois Gaiman vaut bien quelques entorses à mes lectures habituelles.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le conte moderne. Urban fantasy, histoire fantastique plutôt courte, Neverwhere est un titre très original. Voyage au pays des Morlocks d’aujourd’hui, avec des pouvoirs surnaturels dignes d’un Grimm, Gaiman a réussi le pari de l’enchantement adulte, même si avoir moins de 30 ans semble conseillé pour apprécier ce roman.
De temps à autre, le conte ne paraît pas tant moderne que ça en fait : il y a parfois une impression de « déjà lu » qui s’invite au cours de la lecture, avec des protagonistes bien imaginés mais répondant à certains standards culturels (voire tirés d’histoires anciennes). Par exemple avec les deux tueurs aux dialogues savoureux qui m’ont fait penser aux vilains du film Les diamants sont éternels, un 007 avec Sean Connery. On a les références qu’on mérite.
Le monde d’En Bas. Gaiman propose de visiter un monde « underground » inquiétant, mais c’est la manière dont notre monde et celui-ci ne communiquent pas qui m’a frappé. En effet Richard, sur le point de basculer dans l’autre Londres, disparaît progressivement des radars de ses contemporains. Notamment lors d’une soirée au cours de laquelle tous semblent l’ignorer, et il doit provoquer un esclandre pour qu’on daigne le remarquer. Ce qui a comme résultat un rejet encore plus grand, comme un sans abris qui serait laissé sur le côté du monde des « vivants ».
…à rapprocher de :
– De Gaiman, avec la poésie qui sied, Le Tigre a préféré toutes les BD de Sandman : ici, là, ou encore par là, bref partout sur ce blog !
– En roman, du même auteur, il y a les incontournables Anansi Boys ou American Gods.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
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