Lorsqu’un ancien Président de la République publie un roman « vérité » sur son parcours, son expérience au pouvoir et sa vision pour la France, il est d’usage que la populace lise avec religiosité un ouvrage dont la finalité semble autant être un mea culpa sur certains égarements d’antan qu’une invitation à renouveler une expérience politique qui se veut nécessaire en raison de l’état du pays [putain, j’ai réussi à faire une intro monophrasée]
De quoi parle La France pour la vie, et comment ?
Avant d’attaquer le morcif du vil Sarko, le félin doit faire preuve d’honnêteté : je n’ai PAS acheté cette chose qui traînait dans mon lieu de vacances, jamais l’idée m’aurait traversée l’esprit de lire un tel essai alors que tant de chouettes romans se baladent dans la nature. Pas en raison de son auteur, plutôt une saine aversion pour le politicien qui publie une énième bouse pour tenter de remonter dans le manège du pouvoir dont il ne semble pas assez avoir profité.
Inutile de vous présenter l’essayiste, ancien magistrat suprême de notre belle République et candidat malheureux à sa réélection. Publié au début de l’an de grâce 2016, plus d’un an avant une élection où il compte bien se (re)présenter, La France pour la vie a tout l’air de vouloir remplir deux-trois objectifs. D’abord, raconter, à sa sauce, l’inoubliable expérience en tant que responsable de l’Héxagone, tout en donnant sa vision quant à certains couacs de sa mandature (le Fouquet’s, le yacht d’un magnat breton, un très spontané casse-toi pauvre con). Ensuite, déplorer la situation actuelle de notre belle nation qui mérite tellement mieux. Enfin, ce qu’il convient de mener comme actions afin que la France ne soit plus à la ramasse (ne pas saupoudrer les actions, l’importance du travail, etc.).
Passons à l’aspect littéraire de cet essai. Hum. Soit. Les phrases sont sèches, le ton empathique et on retrouve la rhétorique propre de l’homme politique qui pose lui-même les questions afin d’y répondre avec une confondante franchise. La structure du bouquin est solide en apparence, les chapitres obéissent à une logique chronologique très accessible. Toutefois, dès la moitié de l’œuvre (disons vers le chapitre sur la culture), les dires de Nicolas prennent davantage la forme d’un fourre-tout thématique sans architecture cohérente – surtout qu’aucun récapitulatif ni conclusion n’est à l’ordre du jour. Ce que j’en pense ? Au-delà d’une lecture aisée et fluide, le félin n’a pas eu le même frisson qu’en lisant un roman, voire un vrai essai politique. Je soupçonne l’auteur de ne pas avoir eu recours à un nègre, c’est dire.
En effet, le fauve n’a pris aucun plaisir à lire cette purge où l’humour est absent et la solennité poussive. Sachez que je ne suis ni de droite, ni de gauche et n’adhère à aucune doctrine politique en général – il n’y a que les moules qui adhèrent. Il faut reconnaître une naïveté et une honnêteté relativement crédibles (presque touchantes) qui donnent envie de croire aux écrits de l’auteur. Hélas, chaque page me rappelait être en présence d’un programme politique un peu fadasse, du genre qui encombre nos boîtes aux lettres avant chaque élection.
Ce que Le Tigre a retenu
Même si l’Ex se fait certainement mousser, il faut lui reconnaître quelques réussites ici et là dans la conduite du pays. Notamment pendant la crise géorgienne où il a pris ses couilles à deux mains pour filer vers la Russie afin de calmer ce chaud lapin de Poutine. Certains peuvent estimer qu’il a souvent brassé de l’air ou court-circuité ses partenaires européens dans la conduite de certaines affaires internationales, néanmoins il était le seul à réagir aussi vite – quant au bien-fondé de ses décisions, c’est une autre histoire. En revanche, ses positions européennes…pffffuiii
Deuxièmement, Sarkoléon se justifie plus souvent qu’à son tour sur le pourquoi du comment il n’a pu mener à bien son glorieux projet. La responsable number one ? La crise de 2008, cette petite salope inattendue qui l’a contraint à prendre de difficiles décisions (à l’encontre de ce les autres gouvernements faisaient alors). Ainsi, le Président a cru que les réformes qu’il jugeait « inférieures » (le mariage pour tous par exemple) n’étaient pas opportunes car incomprises des Français en ces temps troubles. C’est con, les crises. Généralement, ça empêche de tenir ses promesses. Citez-moi un mandat qui n’a pas connu des déconvenues externes (terrorisme, hausse du pétrole, etc.).
Troisièmement, le naturel revient vite au galop chez cet animal politique. Y’a des mots qui pointent rapidement le bout de leur nez et ne sont pas sans rappeler les envolées lyriques d’autrefois. Celles de la campagne présidentielle de 2012. La vilaine bien-pensance, la nécessité de l’autorité, voilà la base d’un champ lexical qui tend à faire de Nico un homme providentiel. Lequel, du haut de son expérience, aurait acquis la liberté d’esprit et le détachement nécessaire en vue d’entamer un mandat d’une rare sérénité. Le mec posé, en somme. Mais qui n’ose pas encore annoncer la couleur – à peine quelques considérations basiques sur l’éducation, le travail, l’autorité et la place de la France dans le monde, pour un mash-up d’idées vides de sens.
En fait, tout est dans le titre. La France POUR LA VIE. Pour sa vie. C’est ça qui m’a fait tilter. Sans pression, le gars lie son destin à celui de mon pays. Il ne supporte pas de voir son pays s’enfoncer dans la médiocrité (il y a contribué, mais paraît l’ignorer). Il n’a visiblement pas digéré d’être évincé du pouvoir. Et quelque chose se consume en lui, il ne saurait pas rester les bras croisés alors que le sursaut ne peut venir que de sa personne (les autres sont soit trop jeunes, soit épuisés ou ayant achevé de démontrer leur incompétence). Nicolas S. doit absolument reprendre les rênes du pouvoir, et c’est à contre cœur qu’il présente ce constat – il parvient presque à nous convaincre. Admirez l’égo. Celui d’Antigone est de la pisse de chat à côté. On touche au domaine médical.
Je ne vous ai pas parlé de ce que l’essayiste bafouille quant aux casseroles judiciaires qui lui collent aux fesses ? Parce que ça m’horripile. A part l’affaire Clearstream ou Bettencourt à la rigueur, le reste sent salement le pipeau.
…à rapprocher de :
Rien. A part ce petit billet en lien que je devrais mettre à jour.
Les deux premières lignes de ton texte m’ont rassuré… 🙂
Deux heures ? C’est la durée moyenne des visites sur MOVLW.
« Sachez que je ne suis ni de droite, ni de gauche et n’adhère à aucune doctrine politique en général – il n’y a que les moules qui adhèrent. » Et les autres se font balancer au gré des vagues. Tu bluff tigre, on sait que t’as un poster de Thatcher dans ta cage.
En tout cas ravi de voir que tu as perdu une heure de ta vie en lisant cette bouse. Je savais déjà que tu faisais dans le blogging-business, mais là tu bats tous les records, tu as plongé dans Sarko. Quand même.
Sinon ta première phrase est sympa. Le reste, on savait déjà.
Il m’a fait perdre deux heures. Pas de raison que je laisse passer ça. Ce billet tombera vite dans l’oubli de toute façon. Tu connais ça, non ?