VO : カフェRelishにおいで. Une bande dessinée nippone vaguement érotique mettant en scène un très jeune homme en prise à de violents sentiments, chouette. Narration hasardeuse et parfois imbitable, illustrations passables, nettement moins bien. Malgré quelques fulgurances visuelles (je ne parle pas que des scènes de cul), ce tome est à éviter.
Il était une fois…
Yasutomo Inui, lycéen, aide son frère Takeshi dans un restaurant en tant que serveur. Car le petit commerce du frangin est dans le rouge, limite s’il envisage de vendre son rein droit pour calmer les créanciers. Heureusement, un miracle se produit : Kyôsuke, ancien « hôte » (serveur de luxe qui n’hésite pas à satisfaire sexuellement les clientes) dans un hôtel, propose ses services pour relancer l’affaire. A savoir créer de superbes costumes portés par de non moins superbes mecs histoire d’affoler la clientèle. Y’a pas que cette dernière qui est troublée d’ailleurs…
Critique de Café Gourmand
Puisque je vous disais que je lis de tout. Même du Yaoi, genre de mangas qui se caractérise par une intense relation entre deux hommes, à la limite du correct dégueulis de dialogues entre deux pétasses à peine pubères. Sans les deux scènes de cul assez soft (vers la fin) puisque le zizi des protagonistes est à peine esquissé, Café Gourmand aurait été classé, selon les commentateurs les plus aguerris, dans le genre du shonen-ai – c’est-à-dire où le baiser constitue l’acmé de l’ouvrage.
La relation entre les deux personnages est rapidement instaurée avec le rapport, assez classique, seme/uke. Le seme (dominant) est l’expérimenté Kyôsuke (accompagné d’un ami, un ex?) débarque également dans le restaurant où exerce le jeune uke. Lequel ne sait plus à quel saint se vouer tellement c’est la pagaille dans son cerveau – entre répulsion naturelle et attirance progressive. En outre, le frère de Yasumoto voit d’un très mauvais œil ce qui se trame et fera de son mieux pour repousser les avances de Kyôsuke. Ce personnage est assez profond avec un certaine tristesse et solitude qui intrigue – issu d’une richissime famille, on sent néanmoins le rejet par le papa.
Passons maintenant à ce qui m’a surpris, sinon ennuyé. Déjà, si le fil narratif est globalement compréhensible (surprise / questionnement / pipe / colère / abandon / retrouvailles / pénétration / épanouissement), j’ai été plus d’une fois totalement largué par des transitions cavalières. Chaque chapitre commence par un court topo, toutefois d’une page à l’autre le félin s’est demandé si l’auteur n’avait pas oublié une planche tellement le rapport avec ce qui précède me semblait inexistant. Ensuite, les illustrations font parfois place à quelques délires stylistiques à la City Hunter, à savoir les personnages caricaturés à l’extrême et qui salopent le sérieux de l’histoire. Peut-être est-ce pour dédramatiser l’intrigue. Heureusement que les visages des protagonistes restent bien esquissés, on sent Noboru Takatsuki plutôt soucieux de les dépeindre sous toutes les coutures et rendre compte des sentiments qui les habitent.
Le Tigre craint de ne pas être le cœur de cible d’un tel manga qui aurait mieux sa place entre les mains tremblotantes d’un lectorat plus jeune prêt à vite s’émoustiller, Et, pourquoi pas, de découvrir une autre sexualité avec un garçon certes plus âge mais aux traits féminins et à l’amour d’une pureté qui n’a d’égal que la perfection de son corps imberbe – merde, veuillez me laisser terminer sur une note poétique.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Amusant comme ce manga peut être considéré comme transgressif. Imaginez un presque lycéen (je n’imagine guère Yasumoto majeur) se faire ouvertement draguer par un homme. Qui se fait traiter de pervers par le même jeune qui jouira plus tard dans la bouche de son mentor. Un amour interdit qui prend forme au fil des pages, avec ce que ça comporte comme péripéties incroyablement naïves – les pensées du jeune premier sont dignes des états d’âmes d’une collégienne qui ne sait pas si elle doit ou non offrir son cul au beau gosse de son établissement scolaire. Le lecteur aura donc à subir les différents moments d’une histoire naissante, avec les touchants (vraiment) passages à vide où tout espoir semble perdu – je peux saisir comment la scène dans le parc peut être émouvante.
De façon fort accessoire, il est également question d’art vestimentaire au service du renouveau d’un restaurant. Sans oublier la concurrence qui, dans la même rue, fait potentiellement rage. L’idée de Kyôsuke d’habiller les serveurs en cosplay est loin d’être conne, même s’il est arrivé au Tigre de vulgairement pouffer en voyant certains thèmes de déguisement : pour l’ouverture du nouveau concept, les premiers costumes sont ceux d’officiers du Second Empire Allemand. Deux Japonais en livrée impériale teutonne avec croix de guerre vous accueillant, avouez que c’est tellement sexe… Sinon, les étapes de confection sont finement décrites, que ce soient les esquisses ou les ateliers couture (où le héros excelle) en passant par les visites chez les tactiles tailleurs.
…à rapprocher de :
– J’ai d’autres titres de ce calibre (hu hu) qui attendent dans ma bibliothèque :
– Close to me de Piyoko Chitose – pas mon genre encore.
– Junjo Romantica de Shungiku Nakamura (pas réussi à dépasser la 30ème page punaise).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette cututerie en ligne ici.
Ping : Shungiku Nakamura – Junjo Romantica, Tome 1 | Quand Le Tigre Lit
Ping : Piyoko Chitose – Close to me | Quand Le Tigre Lit
J’en reste bouche bée et ne pipe mot.
À quand un bon Ken (le survivant pas l’autre bastringue)
Quel dévouement félin tout de même, il fait un sens certain du sacrifice mental pour se fader du Yaoi :p
D’ailleurs, il faut que je mette à jour mon assurance pour porter à leur connaissance ce genre d’activités hautement risquées…
Attention à la surcote, c’est du lourd là 😉