Dans les belles demeures de la bourgeoisie trône souvent un piano. Objet vieillot qu’il faut de temps à autre réparer. C’est là qu’intervient un accordeur, personnage au membre viril démesuré qui ne laisse indifférent la gente féminine locale. Le reste, l’affiche vous laisse le deviner aisément. Un pur plaisir de rigolade, plus que de l’érotisme, pourquoi s’en priver ?
Il était une fois…
Y’a rien à rajouter ni à retirer de la présentation de l’éditeur :
« Mariano est accordeur de piano. C’est un garçon sérieux, qui cherche à faire au mieux son travail. Malheureusement, il se trouve toujours une maîtresse de maison ou une nymphette délurée pour le détourner du clavier. Mariano est entraîné malgré lui dans des coucheries effrénées et cocasses qui lui font quitter les lieux dans la précipitation… sans avoir fini d’accorder. »
Critique du premier tome de L’accordeur
Ha ha. Belle découverte que ce tome, plein de promesses, de l’argentin Ignacio Noé. Voilà un artiste que je devine rigolard derrière ses crayons bien affutés, le mecton sans prise de tête qui, avec une lubie facilement déclinable, laisse libre cours à sa scripturale libido. Avec sa bonne dizaine d’histoires en mode déconne et relativement variées, il y en aura pour tous les goûts.
Cet ouvrage repose sur un running gag dont Le Tigre ne s’est jamais lassé : Mariano a beau être consciencieux (talentueux même), continuant le métier de son daron, toutefois il ne parvient pas à accorder convenablement un piano. En fait, on ne lui en laisse jamais le temps, ses clients s’arrangeant pour vider ses bourses. Soit la maîtresse de maison est chaude comme une baraque à frites (ou froide genre omelette norvégienne qui explose) ; soit dans un environnement peu avenant (par exemple chez un ponte de la pègre) traîne, jamais bien loin de l’objet de son métier, une poulette assez open.
Quant aux dessins, encore des grosses barres. Le héros n’est pas franchement beau, et que dire des protagonistes féminines ? Leur plastique reste irréprochable, toutefois leur minois accuse quelque chose de brutal, sinon masculin – faut dire qu’elles ne se comportent guère comme des midinettes effarouchées. Et puis leur nez rosacé, y’a comme un truc qui dérange et donne l’impression d’avoir affaire à des poupées vicieuses plutôt qu’à des êtres de chair. Concernant les décors, ceux-ci restent classiques mais efficaces, et participent à une immersion aux relents presque fantastiques – les positions sexuelles fantaisistes et les couleurs vivaces aidant.
Bref, y’a peu de choses à déplorer dans L’accordeur. Attention toutefois : l’auteur dépasse l’érotisme (voire le porno) vers une œuvre plus libre et décomplexée. Aussi le potentiel bandant est moindre que dans d’autres textes coquins, ne vous attendez pas à avoir une gaule de tous les diables – pour tout vous dire, le vît tigresque n’a à peine gonflé que de 24 pourcents (au jugé hein).
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Comme je le disais, notre ami accorde autant les pianos que je danse du charleston dans les maisons de retraite chaque mercredi soir. C’est à se demander comment il gagne sa vie. Les merdes (façon de parler dans la mesure où il baise à couilles rabattues dans des positions aussi diverses que variées) qui lui tombent dessus ne sont pas de son fait. On a quasiment affaire à un homme-objet (à quelques exceptions près), voire une victime. C’est là toute l’intelligence de Noé qui met en scène des femmes qui, outre leurs idées bien arrêtées, prennent les choses en main pour faire tourner en bourrique le héros. Délicieux.
Le félin termine par une remarque qu’il ne fait guère souvent : il s’agit d’une bande dessinée sacrément bruyante. Sploch, slurp, splatch & Co sont au-rendez-vous. Les filles ne sucent pas, elles lèchent avec avidité. La bite ne s’insère pas dans un vagin discrètement, il y a des sons mouillés qui se mêlent aux claquements des chairs. Les partenaires ne gémissent point en se vouvoyant, ça crie fort à renforts de points d’exclamation. De l’humain, en somme. Si vous rajoutez des cases assez erratiques, entre gros plans bien gras et tableaux de pure beauté, le constat suivant s’impose : Noé s’amuse et régale son lecteur.
…à rapprocher de :
– Y’a un deuxième tome. Si. Et celui-ci est génial (lien). Sinon, le meilleur de cet auteur me semble bien être Exposition. Carrément.
– Dans l’esprit sexe jubilatoire assez marrant, je ne peux m’empêcher de penser à Chambre 121, de Boccère – même topo, sauf que l’employé est payé entre autre pour ça.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD en ligne ici.
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