Pendant une bonne vingtaine d’années, les aventures d’une certaine Julie (devenue Julia) ici regroupées en unique tome ! D’une ingénue désireuse de sortir de sa cambrousse à une péripatéticienne de luxe (et de talent) usant et abusant de ses charmes aux quatre coins du monde, voici l’histoire d’une femme qui ne craint pas pour son cul. Marrant mais dispensable.
Il était une fois…
Julia en a marre de traiter vaches et cochons dans sa campagne qu’elle abhorre. La belle paysanne bien en chair décide donc de quitter sa campagne et monte à la capitale histoire de voir si l’herbe n’est pas plus verte à Paris. Non seulement l’herbe y est plus verdoyante, et ce grâce à ses atouts qu’elle utilisera sans vergogne…
Critique de Julia
L’éditeur Dynamite a bien voulu envoyer à votre serviteur l’intégrale des aventures de Julia, qu’un certain Olson a publié dans l’International Presse Magazine depuis le milieu des années 80. Le résultat, à savoir une demie douzaine de chapitres, aurait pu se laisser relativement bien lire… sauf que les pérégrinations de Julia ne sont, à mon humble avis, pas faites pour être parcourues aussi vite. Et oui, Julia est destiné à être picorée comme une petite paire de Mon Chéri lors de grandes occasions – sinon c’est la crise de foie.
Rien que les illustrations provoquent un certain écœurement dont il est difficile de se départir. Le noir et blanc, que l’on retrouve souvent dans l’univers de la bande dessinée, est décidément classique dans le X le plus libéré…ici, la pornographie est franchement assumée, que ce soient la préparation de l’héroïne (rasage de fouf’, suçage en règle) et ses performances autant que les partenaires qui, à plusieurs (punition = gangbang), font montre d’un entrain qui dépasse les cases sensées délimiter le terrain de la narration. Car tout semble excessif chez Olson, les personnages (surtout certaines parties de leur anatomie) débordent du cadre de la bienséance même visuelle.
La bienséance voudrait aussi qu’une jeune fille venant de la campagne prenne sa vie en main. Au lieu de ça, l’opulente Julia se laisse entraîner dans des expériences sexuelles aussi jouissives que dégradantes. Repérée puis embauchée par un certain « Major », l’héroïne se fera ramoner le fion plus d’une fois par son nouvel employeur (dont la lieutenante, Barbara, prend en charge les opérations) pour se transformer en une pute de luxe capable de charger un max les clients. Du yacht du Major à Venise, en passant par des sous-sols remplis d’hommes libidineux, Julia vendra son corps de déesse à des inconnus prêts à payer très très cher.
En conclusion, voilà une BD dont le maître mot reste l’excès : les seins sont lourds, les bites sont exagérément gonflées d’un plaisir inextinguible, les désirs des protagonistes paraissent inarrêtables, bref l’idée de la grosse salope qui en veut est développée à un niveau aussi crédible qu’un homme politique vous annonçant qu’il va baisser vos impôts. Ainsi, soit Julia vous fait doucement sourire, soit grimacer avec ce petit quelque chose qui met mal à l’aise. Au-delà des péripéties assez obscures et dont la logique a parfois échappé au félin, découvrir la prochaine scène « hard » est la seule chose censée à espérer d’Olson.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le sujet premier est celui de la pute de luxe qui paraît concilier plaisir et boulot. Certes Julia ne pensait pas quitter sa ferme pour se faire triturer le clitoris à ce point (et le trou de balle, entre autre), toutefois Olson dépeint notre héroïne comme une femme qui, progressivement, prend un sacré panard à exercer son activité. Outre les beaux endroits visités et l’argent facile (même si cela prend un certain temps), Julia paraît accepter les menus désagréments d’un métier aussi exigeant que demandeur. Sans compter que le dessin, à chaque chapitre plus léché, promet davantage et accompagne des aventures plus coquines.
[second point de vue] Pour être franc, cet illustré peut être également analysé comme un condensé de vilenies machistes (et, dans une certaine mesure, sadomasochistes) où le consentement féminin est aussi bienvenu qu’une tranche de jambon dans une synagogue. Plus d’une page est glauquissime (les punitions de Julia ou ses congénères ne sont guère enviables), et comme par magie la douleur fait rapidement place au plaisir coupable, à un sentiment libérateur qui a tout de l’orgasme de l’absolution. De temps à autre la Julia tentera de s’échapper, et toujours au bercail rentrera. Car cette dernière finit par réellement aimer ça – du moins ça semble le cas -, le lecteur croyant honnêtement que notre amie, en plus de l’avoir bien méritée, apprécie cette dure (dans tous les sens du terme) leçon de plaisir.
La morale de ces différentes épreuves, quoique puante (viol, agression voulue, plaisir immense, bref j’en veux encore), ne doit pas faire oublier qu’il s’agit de fiction où les fantasmes les plus inavouables (et donc peu réalistes) sont présentés avec la bonhommie qui sied à une BD érotique.
…à rapprocher de :
– De cet auteur, le félin a également parcouru Mi-anges, Mi-démons. Assez sale et brouillon, mais non sans un certain succès.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD en ligne ici.
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