VO : Ender’s Game. Le Cycle d’Ender, tome 1. Un passage obligé, même si on n’est pas forcément porté sur la SF. Car l’histoire du jeune Andrew qui se retrouve au milieu de quelque chose qui le dépasse est rapidement addictive. Stratégie militaire, manipulations pour créer une race de super-généraux, c’est clair et plus qu’abordable.
Il était une fois…
Il y a déjà cinquante que la Terre a réussi une grande bataille contre les doryphores, espèce E.T. animée par l’esprit de ruche. Hélas une nouvelle invasion semble bien se préparer. C’est pourquoi la famille Wiggin est autorisée, exceptionnellement, à concevoir un troisième enfant. Andrew. Ender sera son nom usuel, car c’est le dernier espoir de l’Humanité : son intelligence et sa vivacité (il est issu d’une belle famille) sont amenées à être utilisées pour en faire un grand Stratège. D’où, à six piges, son entrée dans une école de guerre sur une base orbitale. Que l’apprentissage commence !
Critique de La Stratégie Ender
Nous avons avec la Stratégie Ender la meilleure entrée en matière de dont est capable le père Scott Card, personnage aux croyances très mormones et aux titres empreints d’une certaine humanité à l’image d’un Robert Charles Wilson. Parfois violent, souvent touchant, mais toujours d’actualité avec par exemple les « blogs » de Valentine et Peter Wiggin. Et à l’instar d’un Bordage et son Wang, on est en présence la SF militaire extrêmement crédible.
L’histoire fait froid dans le dos, comme l’environnement spatial dans lequel se trouve notre très jeune héros. Ender, c’est l’intelligence brute qui est trop rapidement mobilisée, le petit dont on attend énormément, à savoir devenir un stratège apte à lutter contre une civilisation dont on ignore tout au final. Et pour cela, le colonel Graff (directeur de l’école de guerre) fait tout pour faire de ses élèves la crème de la crème. Quitte à les pousser à bout pour éveiller chez eux la grosse étincelle qui fera d’eux de savants guerrier.
Et c’est notamment l’aspect pédagogique (donc humain) qui est terriblement bien traité. Sur moins de 400 pages (l’auteur aurait pu faire bien plus long), le lecteur rosira de plaisir face aux pérégrinations d’Ender qui mène son petit bout de chemin au sein d’une institution implacablement retorse. Rien n’est laissé au hasard (ou presque), le protagoniste est utilisé telle une marionnette pendant que son frère et sa sœur manipulent l’opinion publique pour le bien commun.
L’immersion de Scott Card est prodigieuse, Le Tigre s’est régalé à suivre les tactiques mises en œuvre par Andrew pour mériter ses bonnes notes, car si on attend beaucoup de lui, ce sont sur ses exploits militaires simulés qu’il sera jugé. Les menues « batailles » en apesanteur zéro où deux équipes de 40 soldats s’affrontent sont superbes, et très vite tout s’emballe. Jusqu’à une fin qui m’a correctement scié, disons que l’effroi s’est mêlé à l’admiration.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La guerre totale. Guerre complète contre les doryphores qui semblent fermement décidés à exterminer l’espèce humaine avant tout, et les autorités terriennes unifiées déploient tout ce qui est possible pour lutter. Conflit complet en ce qui concerne Ender qui se doit d’apprendre le plus possible en un minimum de temps. Avec ses camarades certains sentiments (l’amitié, l’amour aussi avec la belle Petra) seront mis de côté pour se faire enseigner le noble art de la guerre. Le vrai stratège est froid et sans pitiés, même avant l’âge de raison il faut en faire une machine intellectuelle à l’image des vilains ennemis.
[Thème SPOIL attention]. La pédagogie manipulatrice. Pourquoi la « stratégie Ender » ? C’est là le plus beau du roman. Mister Graff, figure tutélaire omniprésente de l’école de guerre, a préparé aux petits oignons le parcours de ses chers protégés. Et qui aime bien châtie bien, c’est pour la bonne cause. La cerise sur le gâteau de cette stratégie est de faire croire à Ender qu’il s’exerce toujours alors qu’il commande les troupes humaines prêtes à exterminer les doryphores. Il est alors compréhensible qu’Andrew Wiggin, auteur du premier xénocide (sujet du prochain roman), en a gros sur la patate. [Fin SPOIL]
…à rapprocher de :
– Un film est sort fin 2013, et je dois convenir que celui-ci n’est pas mal du tout. Des acteurs qui campent bien les protagonistes, des effets spéciaux rendant bien compte des séances d’entraînement en gravité zéro, ça aurait pu être bien pire.
– La suite laisse de côté l’aspect militaire pour mieux se concentrer sur des problématiques universelles comme la culpabilité et le relativisme de nos civilisations humaines. Envoutant. Et ça commence avec Xénocide. Toutefois, le recueil de nouvelles Ender : Préludes est loin d’être inutile.
– Si vous souhaitez rester dans la même ambiance, il est alors délicieux de se reporter sur La Saga des Ombres. On suit alors le petit Bean dès La Stratégie de l’ombre, puis L’Ombre de l’Hégémon, ensuite Les marrionnettes de l’Ombre, suivi de L’Ombre du Géant (une tuerie celui-ci). Et ce n’est pas fini.
– Sinon, Les Maîtres Chanteurs (moins SF) reprend le thème de l’enfance dévoyée de manière encore plus violente.
– En revanche, évitez Robota, roman graphique incompréhensible.
– Puisque j’en parlais rapidement, sur la SF militaire il y a les excellents Wang (Bordage) ou La guerre éternelle (Haldeman).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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Complètement d’accord avec le Tigre, ce livre est à la hauteur de sa fin : extraordinaire. Dommages que les tômes suivants se perdent un peu en chemin….
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