VO : The Cleaner. Dans une communauté en Nouvelle-Zélande, un homme bossant au commissariat commet tranquillement ses meurtres, sans être inquiété. Si l’idée est, au premier abord, originale, l’auteur s’enfonce vite dans un n’importe quoi certes réjouissant – mais dont la crédibilité est mise à rude épreuve. Il y a mieux dans ce genre de thriller.
Il était une fois…
Allez zou, partiel copier-coller du quatrième de couverture :
« Célibataire, aux petits soins pour sa mère, Joe Middleton travaille comme homme de ménage au commissariat central de la ville. Ce qui lui permet d’être au fait des enquêtes criminelles en cours. En particulier celle relative au Boucher de Christchurch, un serial killer accusé d’avoir tué sept femmes dans des conditions atroces. Pourtant, même si les modes opératoires sont semblables, Joe sait qu’une de ces femmes n’a pas été tuée par le Boucher de Christchurch. Il en est même certain, pour la simple raison qu’il est le Boucher de Christchurch. Contrarié, Joe décide de démasquer le plagiaire. Et, pourquoi pas, de lui faire endosser la responsabilité des autres meurtres… »
Critique d’Un employé modèle
Pour tout vous avouer, Le Tigre a été assez ravi par le début du roman. Un ravi de la crèche (un peu malade sur les bords) qui s’avère être un impitoyable tueur pour la bonne cause – selon lui -, reconnaissez qu’il y a de quoi faire… Sauf que l’auteur néo-zélandais veut divertir avant de faire peur et/ou réfléchir, et il est allé trop loin – à mon humble avis.
Joe, qui passe auprès des autres pour un pauvre et brave type, s’aperçoit un beau jour que quelqu’un a trucidé une bonne femme avec le même mode opératoire que le héros. Il se met donc à la recherche de cet assassin, dont le lecteur connaît déjà l’identité – là dessus, pas de problème, le suspense reste intact. Puis se greffent d’autres personnes, d’autres dingues (notamment l’archétype de la femme fatale) qui font du roman un charivari plaisant quoiqu’excessif.
Le style, enfin, est loin de déplacer des montagnes, le moins que l’on puisse dire est qu’Un employé modèle se lira plutôt vite. Chapitres secs et courts, situations attendues (sauf la fin peut-être), humour noir qui souvent tombe à l’eau, je ne suis pas certain que cet ouvrage restera dans les annales de mon cerveau limité.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La dissimulation est au cœur de l’intrigue, avec la double vie menée par Joe Middleton. Celui-ci s’enorgueillit de passer entre les gouttes, mais à mon sens il n’y a guère de quoi pavoiser : certaines péripéties sont tellement rocambolesques, les indices qu’il laisse sont parfois si énormes que c’est à se demander si le commissariat de Christchurch n’est pas occupé par une bande de consanguins dégénérés. Même le second protagoniste fait partie de la maison, alors ça ressemble plus à une comédie de boulevard qu’à un polar – ce qui est visiblement assumé par l’écrivain.
Pour une fois, un ouvrage met en scène pas mal de tueurs en série (dont deux chevronnés), aussi le lecteur aurait pu espérer tirer un quelconque enseignement sur la manière dont un individu bascule vers une telle folie. A la question « Qu’est-ce qui fait un tueur en série ? », les réponses de Paul Cleave sont immensément décevantes. Comme je le disais, la soi-disant intelligence du héros est contre-balancée par l’impressionnante connerie de la populace locale (à la manière des romans de Tom Sharpe). Et concernant le passé des protagonistes, il n’y a seulement que le rapport ambigu avec la mère, ce qui est bien maigre.
…à rapprocher de :
– Le bon Cleave a continué avec Un Père idéal (titre assez proche, certes) puis Nécrologie. Je ne compte pas vraiment les lire.
– Tigre sait que vous attendez la référence, alors la voici : Un employé modèle est juste le parent pauvre de Dexter, de Jeff Lindsay – qui consiste en plusieurs tomes.
– La fin du roman [SPOIL] fait penser à celle de Fight Club, de Palahniuk : Joe tente de se tirer une balle dans la tête, se rate lamentablement, terminant dans un état plus proche du légume que d’un être humain.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
En sous titre, l’auteur aurait pu rajouter: le festival de la couille (bien que cela ait déjà été pris).
C’est un peu déception 2000, ce roman, il commence bien et fort, puis ça part en couille au moment de la perte d’un objet cher au « héros », la fin est un peu salopée et opportuniste.
On est d’accord. Et pour le festival de la couille, je préfère l’original…
Y a pas photo !