VO : Onze Minutos. Ouvrage simple empreint d’une certaine beauté, voici quelque chose qui se laissera lire sur la plage. Un peu de sexe, la recherche de l’amour et des descriptions certes attendues mais bien réalisées. Coelho, à défaut de surprendre, ne déçoit pas avec ce titre sur le parcours d’une femme à la recherche de l’argent, puis de l’amour.
Il était une fois…
Maria, est une jeune pauvre du Nordeste (Brésil) aux charmes éprouvés. Répondant à l’invitation d’un Suisse qui lui vend une magnifique situation en Europe, notre héroïne va quitter son job de serveuse (ou vendeuse) au Brésil pour tenter sa chance à Genève. Elle officiera au Copacabana, bar assez sélect où les femmes proposent des services charnels à des clients en manque d’affection. L’exploitation « soft » commence, avec la recherche du grand amour auquel Maria croit de moins en moins. A moins que… [Le Tigre est friand de ces derniers points de suspension d’un roman qui est dépourvu de suspense]
Critique d’Onze minutes
Se lit vite et bien, y’a pas à dire. Cet écrivain appartenait aux valeurs sûres de l’adolescent qu’était Le Tigre, sans compter que la nationalité (brésilienne) de l’auteur permettait parfois de traiter de sujets classiques sous le prisme d’un homme du Sud.
Onze minutes, c’est le temps, selon l’auteur, que dure un rapport sexuel (ici tarifé). A ce titre, nous suivrons Maria, depuis les plages du Brésil jusqu’aux chambres d’hôtels de Genève. La jeune héroïne y découvre un monde fortement sexué où elle va devoir faire sa place. En rencontrant Ralf, peintre talentueux de même pas trente ans, elle va se rapprocher de l’amour avec un grand « a ».
Personnellement, j’ai remarqué que Coelho est toujours aussi impressionnant en contant les expériences d’une femme. Réalisme, humanisme, le lecteur (même mâle) n’aura que très peu de difficultés à entrer dans le texte. Les mots y sont simples, les paragraphes nombreux avec de grands sauts de page, les chapitres courts, bref ça ne prend pas la tournure d’une thèse sur la sexualité.
En conclusion, on pourrait reprocher à Paulo d’avoir sorti un livre qui a quelques arrières gouts de littérature « fast food », entre romance tirée par les cheveux et scènes de cul assez convenues. Toutefois, c’est bien plus dense qu’un Van Cauwelaert ou un énième Nothomb.
Thèmes abordés (du moins Le Tigre)
La prostitution. Le plus vieux métier du monde est ici conté presque un documentaire : ainsi ni jugement ni apitoiement, juste une femme consciente de sa beauté qui a trouvé là le meilleur moyen de gagner rapidement de l’argent. A la différence du monde glauque qu’on peut s’imaginer, il faut reconnaître au pays des Helvètes d’avoir créé un environnement assez « secure » pour les jeunes femmes. Pas de macs violents, seulement un bar qui est une sorte de base profitant de l’afflux (et donc la consommation) des clients.
Le Tigre en profite pour signaler des séances de sexe qui laissent peu de place à l’imagination (et ce dès le début lorsque Maria découvre les plaisirs de la masturbation), donc à ne pas mettre entre les mains d’un mineur de 16 ans au moins.
Le sexe et l’amour. La péripétie principale de Maria, c’est la rencontre avec le fameux Ralf. Divorcé deux fois, artiste désabusé, la jeune prostituée tombe vite amoureuse du personnage. Celui-ci lui offre de nouvelles expériences d’une intensité sensuelle jamais rencontrée, où l’acte sexuel en lui-même ne lui paraît plus être une fin. A Ralf qui voit sa beauté intérieure, elle ravive sa flamme sexuelle en lui montrant ce à quoi peut ressembler le « sexe sacré », manière assez fine d’intellectualiser son métier.[mini SPOIL Attention] Et puis elle se fait la malle.
…à rapprocher de :
– De Coelho, Le Tigre peut vous conseiller Véronika décide de mourir.
– En parlant de Van Cauwelaert, Le Tigre faisait référence à Rencontre sous X, plus axé sur le glorieux univers du porno. Histoire d’amour en prime.
– Essayez de lire Nana du père Zola, si la longueur ne vous rebute pas (ce fut mon cas).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
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