VO : Great North Road. Tandis qu’une enquête pour un meurtre particulier patine dans les grandes largeurs, une lointaine expédition sur une planète plus mystérieuse que prévue tourne à l’aigre. Seconde partie satisfaisante malgré des longueurs, hélas la fin n’apporte pas ce petit orgasme auquel l’auteur m’avait habitué.
Il était une fois…
Quelques semaines déjà se sont passées depuis le meurtre d’un membre de la famille la plus puissante de la Terre (et de ses dépendances outre-spatiales), et l’enquête s’oriente vers une banale histoire de luttes interfamiliales. Pendant ce temps, ce n’est pas la joie sur St. Libra : les soldats envoyés en mission au fin fond de la jungle crèvent les uns après les autres (est-ce un traître ou le fameux E.T. que tout le monde cherche ?) ; et le climat commence à se faire moins clément. Rien de tel pour tendre un peu plus le marché du biocarburant et menacer l’économie mondiale – s’il n’y avait que ça…
Critique du second tome de La Grande Route du Nord
Deux remarques préliminaires (outre qu’il faut lire le billet sur le premier tome bien sûr) : un roman de Peter F. Hamilton coupé en deux nécessite de se coltiner les deux tomes d’un coup. Ne faites pas comme Le Tigre qui attend plus d’un mois, et a au début un peu perdu le fil – et ce d’autant plus que l’unité temporelle (quelques semaines) est plutôt forte. Enfin, y’aura très certainement du spoil involontaire dans le présent article dans la mesure où l’intrigue est fouillée.
Revenons à nos héros. Deux en particulier qui nous permettent d’être au coeur de l’action, tant du côté de la Terre que de celui d’une planète lointaine qui révèle de bien belles surprises :
1/ Mais qui a bien pu tuer le North ? Pour rappel, le macchabée trouvé à Newcastle n’est pas précisément identifié ; les flics, malgré leurs prouesses technologiques, avancent lentement dans ce qui semble être une guerre de gang. Sauf que Sid Hurst, inspecteur opiniâtre, va braver la hiérarchie et mener sa propre enquête…jusqu’à lever un très gros lièvre. De là, tout s’accélère : les filatures interdites (en mode « sous-marin », délicat vu la technologie intrusive du futur), les découvertes dérangeantes, l’assaut où se mêle le clan familial sis à Jupiter, la gloire, la promotion, la nouvelle vie pour Hurst, etc. Pour un final qui se lie intimement à ce qui se passe sur St. Libra.
2/ A l’autre bout de la galaxie (du moins on l’imagine), l’expédition menée par l’ADH commence, à la plus grande satisfaction du lecteur, à ressembler à un film d’horreur en huis-clos. En particulier dès que le clément climat de St. Libra change du tout au tout et se mue en une gageure faite de neige et de tempêtes. L’intendance est un cauchemar, les accidents se multiplient, l’essence commence à manquer, bref la compagnie se demande si elle pourra revenir saine et sauve. Sans compter les terribles attaques de l’E.T., transformant nos légionnaires en chair à pâté. En parallèle, l’existence de Saul est tout aussi chamboulée, il est pris dans un engrenage inquiétant auquel s’ajoute les modifications climatiques d’une planète qui paraît rendre l’espèce humaine persona non grata – avec ce que ça implique en termes de survivalisme.
Hélas, sur ces deux théâtres d’opérations, le déroulé de l’action appert être d’une lenteur coupable. Certes on ne se fait pas chier à se pendre, toutefois j’ai failli bailler face à des dizaines de pages assez rageantes dans la mesure où j’espérais (en vain) voir à quoi ressemble le vrai danger – et non ses manifestations. Comme si l’écrivain se complaisait dans des descriptions fort bien rendues mais poussives, juste pour justifier la taille du pavé en attendant de nous dévoiler le pot aux roses.
Parlons-en du dénouement. Y’a comme un léger sentiment de bâclage pas très bien assumé. Les explications sont livrées en bloc, sans réelle finesse, aussi le plaisir du fameux moment « ah ouais c’est donc ça ! » tombe presque à plat. Non seulement les révélations sont trop abruptes, mais certaines apparaissent tellement too much que vous serez frustrez de ne pas avoir pu les deviner seul.
Bref, faites comme vous le sentez : si c’est le premier Peter F. Hamilton que vous tenez entre les mains, foncez ! Si vous connaissez bien l’auteur, dites-vous juste qu’il y a comme de la répèt’ dans l’air et que ce n’est pas sa meilleure saga – c’en est même pas une d’ailleurs.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Il est nécessaire de rappeler que Peter F. Hamilton fait ici montre de davantage de hard science que de pur space opera. Le réalisme et la crédibilité sont alors renforcés, jusqu’aux petites luttes politiciennes qui agitent la Terre. Notamment au sein de la police locale, pas bien différente à ce qui se passe de nos jours. Chacun essaie de placer ses petits pions pour atteindre le sommet – le pouvoir ou le sexe, à l’image d’un inspecteur qui se sert des moyens policiers pour détruire un mec dont il convoite la femme. A ce titre, Hurst fait figure de vrai héros : le mec qui n’en a plus ou moins rien à foutre mais se retrouve, par la force des choses, à la tête de la maison poulaga de Newcastle. Dès que cet évènement survient, sa vie est changée à jamais (en un mot : le bal des pinces-fesses commence).
[Attention SPOIL] Alors, qui c’est-il donc ce méchant E.T. ? Bah il est pas si vilain, c’est juste l’émanation de l’esprit de la planète St. Libra, laquelle a du mal à survivre dans la dimension qui est la nôtre. Du coup, l’avatar ainsi créé souvent panique et tue ce qui est autour de lui (d’où le meurtre d’il y a deux décennies). D’une part, il y a quelques notions récurrentes quoiqu’intéressantes sur la « théorie Gaïa », à savoir qu’une planète pourrait avoir une conscience propre et parfois chercherait à communiquer avec nous. D’autre part, l’idée d’une entente biologique entre espèces s’impose, avec pour condition la prise de conscience que l’Humanité se doit de respecter des environnements qu’elle ne peut modifier uniquement pour son propre intérêt immédiat. L’écologie universelle, rien que ça, avec un message attendu et un dénouement d’une bisounoursitude assez propre à ce bon Hamilton…[Fin SPOIL]
…à rapprocher de :
– Oui, attaquez le premier tome (en lien) d’abord hein.
– Vous vous doutez que je suis un habitué de cet auteur. Jugez plutôt : L’Aube de la nuit, (la base, c’est de la bonne) ; La Saga du Commonwealth (miam) ; La Trilogie du Vide (suite directe de la dernière saga qui envoie du très lourd) ; les one-shot que sont Dragon déchu (un putain de must !) ou Misspent youth (sans plus).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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