Ouvrage non (encore) disponible en français, Le Tigre qui voit passer du Hamilton qu’il ne connaît pas ne peut que le saisir. Point de grands vaisseaux, d’espèces ET ou de colonisation spatiale, juste un drame teinté de science-fiction. Autant le dire tout de suite, ça n’a ni l’envergure ni la qualité d’autres œuvres de l’auteur, même si la lecture reste plaisante.
Il était une fois...
Angleterre, 2040. L’Union européenne a mis au point un procédé de rajeunissement. C’est le créateur de l’internet du futur, Jeff Baker, qui est choisi pour le premier test. Entre sa nouvelle vie de célébrité et les relations qui se compliquent avec son fils, Tim, en pleine poussée d’hormones, c’est le destin d’un homme particulièrement important pour l’UE qui est chamboulé.
Critique de Misspent Youth
Tout d’abord je m’explique, par rapport aux nombreux livres de Peter F. Hamilton, sur le choix de celui-ci en particulier. Cet auteur c’est un visionnaire comme Le Tigre en voit rarement, et ses sagas m’ont à chaque fois transporté. Le problème c’est que la plupart du temps ce sont de longues sagas, sauf de temps en temps où on a le droit à un roman indépendant de tout univers qu’il a imaginé. Ce livre en fait partie.
En outre, pour le lecteur peu porté sur la SF, celle-ci est très limitée et on est plutôt en présence d’une anticipation sociale, quelque chose qui vient dans les 25 prochaines années plutôt que dans les prochains 250 piges. Néanmoins l’imagination débordante d’Hamilton est ici sous exploitée, même si celle-ci en satisfera plus d’un.
Sans doute le nombre de pages, 600, n’était pas nécessaire, d’autant plus qu’en Anglais c’est comme si je me coltinais 800 pages (au moins) dans ma langue natale. On met au moins une cinquantaine de pages avant d’être réellement dans le roman, et certains passages mélo dramatiques auraient pu être allègrement raccourcis. Mais cela montre la polyvalence de l’auteur qui a réussi à sortir un livre accompli qui n’a rien à envier à nos auteurs franchouillards (et parfois passablement ennuyeux).
En effet, Jeff rajeuni redécouvre les plaisirs de la vie, ce qui n’est pas sans poser de problèmes : quid de son mariage sans consommation avec une jeune bombe, de la petite amie de son fils qui lui plaît bien, des relations avec son fils qu’il égale en âge ? Les réponses ne sont pas évidentes, et Hamilton plonge un peu dans la facilité sur la fin du roman en offrant une batterie de bons sentiments bien sucrés.
C’est surtout les thèmes développés qui ont une portée assez grande, et dans cet opus la politique de 2040 est bien rendue. Rien que pour ça ce livre doit être lu, apportant de manière créative une vision de l’avenir de la technologie, et de l’Europe en particulier.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La jeunesse éternelle, grand fantasme humain, est ici à portée de certains. La réalisation technologique, à savoir « rebooter » le génome de l’heureux cobaye, est finement trouvée. Le choix de cette personne est également bien imaginé : on commence par un Anglais, grand inventeur il fut un temps, pour émousser l’euroscepticisme d’Albion. Puis un Allemand pour ménager les susceptibilités des puissances de l’UE.
A ce titre on a une idée de la voie prise dans le futur par une partie de l’humanité. Au lieu de promouvoir les naissances, on préfère rajeunir. Sans penser aux conséquences sur la démographie, sur les esprits et l’économie en général. Peut être la réussite (car dans le roman on est loin du succès) à terme du programme sera la raison de la colonisation de l’espace, prélude aux autres romans de l’auteur.
L’Union européenne reçoit dans ce livre un destin crédible et constitue matière à réflexion sur le devenir du vieux continent. Hamilton nous présente l’UE comme une fédération avec un gouvernement central fort. En réaction, des groupes d’indépendance (notamment anglais) fleurissement de partout. Taxés comme terroristes, ces mouvements n’ont rien à envier à certains mouvements corses ou basques adeptes du semtex. Le fils du protagoniste principal, d’ailleurs, est eurosceptique à souhait et profite de la célébrité de son père pour le faire savoir.
…à rapprocher de :
– Hamilton, c’est surtout sa saga L’Aube de la nuit, La Saga du Commowealth (qui commence par L’étoile de Pandore ou La Trilogie du Vide. Voire La Grande Route du Nord (tome 1 et tome 2 sur le blog), un tantinet décevant.
– L’autre « one shot » d’Hamilton, bien plus grandiose, qu’est Dragon déchu.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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