VO : The Train Ride : The Story of a Man with a One-Way Ticket. Un court ouvrage sans prétention mais qui fait la part belle à la méchanceté avec un phrasé mi hard boiled mi San-Antonio, hélas Le Tigre qui a lu d’autres titres du même acabit a trouvé que la chose avait fort mal vieilli. Dommage, mais si je le conseille vivement.
Il était une fois…
Pour l’unique livre traduit en France d’un auteur plus si jeune et qui a eu son légitime carton, copier-coller le quatrième de couverture est terriblement tentant. Surtout quand c’est un extrait de l’œuvre :
« Évidemment, vous direz que je suis un monstre. Que je n’aurais jamais dû me saouler dans les bas-quartiers ni courir les filles. Ni flanquer des briques dans les fenêtres des terriens. Ni manquer le rafiot sur lequel je navigue.Ni me conduire de façon aussi abominable dans le train qui m’emmenait au port de Londres. Eh bien, c’est vous tous, avec vos vices, avec votre méchanceté, qui m’y avez obligé. Je suis pas plus monstre que vous, bande d’hypocrites ! »
Critique de Londres Express
Je ne sais pas comment Londres Express a débarqué dans ma bibliothèque, mais je me souviens comment je l’ai expédié le temps d’un soir. Seul ouvrage traduit en France d’un auteur irlandais qui a écrit peu de choses au final, je ne pouvais laisser passer un tel ovni littéraire.
Ovni car le personnage principal (plutôt dérangeant) et la narration sont relativement rares pour une œuvre écrite au milieu des années 60. Le titre en anglais est une excellente introduction à l’histoire de Londres Express : un jeune homme dont on ne saura jamais le nom se trouve dans un train pour la capitale. En fait c’est plus complexe, disons qu’il a raté son bateau (le gus est marin) et se rattrape en le récupérant plus loin. En plus de rendre compte de ce qu’il lui arrive dans le train, notre individu va tenter de se remémorer la soirée (la murge surtout) d’hier et quelques souvenirs plus anciens, comme s’il tentait d’expliquer son état actuel.
A peine 250 pages, chapitrage court et style qui reste relativement fluide, au moins Le Tigre a vite dévoré ce court roman. Cependant, rien à voir avec un Jim Thompson ou Chester Himes (globalement la même époque) qui restent bien plus sympas à découvrir que Londres Express.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La narration décousue. Le protagoniste principal s’adresse au lecteur directement, comme s’il perçait en quelques sorte le quatrième mur (c’est aussi correct en littérature ?). Et les souvenirs délivrés ne le sont pas forcément par ordre chronologique, cela semble dépendre de l’humeur ou des péripéties (dans le train) rencontrées. Du coup, ça ressemble à une structure à la Chuck Palahniuk, avec des histoires balancées au hasard mais constituant une certaine cohérence permettant de se faire, au fil des pages, une idée du type qui nous parle.
Le bête et méchant. Loughran nous offre un anti héros dans ce qu’il a de plus caractéristique : le mec violent sur les bords avec un train de vie dangereux (sa cuite de la veille est représentative) et une morale plus qu’imperméable. Le pompon est décroché lorsque deux religieuses s’installent devant lui dans l’express, alors là ses pensées anticléricales éclosent avec un humour plutôt savoureux. En outre, A la fin m’a laissé une agréable surprise, sans spoiler je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi violent pour un titre écrit il y a si longtemps.
…à rapprocher de :
– Le vilain qui tend à raconter sa vie et s’en sort à chaque fois, ça me rappelle 1275 âmes de Jim Thompson.
– Dans les voyages où différents souvenirs parviennent au lecteur, je pense au fabuleux road trip de Palahniuk dans Monstres invisibles.
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