Après la glorieuse révélation du premier tome, Le Tigre ne pensait pas qu’on pouvait poursuivre correctement la série. Pas du tout, ha ha ! Introduction d’une personne fort intéressante, évènements historiques encore plus importants où le héros et la nouvelle protagoniste s’écharpent, bref une suite très correcte. Sans le plaisir de découvrir l’originale idée de Phil Hester.
Il était une fois…
Kestus, c’est une femme qui est plus ou moins immortelle. Traversant les âges comme notre ami, elle ne peut néanmoins remonter d’une journée afin de réparer ses conneries. Car elle en fait la coquine : prise pour une déesse, Kestus n’hésite pas à souhaiter la destruction de toute civilisation eu égard la décadence dans celles-ci se mettent. Confronté à cette magnifique femme, notre héros en fera-t-il une ennemie ou une alliée ?
Critique de Days Missing : Kestus
Délicat de formuler une critique un tant soit peu objective, ici pour deux raisons : déjà ce n’est pas le rôle du Tigre de faire dans le neutre, ensuite j’ai été proprement ébloui par le premier tome, et j’attendais du second quelque chose du même genre. Sans attendre une traduction française qui ne viendrait que trop tardivement, Le Tigre s’est jeté comme un sagouin sur ce nouvel opus. Et à raison.
Si la surprise et la généreuse idée du premier tome sont toujours présentes, l’auteur a introduit un nouveau personnage qui rend les excursions dans le passé de l’humanité encore plus époustouflantes et instructives. Luttant d’habitude seul, le héros doit composer avec une femme dont les motivations ne sont pas toujours claires et qui évolue différemment sur la planète (n’ayant pas un havre de paix comme le héros).
Fin du fin, la dernière page annonce un troisième tome tout en surprise. La maîtrise du suspense de Mr Hester n’est pas sans rappeler celle de quelques séries TV populaires où le téléspectateur en a pour une semaine d’attente. Hélas, le destin final de Kestus, à la limite de l’ésotérisme, a un peu échappé au Tigre. Il est question de destruction / re-création de l’univers (Shiva ?), avec la marque de Kestus dans ce nouveau monde. Encore un problème avec la langue de Shakespeare je vous entends dire. Tssss…
Quelques déceptions certes, mais rien de bien méchant. D’une part le dessin n’a pas changé, et mérite parfois quelques ajustements. Toutefois, la beauté de Kestus est très bien rendue. Ajustements surtout dans certaines cases de la BD qui ne s’enchaînent pas toujours dans une fluidité qu’on attendrait légitimement. D’autre part, la fin du tome 1 promettait un nouvel ennemi (la chose faite de nanites) qu’on ne reverra jamais. Seul un dialogue entre un étrange personnage et le héros s’installe, mais rien de plus.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La femme de sa vie, l’unique. Le gardien de l’humanité fait face à une demoiselle (d’ailleurs plus que mignonne) qui se rapproche le plus de son état. Puissante, à l’esprit un peu dérangé par endroit, Kestus est le penchant « yang » du héros. On retrouve du coup pas mal de symboles de l’opposition homme / femme qu’on retrouve dans la littérature (cf. infra par exemple), bien sûr la féminité étant associée ici à l’interdit, voire le mal. Le Tigre ose rappeler que le Yang, la femme, la lune, représente également la partie souvent moins agréable de l’univers taoïste. Hop, les 30 secondes de culture G sont passées.
Par rapport au premier opus, Phil Hester n’hésite pas à « s’offrir » les évènements les plus grandioses de l’Histoire. Et à faire intervenir Kestus, qui a toujours un pied dans la place. Incendie de la bibliothèque d’Alexandrie, expériences du CERN, bug de l’an 2000, assassinat de François-Ferdinand,… du très lourd est abordé sous le prisme de la lutte entre le héros et l’humanité qui se met en grave danger. Petit plus, le lecteur découvrira les premiers pas (pas toujours habiles) du héros dès sa « naissance ».
Pour tout historien mélomane qui aime étudier les grands passages de l’espèce humaine, on peut se plaire à croire que cette série ne s’arrête jamais. En effet il semble que Days Missing se décompose en 2 parties : un évènement historique où le héros tente ce qu’il peut, et en parallèle une lutte entre ce même héros et d’autres forces au moins aussi puissantes que lui. A l’instar de la série X-Files ou Fringe. En inventant des ennemis toujours plus habiles, on peut aller très loin et revisiter une grosse partie de l’histoire du monde. Nous étudierons cela dans les prochains tomes.
…à rapprocher de :
– Bien sûr il convient de commencer par le premier tome de la série. Superbe au demeurant.
– Sur l’opposition homme / femme, il y a La cabane de l’aiguilleur, de Robert Charles Wilson, Aztech, de Lucius Shepard ou encore quelques Batman avec Catwoman dans l’histoire.
– Le gros truc dans le CERN (le collidron il me semble) a produit une littérature de SF assez sympathique. Je ne parle pas de Dan Brown une de ses grosses bouses (Anges et démons, en lien), plutôt de Flashforward de Robert J. Sawyer.
– Sur les mondes « parallèles » où l’histoire se déroule pas comme on l’apprend à l’école, Tigre vous signale l’existence de l’inratable Black Science (premier tome sur le blog).
Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD en ligne ici.
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