VO : idem. Une bonne demie-douzaine de nouvelles made by le maître de l’onirique dérangeant, toutes écrites au milieu des années 50 (1954 pour être précis). Hélas, Dick aborde des sujets sur le voyage dans le temps (et ses paradoxes temporels) avec une légèreté et un manque de surprise parfois décevants. Mais, à ce niveau d’écriture, il faut bien trouver quelque chose à redire.
Il était une fois…
Sept nouvelles, je vais tenter de brièvement les résumer, et dans la partie suivante vous désigner mes favorites. C’est parti :
Rajustement (VO : adjustment team) : l’Employé doit absolument arriver au boulot avant 9h du mat’. En effet, une équipe doit « mettre à jour » son secteur comme si on rebootait un ordi. Bien évidemment ça foire, et notre héros va se retrouver coincer dans un monde qu’il ne reconnaît plus. Comment réparer cette erreur ?
Interférence (VO : Meddler) : Hasten, grand scientifique s’il en est, est appelé par une grosse compagnie pour réparer une monumentale connerie faite : en violant pas mal de lois, des sondes ont été envoyées dans le futur afin de juger de l’efficacité des plans gouvernementaux. Hélas, plus ils jettent un œil dans l’avenir, plus ce qu’ils voient est craignos. C’est pourquoi le savent prend le fameux Caisson Plongeur afin de repérer où est la couille dans le potage du futur.
Souvenir (VO : idem) : ça y est, la légendaire planète de Williamson (un rapport avec l’écrivain de SF d’avant-guerre ?) est découverte. Pete débarque sur plance et s’aperçoit que la population locale, en plus d’avoir un relai en état de fonctionnement, ne se soumet pas à la culture et mode universellement imposée par l’Humanité. Du coup, la planète semble prendre une mauvais voie (notamment des guerres de clan). Que faire ?
Progéniture (VO : Progeny) : Ed Doyle vient d’avoir un enfant, sauf que comme il réside à Proxima du Centaure il ignore comment se passe l’éducation sur Terre. En particulier, les gamins sont élevés par des robots, sans interférence parentale aucune pour troubler leurs destinées. Toutefois, Ed parvient à passer 90 minutes avec son gosse, Peter. Les retrouvailles s’annoncent plus complexes que prévues.
Sur la terre sans joie (VO : Upon the Dull Earth) : Rick et Silvia se baladent dans un endroit (pas bien saisi). Pour faire simple, la nana se fait « bouffer » par d’étranges créatures (de gros oiseaux blancs) et passe dans une dimension parallèle. Sauf que Silvia n’était pas censée y débarquer si tôt, c’est pourquoi tout sera fait pour revenir. Y compris prendre la place d’un autre être humain autour de Rick. Hélas, mille fois hélas, cela marchera mieux que prévu…
Étrange Eden (VO : Strange Eden) : Brent et Johnson (son capitaine) se posent sur Terra, planète en apparence paisible, voire paradisiaque. En se baladant seul dans la zone, Brent fait la rencontre d’une magnifique femme. Immortelle en sus.
Le monde de Jon (VO : Jon’s World) : Ryan et un de ses potes doivent revenir dans le passé afin de récupérer d’importants documents aujourd’hui (enfin, en 2030) disparus. [SPOIL : paradoxe temporel].
Critique de Souvenir
Tigre est cachottier, car avant ces sept textes il y a deux courts essais de Philip K.D. Si j’ai lu le premier de façon assez détachée (ça parle des commentaires de lecteurs sur son chef d’œuvre d’uchronie qu’est Le maître du Haut-Château), j’avoue bien humblement avoir zappé de second texte. Impossible de dépasser dix lignes, je n’ai pas compris ce qu’il m’arrivait.
Ces quelques textes m’ont plus ou moins contenté, je reconnaît avoir eu un faible pour le premier, alors que Souvenir est correct, mais sans plus. Sur La terre sans joie, Tigre a bien failli abandonner au bout de trois pages. Incompréhensible, et puis ça se décante pour une fin dégueulasse mais et troublante sur l’identité.
Sur le style, disons que pour des textes sortis dans les années 50 ça aurait pu être bien pire. La vision du futur de K. Dick est parfois surprenante et prête à sourire en ce moment. Au final, très peu de matière intéressante à tirer (à part une paire de textes), toutefois il est intéressant de lire des choses à peu près compréhensibles de la part d’un écrivain dont le cerveau partira trop vite en sucette.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’illusion, encore et toujours chez Philip. L’idée que le monde dans lequel nous vivons ne s’inscrit pas dans la réalité telle qu’on l’imagine est prégnante (même le lecteur est perdu sur ce qu’il y a « au-dessus », notamment dans la première nouvelle). Que ce soit par de subtiles manipulations mentales ou des univers à la Matrix, la victime est trop souvent le protagoniste principal. L’auteur était déjà psychologiquement atteint à cette époque ?
L’impérialisme total. Une civilisation qui refuse catégoriquement toute différence ; la rationalité économique qui tire un trait sur les émotions (le gosse élevé par les robots est plutôt flippant) ; des entreprises amorales qui jouent avec le temps comme des sagouins, bref la vision du capitalisme (et le soviétisme) est loin d’être glorieuse. Au final, ne sommes-nous pas que des bêtes (cf. le dénouement d’Étrange eden) ?
…à rapprocher de :
– Dans les nouvelles de cet écrivain torturé, signalons l’autre recueil qu’est Le dernier des maître. La nouvelle éponyme est une petite perle.
– Le meilleur de cet auteur reste, pour l’instant, Substance Mort. Quant au Maître du Haut Château, c’est certes la référence mais cela n’est point mon préféré.
– La trilogie divine (SIVA & Co), j’ai abandonné bien trop vite.
– Puisque je parlais d’un certain écrivain répondant au doux nom de Williamson, je vous invite à lire La légion de l’espace. Le billet, pas la trilogie (qui à mon sens est une vilénie mal vieillie).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce recueil en ligne ici.
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