Sous-titre : un agent sort de l’ombre. Biographie instructive et plutôt bien écrite de la part d’un homme de l’ombre qui a pris le courage de raconter quelques bribes de sa carrière. La curiosité du Tigre fut partiellement satisfaite, en même temps le reste relèverait encore plus du secret défense. Réalité prosaïque, James Bond est très loin.
De quoi parle DGSE Service action, et comment ?
Pierre Martinet (son vrai nom ?), la quarantaine passée, a décidé de raconter son quotidien d’agent secret (il le fut jusqu’en 2001). De para à des missions un peu partout à l’étranger, en passant par la case recrutement par la DGSE, l’homme a « sévi » dans le Service Action et a donc vécu pas mal d’expériences intéressantes. C’est en 400 pages qu’il nous narre son métier si particulier, en plus de son travail dans le secteur privé.
Un métier, pas vraiment. Plutôt une vocation eu égard les dangers pris au cours de sa vie. En sus, sa vie familiale peut être parfois compliquée, sans compter que beaucoup de ses proches ignorent son métier. Sans compter la santé. On apprend par exemple, qu’en tant que para, que ses genoux ressemblent un peu à ceux de Bruce Wayne dans le dernier Batman de Nolan. Exit le sport extrême, hélas bien présent dans son job.
Si Pierre ne s’est pas fait aider par un nègre, petits applaudissements pour un style simple et succinct. Ni belles tournures ou métaphores, juste les faits et ses impressions à l’instant T. Les rétrospectives ou commentaires plus personnels sont assez rares, on sent le besogneux de talent qui sait garder le cap. Appréciable même si à la longue le profane pourrait être déçu.
En effet, Le Tigre a été contrarié sur deux points. Le premier, c’est que l’auteur ne se livre pas si facilement. Pas de gros scandales (quoique…) ou de missions avec potentielles morts d’homme, juste un parcours certes exceptionnel mais qu’il parvient à rendre banal, loin des fantasmes développés pour ce genre d’activité. Je n’aurais pas été mécontent de lire un peu plus d’action, toutefois PM ne pouvait prendre un tel risque. D’ailleurs, sur ce qu’il a écrit, le narrateur a été condamné pour atteinte au secret de la défense. Enfin, je me dis que l’absence de réponse lorsqu’on lui demande s’il a déjà tué est la meilleure. Le Tigre ne préfère pas savoir.
Le second, c’est la partie où notre ami quitte les services et entre au service de Canal+. Au service sécurité, il est chargé d’espionner un employé de la boîte (Bruno Gaccio pour ne pas le nommer). A ce moment ça m’a semblé un peu ennuyeux, surtout que la prise de recul avec sa mission paraissait plutôt grande. Le Tigre est même jusqu’à soupçonner l’auteur, qui savait d’une façon ou d’une autre que l’affaire allait éclater, de prendre les devants pour sa défense. Surtout qu’il balance quelques fleurs à l’auteur des Guignols ici et là. Voire se venger de son employeur. Spéculations tigresques.
Quoiqu’il en soit, pour le fondu d’espionnage, voici le titre parfait pour remettre les pieds sur terre.
Ce que Le Tigre a retenu
Le métier d’agent, pour faire dans l’originalité. Formation difficile, apprentissage de gestes et comportements qui doivent devenir autant de réflexes. Missions à préparer soigneusement pour une exécution somme toute rapide. Florilèges : notre héros, en faisant les courses au supermarché, s’aperçoit au beau milieu qu’il a son arme sur lui (celle-ci était devenue un prolongement de son corps). Lors d’une action à Londres, il convient d’abord de faire vivre la légende, à savoir traîner dans les musées, laisser chez soi des plaquettes et places en évidence, une petite culotte serait encore mieux… Métier difficile et prenant, où l’improvisation sait être salvatrice (exemple à Londres, encore, lorsque des flics inspectent leur camionnette).
Quelle vie après les services secrets ? Pour ceux qui ont le temps (et/ou l’envie) de quitter les services, il appert que les opportunités de reclassement sont nombreuses. Imaginez, un ancien agent secret avec un beau carnet d’adresses et des réflexes sécuritaires de paranos mais justifiés. Qui d’une grande entreprise qui veut sécuriser ses informations, qui un cabinet de détective privé, qui une personnalité souhaitant garder le contrôle sur sa vie, les postes ne manquent pas. Pour Martinet, c’est la voie du consulting qu’il a choisie.
…à rapprocher de :
– L’ex agent secret a publié De l’ombre à la lumière, la suite qui doit revenir sur ses déboires judiciaires. Pas lu.
– Sinon, en presque fiction, On les croise parfois est saisissant sur les rouages et mesquineries des services / politiques / diplomates / etc.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez le trouver sur Amazon ici.
Ce livre doit être passionnant. Une fonction qui fait fantasmer bien du monde.
Ping : Cedric Citharel – On les croise parfois | Quand Le Tigre Lit