Sous-titre : visionary reality. Un monde apocalyptique qu’on ne souhaiterait pas à ses enfants, le corps humain qui se détracte à cause de la bouffe génétiquement modifiée, l’avenir fait froid dans le dos. Au milieu de cet inquiétant bordel, il y a la Biosphère, havre de soins pour les écorchés de la vie. Mais la menace fait rage. Grandiose. Je plaisante : cette BD est foireuse.
Il était une fois…
Aucune envie de me fouler à rédiger une intro. Voici celle de l’éditeur, aussi dépassionnée qu’expéditive.
« Kérian est ce qu’on appelle un mutagène. Après avoir testé pendant des années des aliments génétiquement modifiés, il s’est transformé. Malade ou monstre, il est l’exemple de ce qu’il ne faut pas devenir, alors que la planète est désormais un vaste terrain de jeu génétique. »
Critique de Visionary reality
Réalité visionnaire. En anglais. Pour une BD française. Dès qu’un titre offre un titre putassier anglo-saxon, il y a de quoi légitimement s’inquiéter sur la qualité de l’ouvrage. Et ça n’a pas manqué : le désastre est presque parfait.
Le scénario d’abord. Nous sommes en 2035, et l’humanité a connu la plus grande révolution agricole de son histoire. La plupart des continents ont décidé depuis quelque temps de cultiver des légumes/fruits génétiquement modifiés, et les conséquences sont terribles : outre la dissémination de ces plantes, des mutations ont eu lieu dans le corps humain. Des crises politiques ont suivi, et seule l’Europe est relativement épargnée par le bordel – elle a pourtant autorisé l’importation d’OGM venant des États-Unis, brrrr.
Heureusement pour la populace malade, il y a l’espoir d’être recueilli par la Biosphère, à l’instar du petit Jerzy que notre héros Kiéran accueille fort gentiment. Il s’ensuit une suite de présentations de l’univers de Biosphère, et de ses ennemis qui comptent l’attaquer – je ne sais plus pourquoi. Si Anne Ploy est partie d’une idée porteuse, force est de constater qu’elle s’est lamentablement perdue dans des intrigues inutiles (un couple qui cherche à atteindre Biosphère notamment) et scientifiquement peu crédibles – j’y reviendrai.
Quant aux illustrations de Sébastien Damour, ce n’est pas mon genre du tout. Faciès peu expressifs, paysages et architectures approximatives, franchement ça ne m’a pas fait rêver du tout. J’ai bien peur que cette BD soit un scandale. Je pensais que les Humanoïdes Associés, en tant qu’éditeur, avaient du nez pour éviter de publier des daubes dessinées. L’exception qui confirme la règle.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La biotechnologie est en première ligne de l’ouvrage, et les auteurs introduisent des concepts hélas peu novateurs. Les gênes qui se détractent et offrent des symptômes surprenants (retour à une agilité de singe par exemple) ; des plantes modifiées pour produire des organes humains (c’est Swamp Thing ça) ; des organes humains qui poussent sur des bêtes, voilà pour l’avenir. Néanmoins, le pire reste qu’on cherche ici à faire passer ces trouvailles scénaristiques comme révolutionnaires. Alors que ça ne casse pas six pattes à un canard – génétiquement modifié.
Le dernier thème est la manière dont les OGM ont été traitées. Je n’ai pas envie de polémiquer ici, mais la vision des auteurs sur ce sujet m’a rendu furieux. En 2035, la Terre est en piteux état à cause des organismes génétiquement trafiqués ? Les êtres humains ont leur code ADN déglingué à cause d’avoir ingéré des OGM ? Sérieusement ?! Faut redescendre sur terre là. Comme le dit mon prof de lobbying, « ce n’est pas que tu manges de la gazelle, cher Tigre, que tu vas te transformer en cette espèce ». L’ADN est dissous quand on digère, les guerriers qui mangent le cœur de leurs ennemis, ce n’était guère utile.
Mais si ça se trouve, la scénariste a souhaité être excessive sur cette problématique, comme pour souligner l’absurdité de certains combats dits « écologistes ».
…à rapprocher de :
Franchement, y’a rien à dire d’autre.