VO : Time Patrol. La Patrouille du temps, c’est une agence chargée de régler tout paradoxe temporel qui pourrait naître dans l’Histoire (passée ou à venir, allez comprendre). Dans cet ouvrage, pas moins de cinq nouvelles sur les aventures de Manse Everard, agent du milieu du 20ème siècle (du moins au début). Réjouissant et indémodable.
Il était une fois…
« Un bon salaire, une protection efficace, des vacances de temps à autre en des lieux fort intéressants, une tâche digne ». Voilà comment, dans les années 50, le métier secret de patrouilleur de temps est vendu. En répondant à cette annonce, Manse Everard, ancien soldat de la seconde guerre mondiale (et au chômage), n’imaginait pas le quart du centième des aventures à venir.
Critique de La Patrouille du temps
Pour une série de textes écrits au cours des années 50 et placés sous l’orbite de la science-fiction, Poul Anderson est parvenu à créer une ambiance satisfaisante et un univers globalement cohérent. Chapeau.
La première nouvelle de ce recueil (même titre que le roman), évidemment, consiste au recrutement du héros et les explications quant au fonctionnement de l’unité. Manse (je ne m’y ferais jamais à ce prénom) passe quelques tests loufoques puis est formé au beau milieu des States. On apprend notamment comment le voyage dans le temps a été créé (par des humains super évolués, vers le 20ème millénaire) et les moyens de pouvoir aller aux quatre coins du temps, apprentissage de la langue compris – l’hypnose, pour tout dire, l’idée de traducteur simultané n’était pas dans les rotatives à l’époque. Une rapide mission a lieu avec ce qui ressemble fort être Sherlock Holmes, mais rien de notable par rapport à ce qui suit.
En effet, le protagoniste se retrouve, un peu vite il est vrai, dans le saint du saint : il devient un « agent non attaché », c’est-à-dire qu’il a autorité pour intervenir à n’importe quelle époque. Quelle veine. De là, deux nouvelles ont particulièrement attiré l’œil du félin : Le grand roi, d’abord, se déroule pendant l’essor de l’empire perse, sous l’essor de Cyrus II. Sauf que le fameux empereur est Keith Denidson, un ami de la Patrouille fermement décidé à devenir le maître local. L’autre univers, d’autre part, est sûrement un des meilleurs textes (cf. second thème dans la partie suivante).
Bref, le lecteur indulgent laissera de côté les paradoxes temporels abordés avec une certaine légèreté, tout comme les facilités techniques (barrière de la langue ou péripéties trop faciles) qui donnent au texte un aspect très attendu. Mais, à l’instar d’un Asimov, Haldeman ou Silverberg, c’est de la bonne SF qui ne semble pas décidée à mal vieillir.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La première chose qui a perturbé Le Tigre, en lisant ce premier recueil, consiste en la question suivante : « mais pourquoi personne n’a eu cette idée avant ? ». Certes des ouvrages abordent le voyage dans le temps et la manière dont gérer les paradoxes temporels, mais rien concernant l’ébauche d’une série dont les possibilités de scénarios sont presque infinis. En dépit de l’aspect purement « scientifique » assez risible de nos jour, Poul Anderson tenait là un sacré filon, plutôt mal exploité à mon humble avis.
Naturellement, l’auteur américain a eu quelques fulgurances narratives, avec des idées d’uchronies assez savoureuses. L’uchronie, voilà le maître mot. Certains évoqueront les Chinois (ou Mongols, je ne sais plus trop) qui commencent à découvrir l’Amérique avant les Européens, pour ma part la nouvelle L’Autre Univers a particulièrement retenu mon attention. Anderson s’est réellement lâché sur ce coup en imaginant les Carthaginois qui baisent la République de Rome. Rendez-vous alors compte du bordel que ça provoque, la face des civilisations est définitivement changée – que ce soit des langues parlées, des noms des continents ou de l’aspect général des cités.
…à rapprocher de :
Seul roman écrit par Poul lu par Le Tigre pour l’instant.
– Sur l’existence d’une agence temporelle, la référence reste La fin de l’éternité, de l’immense Isaac Asimov. Écrit à la même période, en 1955.
– Sinon, il y a Les déserteurs temporels, de Silverberg. Faudrait que je le lise un de ces quatre.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
Ping : La patrouille du temps – Poul ANDERSON | Le Blog uchronique de Daidin
Cher Tigre,
J’ai lu pas mal de Poul Anderson.
Quelques uns que je te recommande:
http://en.wikipedia.org/wiki/Tau_Zero
Ou que se passe-t-il lorsque le décalage temporel lors d’un voyage dans l’espace fait que vous n’êtes même plus sûr que l’humanité existe…
http://en.wikipedia.org/wiki/The_High_Crusade
Où l’histoire d’une bande de chevaliers moyenâgeux qui réussissent à prendre le contrôle d’un vaisseau extra-terrestre
Un connoisseur, joie ! Je prends note, merci. Pas avant la rentrée 2014 hélas.
Ping : Isaac Asimov – La fin de l’éternité | Quand Le Tigre Lit