Dans une banlieue américaine, une paisible mère au foyer se transforme en un aspirateur à clitoris (et plus). Et ça va très (trop ?) loin. Avec un dessin relativement soigné (hélas sans couleurs) et un texte sans ambages et roublard, Rebecca invite le lecteur à contempler la face cachée de l’Amérique, là où la respectabilité n’est qu’un vague souvenir.
était une fois…
Hillvale, bled paumé au fin fond du Connecticut. Meet Miss Catherine Michell, petite quarantaine bien foutue, un mari benêt (Donald) et une adorable fille. Sa voisine, Patricia, profite d’une visite de courtoisie pour droguer Cathy, laquelle se fait prendre par tous les trous avant de devoir s’occuper de son « amie ». Devenue maîtresse de Pat’ (qui la fait chanter par des photos prises), Catherine va se découvrir de nouvelles façons de (se) faire plaisir, toutefois son initiation ne sera pas sans problèmes.
Critique de Degenerate Housewives
Rebecca, auteure américaine dont Le Tigre ignorait l’existence, a de la suite dans les idées. L’intégralité des cinq chapitres (le résultat est très dense) composant des aventures de Cathy M. le prouve, sans compter les quelques chapitres qui suivent et tournent autour des mêmes thèmes – notamment Incredible stories of hot moms, court et bon, voire les dernières pages qui offrent un satisfaisant happy end après de lourdes épreuves subies par l’héroïne.
Parlons de ces expériences, qui vont du bizutage plutôt hard à la dégueulasserie la plus abjecte. Car les individus gravitant autour de la protagoniste ont plus d’un projet pour la belle brune : cela commence par l’utilisation extensive de godes à tout-va et un peu de broute-minou tout ce qu’il y a de plus bénin et termine par de l’esclavage sexuel assez choquant entre les mains d’une starlette, Bratty Sneers (oui, ça tinte bon le Britney Spears à l’oreille), laquelle a décidé de donner de la chair fraîche en offrandes à ses proches. Entre temps, Cathy vendra ses talents dans un bordel, subissant les assauts d’une dizaine de rednecks (et sous l’œil de son mari qui ne la reconnaît pas). Et tant d’autres péripéties dont quelques rémissions.
Quant aux illustrations, c’est dans l’ensemble régalant. Les corps, rebondis et réalistes, sont régulièrement mis en valeur sous toutes les coutures tandis que les minois des personnages (toutes sont jolies, pour les mecs c’est le contraire…) s’animent correctement de plaisir – en revanche, leurs airs impassibles en dehors des scènes chaudes confinent au marbre. Parfois l’ensemble des planches est confus, la gestion de la taille des cases est à mon sens perfectible, mais le rythme soutenu permet de faire fi de ces menus défauts. Enfin, les poils et liquides (cyprine, sperme, sueur) sont en abondance, on jurerait déceler des odeurs de rut émaner de la BD.
La dernière remarque concerne l’aspect définitivement « too much » de l’histoire. Si les dialogues sont triviaux et les bruitages ressemblent à ceux d’une mauvais série Z, il en est différemment des descriptions de Rebecca en marge des cases : avec un langage aussi précieux qu’ordurier (orgasmes hurlants, baisée comme une vache, etc.), le félin a eu la conviction d’être en présence d’un second degré prononcé qui tend à dire « et, mec, ce n’est que mon imagination, crois pas que ce que je fais faire à mon personnage m’enchante ». Tant mieux d’ailleurs, parce que plus d’une péripétie mettra n’importe qui mal à l’aise – tellement que cela fait l’objet du dernier chapitre de ce billet.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
A lire le quatrième de couverture et quelques pages à la sauvette, il ne serait question que d’ébats entre femmes – avec une nette propension à la domination sous toutes ses coutures. L’homosexualité (féminine) est en effet de rigueur, jusqu’à l’éclosion de sentiments purs entre femmes. Ainsi, Cathy et « Pic-et-pic » vivront un amour hélas contrarié par les plans de certaines. L’héroïne ne peut prendre son pied qu’avec une donzelle, que celle-ci porte un godemichet ou actionne seulement sa langue. Attention, il y a bien du mâle rutilant dans la BD, néanmoins les hommes ne sont dans Degenerate Housewives qu’un outil de domination (d’avilissement plutôt) supplémentaire, leur rôle étant strictement limité à actionner le piston du bas ventre – et cracher quelques bordées d’injures.
Enfin, l’ambiance de cette BD pornographique aurait pu être bon enfant s’il n’y avait pas quelques scènes qui m’ont interpellé. Non pas parce que les scènes sont dégoutantes (rien ne pourrait écœurer votre serviteur), mais inattendues. Déjà, il y a la fille de Cathy, rapidement intégrée à la narration qui virevolte gentiment autour de l’inceste. A la rigueur… Mais la Bratty Sneers qui maintient Pic-et-pic sous sa coupe, c’est une autre histoire. Disons que la boîte à cadeaux…euh de Pandore est irrémédiablement ouverte : la pauvre fille est violée de toute part, traitée comme une truie dont on trait (littéralement) le lait. Le sexe y est gravement bestial, reflet d’une société du paraître (avec son star système) qui considère les humains comme autant de produits à rentabiliser.
…à rapprocher de :
– Ce tome, historiographie d’une descente aux enfers (du moins le fauve l’a vu ainsi), me rappelle quelques bandes dessinées de Bruce Morgan dont le dessin est similaire quoique moins léché (exemple de L’institutrice).
– La transformation d’une mère bcbg en une chouette salope renvoie également à Chantages (tome 1 sur le blog) d’Ardem.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette intégrale en ligne ici.
Avec une BD pornographique entre les mains, le Tigre s’inquiete de la gestion de la taille des cases. Si ca ce n’est pas du professionalisme, je ne sais pas ce que c’est!
C’est à ce genre de détails qu’on reconnaît la modernité féline. « entre les mains »…disons que je tenais la BD d’une main. Mais la taille des cases a parfois son importance, dans le cas présent la foultitude des scènes sur une unique planche confinait à l’écœurement.
C’est pas la taille qui compte!
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