Sous-titre : La boîte de Pandore. VO : Welcome, Nowhere. Des scientifiques armés continuent de basculer d’une dimension à une autre, et celle visitée ici est une expérience particulièrement périlleuse – en plus d’en apprendre plus sur les attributs de la machine permettant ces voyages. Opus parfois confus mais efficace, presque un succès.
Il était une fois…
Le sixième chapitre se terminait sur la perte d’un protagoniste et un nouveau saut dans l’infinivers. Mais vers où ? Pia, Nate et Shawn sont prisonniers d’une espèce qui envisage de les libérer de leurs tourments – en les tuant, bien évidemment. Le temps presse malgré tout, et rien ne semble s’arranger dans les autres univers…
Critique du second tome de Black Science
Après un premier tome qui avait correctement secoué les puces du Tigre, le voilà replongé dans une aventure démente avec ce groupe de scientifiques, lesquels doivent s’improviser guerriers pour survivre dans des mondes aussi accueillants que votre appartement un lendemain de dégâts des eaux doublés d’une invasion de punaises de lit – l’aspect insectoïde de la référence n’est pas là pour rien quand on regarde les ennemis.
Difficile de résumer ce qui peut bien se passer. Les héros sont bloqués sur un monde profondément hostile pendant au moins trois heures avant l’activation du pilier – l’appareil qui les fait passer dans un autre univers et dont certaines fonctions restent à découvrir. L’enfer n’est jamais loin avec une civilisation adepte des sacrifices dont la bande échappe de justesse grâce à l’aide d’un des leurs. Alors que certains manquent de se perdre et ne sont pas assurés de retourner près des piliers, d’autres apparaissent provenir d’un autre univers qui a connu l’enfer (Chandra est un bel exemple de mélange des genres), bref la fuite en avant semble inévitable.
Hélas, et même si l’action se situe dans une poignée de lieux (dont un principal qui mérite le détour), j’ai négligemment survolé la narration et les problématiques abordées. Certes le gros de l’intrigue est passionnant, toutefois j’ai eu plus d’une fois le sentiment de ne rien biter aux conséquences sous-jacentes des actions des personnages. Sans compter les multiples remarques in petto d’une poignée d’entre eux (sur leur jeunesse, leur approche de la vie, bref leurs ressentis), sur-narration qui apparaît souvent dispensable même si ça ajoute de l’humanité – les faiblesses de chacun étant mises à jour.
Alors, comment le félin a pu surmonter cet état cotonneux de lecture ? Tout simplement en se laissant porter par quelques passages de pure beauté et en appréciant, à leur juste valeur, des illustrations de Matteo Scalera. Le trait est toujours aussi précis et sec (ça me dérangeait aux entournures au début, surtout le rendu des visages), mais il faut convenir que l’illustrateur s’est arraché le bout des doigts en esquissant tant les étranges paysages que leur faune – espèce dominante, hommes pseudo-préhistorisques, et ce magnifique medley qu’est l’Indien futuriste. Bref, vais devoir me procurer le tome suivant, c’est trop tentant.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La communauté dans laquelle se retrouve les scientifiques jouit d’une folie furieuse à la cohérence désarmante. Il est question de « renaissance » et autres réjouissances dans un sacrifice qu’il convient d’éviter. Ces êtres ont à la fois le raffinement des plus illustres sectes fonctionnant en circuit fermé et sourdes aux protestations extérieures (qu’elles détournent pour leur propre compte) ; et la violence barbare est renforcée par leurs bouilles, d’un aspect à mi-chemin entre un Alien sorti d’un film de Ridley Scott et des orks disposant de montures cauchemardesques crachant de l’eau. Des étrangers totaux, autant dans l’allure que l’attitude.
Pour finir, il faut rappeler que plus les protagonistes avancent dans leur quête (qui est de rentrer chez eux, bonne chance à eux), plus ça part en sucette. On retrouve l’idée selon laquelle si une affaire est merdeuse à l’origine, moins s’esquisse le début d’un happy-end – ça colle bien avec de Charybde en Scylla, titre du premier opus. Ce n’est pas tant que l’espoir est vain, mais que le pilier est un cadeau qui empoisonne tous ceux le tenant entre leurs mains rapaces. Le résultat d’une telle technologie est consternant, tout retour en arrière semblant impossible tellement les gentils sont amenés à se sacrifier tandis que d’autres débarquent d’une autre dimension pour « arranger » leur situation – qu’ils ont vu 100 fois tourner à l’aigre. Une infinité d’intérêts individuels susceptibles de s’affronter, chouette.
La solution avancée qui clôt cet opus ? Tout est dans l’image de l’oignon. Il faut le peler jusqu’au bout et aller dans son cœur, à la source.
…à rapprocher de :
– Commencez par le tome 1, De Charybde en Scylla, c’est mieux.
– Les personnages qui se révèlent venir d’un autre monde et la confusion qui s’installe me rappellent ce chouette film qu’est Coherence, de James Ward Byrkit.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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