VO :Woken Furies. Ne vous fiez surtout pas à l’image de couverture (c’est scandaleux comme celle-ci est naze), il s’agit encore d’une petite bombe qui clôt avec brio une saga qui pourrait continuer à l’infini. Il sera enfin apporté quelques douces réponses aux nombreux « name droping » des deux épisodes précédents, sans compter l’intrigue, toujours aussi luxuriante.
Il était une fois
Pour l’ultime opus de la série, Tigre va copier-coller le quatrième de couverture. Enfin une petite partie, parce que Bragelonne ne s’est plus sentie pisser :
« Takeshi Kovacs rentre chez lui… sur Harlan, la planète océan. Ses 5 % de terres émergées. Ses mers dangereuses et imprévisibles. Ses plateformes martiennes, qui détruisent tout ce qui vole si c’est plus évolué qu’un hélicoptère. Harlan. Sa révolution quelliste évanouie. […] Embarqué dans une croisade implacable pour venger un amour perdu, Kovacs dérive dans un ouragan d’intrigues politiques et de mystères technologiques tandis que les fantômes d’Harlan et son propre passé de violence se rappellent à lui. Quellcrist Falconer serait revenue d’entre les morts. Et cette fois, les Premières Familles ont envoyé à ses trousses un jeune Diplo nommé… Kovacs, en hibernation depuis deux cents ans, qui ne compte pas partager sa nouvelle existence avec un sosie criminel sur le retour. […] »
Critique de Furies déchaînées
Enfin le dernier. Y’a deux extrêmes dans lesquels ne pas verser avec le cycle de Takeshi Kovacs : le premier est, comme votre serviteur, aligner en une semaine les trois titres tellement Richard Morgan a imaginé un univers cohérent, continu et profondément addictif. Le deuxième est d’attendre trop longtemps et perdre de vue les problématiques et l’oppressant environnement cyberpunk et amoral.
L’histoire, assez banale, part (encore, ai-je envie de dire) vite dans tous les coins. Grossièrement, la fameuse révolutionnaire Quellcrist (dont les protagonistes faisaient souvent référence avant) serait de retour en ayant « piraté » un cerveau humain modifié pour explorer des stations de tir orbitales martiennes installées depuis des millions d’années. Rien que ça.
Et forcément ça ne plaît pas aux Grandes Familles, sorte de dynasties qui concentrent le pouvoir sur quelques planètes depuis des lustres. Ces dernières ne veulent pas revoir l’ancien bordel quelliste revenir et feront tout pour empêcher Kovacs et ses potos de renverser l’ordre établi, sans compter que certains artefacts laissés par les Martiens (du moins on les appelle ainsi, comme leurs reliques ont d’abord été trouvées sur Mars) sont en plein état de marche. Mais le petit plus de ce roman reste, à mon sens, le double de Kovacs (plus jeune, plus vigoureux, plus impitoyable) qui se balade dans la nature et donne une configuration particulière à l’affrontement.
Pour le style, soit vous pouvez lire mes précédentes critiques sur les premiers tomes, soit savoir ceci : c’est sec, bien amené et jouissif comme tout. Action, humour, sexe, le mix est réussi. Toutefois, c’est encore trop dense (sur 600 pages pourtant) pour que Le Tigre ait le temps de savoureux les péripéties comme dans un roman d’un Peter F. Hamilton ou Alastair Reynolds.
Au final, je n’ai définitivement pas regretté avoir été pris au piège par le père Morgan, n’hésitez pas si vous aimez la hard SF en mode thriller burné et plein de bonnes trouvailles.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Pour un auteur de SF, Morgan maîtrise aussi bien la techno que l’aspect plus sociétal de ces titres. Rien que les exceptionnelles considérations politiques mâtinées de génétique on laissé le félin sur le cul tellement c’était finement trouvé. A titre d’exemple, et sans trop spoiler, il est question d’une arme redoutable inventée par des révolutionnaires : il s’agit de programmer génétiquement ses enfants et toutes les générations suivantes (à l’aide d’une sorte de virus) à détester un certain pouvoir (ici, les caractéristiques physiologiques d’une famille régnante) pour faire en sorte que le dégoût soit automatique et viscéral, poussant la rébellion dès que le moment est propice. [blague à part, je cherche à concevoir un tel virus qui porterait sur l’ENA]
Le problème, dans cet ouvrage, est l’exhaustivité exagérée des sujets traités. La politique et la science occupent une place importante et certaines notions, telle la théorie des flux de concentration et déconcentration des pouvoirs, auraient mérité d’être plus approfondies. Parallèlement, Morgan en profite pour décrire une religion faite à base de barbus à la vision patriarcale qui offusquerait même un Saoudien intégriste, quelque chose de certes révoltant, mais qui s’insère plutôt bien dans le délire ambiant d’un monde futuriste où tout semble possible. Surtout le pire.
A rapprocher de :
– Cette saga commence avec Carbone modifié, puis Anges déchus. Je ne saurais trop vous conseiller de les lire tous dans l’ordre.
– Si vous avez peur d’être entraîné dans ces aventures, y’a un one-shot très correct du même auteur : Black Man. Sombre avec d’excellentes idées également.
– Les religions plus ou moins merdiques qui polluent leur monde, c’est, dans une certaine mesure, Frontière barbare, de Brussolo (même si celle-ci s’avère finalement utile). Je fais le lien avec ce titre car la complexité de l’intrigue est similaire (on en prend plein la gueule).
– Pour des sagas qui partent dans tous les sens et sont autant « décomplexées », vous pouvez sans risque vous frotter aux Aux’, de Gunn. Tome 1 et tome 2 sur QLTL, joie.
– Techno-thriller avec zéro prise de tête en version française, c’est Incursion (en lien) de Pierre Brulhet. Plus court et moins sérieux.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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