VO : The Last Detective. Le détective Elvis Cole n’a guère le temps de se reposer avec sa nouvelle petite amie que le gosse de cette dernière se fait kidnapper. Et le truand semble en vouloir à notre héros. A juste titre ? Action, suspense, flashbacks édifiants permettant de mieux connaître le héros, la machine littéraire est bien huilée.
Il était une fois…
Elvis coule un weekend pépère avec Ben, le gosse de Lucy qu’il apprivoise peu à peu (pas la donze hein). La félicité ne dure pas longtemps, le morveux est enlevé. Quelques heures après, un appel mystérieux d’un homme qui semble en savoir long sur le passé de Cole au Vietnam – et l’accuse de tous les maux. La machine policière se met en branle, assistée du taciturne Joe Pike. Plus les heures passent, plus la situation devient tendue : l’ex de Lucy monte sur des chevaux de plus en plus grands, les suspicions se tournent vers Cole, sans compter que le petit Ben (moins de dix piges quand même) est dans une situation très inconfortable.
Critique du Dernier détective
Je vous ai déjà dit que Bobby C. est une valeur sûre ? Le mec parvient, avec sa paire de protagonistes au pedigree chargé, à les foutre dans des situations variées et passablement stressantes. Et qu’y-a-t-il de plus flippant de voir le gosse de sa petite amie manquer à l’appel à cause de son passé ? Cela signifie la fin de notre détective préféré ? [référence au titre, done]
Voilà donc la situation : Ben kidnappé alors qu’il jouait dans le jardin, le crime revendiqué par quelqu’un qui est au jus des faits d’armes de Cole au Vietnam, sinon c’est le brouillard total. Avec des compétences et coups de chatte qui frisent le foutage de gueule (spotter l’endroit où les ravisseurs étaient, prélever quelques brins de tabac, récupérer deux poils de cul planqués dans la forêt – j’exagère à peine), nos amis remontent inéluctablement le fil pendant que le lecteur aura, de temps à autre, le point de vue de la victime et des méchants. Jusqu’à la dernière surprise du chef qui vaut le coup de lire ce polar jusqu’au bout.
Comme toujours, Crais fait montre d’une écriture sacrément efficace malgré quelques facilités de narration (l’enquête qui avance grâce à peu de choses) ou certains clichés certes amusants mais peu nécessaires. Tigre pense notamment à la policière Carol Starkey, mise au placard et n’attendant qu’à exploser, mais surtout au technicien de la police scientifique, un Asiatique frustré qui ne pense qu’à baiser et fait furieusement penser à celui de Dexter, de Jeff Lindsay. Heureusement que les chapitres sont courts et le style sec (sans que cela ne nuise à l’immersion), on croirait lire le script d’une série rondement menée.
Si le félin a apprécié Le dernier détective, c’est autant pour l’intrigue prenante que les nombreuses informations délivrées sur Elvis Cole. Lorsque d’autres titres se concentrent sur le parcours de Joe Pike (père violent qui l’a contraint à connaître la forêt comme dans sa poche), cet ouvrage permet de lever pas mal du brouillard entourant Cole – tellement que je parlerai que de ça dans les prochains chapitres.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Y’en a que pour Elvis Cole, et les petits interludes (flashbacks plutôt) sont nombreux et donnent au récit une dimension supplémentaire de grande volée.
Tout d’abord, c’est un jeune Cole dont nous suivons les premiers pas en présence d’une mère correctement folle. Du genre à décider, sur un coup de tête, à changer le prénom de son gosse. A partir sans raison pour revenir des semaines après, laissant le petit Elvis seul – lequel prévient un voisin qui l’emmène chez son grand père. Le type de maman à l’esprit jeté, instable au possible, qui fout la honte à son fils et le met dans des situations qu’à son âge il n’a pas à connaître. Comment se construire avec un tel passif ?
Ensuite, c’est presque tout naturellement que Cole s’engage dans l’armée et, fort de ses capacités à survivre, va sauvegarder les intérêts de l’éternelle Amérique au Vietnam. Une partie de plaisir. Sauf quand son unité, la 51, lors d’une mission où toute l’équipe est trucidée, à l’exception de Cole qui parvient à prendre un hélico en traînant le corps déjà froid d’un de ses camarades de jeu. De quoi constituer des liens très forts avec les familles de ses coéquipiers, où le terme « soutien » n’est pas un vain mot.
Plus généralement, c’est le thème de l’abandon qui lie ces deux expériences. Traumatisme de l’abandon par une mère à l’esprit aussi absent que le père est physiquement inexistant, et abandon d’équipiers d’infortune dans une guerre sale. Dans les deux cas, Cole n’y est pour rien, mais ne peut s’empêcher de se sentir comme responsable. Alors lorsque Ben est porté disparu, c’est la goutte de trop. Sans compter que la fuite reprend au cours du roman, avec la belle Lucy qui également remet en question son engagement avec Elvis – y’a que Joe Pike qui fait preuve d’une inébranlable fidélité. .
…à rapprocher de :
– Il fut un temps où votre serviteur avait fait une razzia sur Crais. Dans l’ordre de parution, ça donne : Indigo Blues ; L.A. Requiem ; le présent roman ; L’homme sans passé (mouais) ; Mortelle Protection (ne vous fiez pas au titre pourri) ; A l’ombre du mal ; Règle numéro un ; etc.
– Sans les héros habituels, vous avez Otages de la peur ( plutôt marrant) et Deux minutes chrono (à éviter).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
Ping : Robert Crais – Mortelle protection | Quand Le Tigre Lit
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Ping : Robert Crais – Otages de la peur | Quand Le Tigre Lit
Ping : Robert Crais – L.A. Requiem | Quand Le Tigre Lit
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