VO : The Forgotten Man. Le célèbre détective va mener une enquête éminemment personnelle susceptible de raviver des souvenirs. Who’s your daddy ? Écriture efficace pour une enquête au rythme satisfaisant (mais dont le dénouement tombe à plat), il y a hélas quelque chose de faux et gavant dans cette narration sans faux pas. Loin d’être le meilleur titre de l’auteur.
Il était une fois…
Elvis Cole se remet à peine de ses précédentes aventures qu’il reçoit un coup de fil assez particulier : un mec vient d’avaler son bulletin de naissance en plein milieu de L.A. Rien d’extraordinaire si ce n’est que le type a demandé à parler à Cole qui serait son fils. Ça remue un peu notre détective qui n’a jamais connu son daron même s’il suppute que le mort a mythonné dans les grandes largeurs. Qu’à cela ne tienne, Elvis va remonter la pelote de laine de ce mystère – avec l’aide plus ou moins bienveillante de la police.
Critique de L’homme sans passé
Ce roman est la suite directe du Dernier détective, lorsque le fils de l’ex petite amie du héros (Lucy) s’était fait kidnappé par des fous furieux mandatés par…le nouveau mec de la belle. Après avoir héroïquement libéré le chiard, Cole a pris une double claque : c’est devenu une star très demandée mais Lucy Chenier s’est barré loin de ce bordel en mode « tu apportes le malheur autour de toi ».
C’est donc dans cette situation pour le moins inconfortable qu’Elvis Cole va suivre une affaire assez originale : savoir qui est le mec ayant prétendu être son paternel, d’où il vient, où il va, pourquoi il a été tué, et tutti quanti. Le privé mène alors ses investigations plus ou moins main dans la main avec la police tout en pensant à cette pauvre Lucy Chenier tandis que la flic Starkey, fou d’amour de Cole, se tâte à lui déballer ses quatre vérités. On retrouve également, de manière plus discrète, quelques personnages bien connus tels que Joe Pike (un vrai fantôme) ou Chen, de la police scientifique, toujours aussi obsédé du cul.
L’écriture de l’auteur américain demeure inchangée, un vrai métronome le gus : chapitres courts, cliffhangers putassiers toujours soigneusement placés, fluidité dans la lecture, bref aucune raison de changer ce qui faisait le succès de l’écrivain. La narration opère tour à tour du point de vue de Cole (notamment quelques flashbacks de sa peu tendre jeunesse), un mystérieux Frederick (un fou dangereux parano sur les bords) ou l’agent Starkey, avec des styles sensiblement différents.
Alors, pourquoi cette déception ? Déjà, certains passages m’ont semblé très peu clairs, disons que quelques chapitres ont un intérêt limité (bref : on s’emmerde). Ensuite, le fin mot de l’histoire est un quasi scandale aussi inattendu (dans le mauvais sens du terme) que frustrant. Rien n’est réglé, et à bien y réfléchir c’est salement tiré par les cheveux. Enfin, après avoir lu la plupart des œuvres de Crais, force est de reconnaître qu’il était moins en forme sur celle-ci. Attention : dire qu’un Robert C. est décevant ne signifie pas que c’est un torchon pour allumer le feu. Loin de là.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Un petit mot sur le titre voulez-vous ? L’homme sans passé, au premier abord c’est cet inconnu qui aurait susurré le nom de Cole en disant que c’est son fils et dont retrouver la « vraie » identité donne des maux de tête à la police. Usage de différends noms, paiement en liquide, le macchabée n’est pas vraiment coopératif. De même, les quelques souvenirs (sans grand intérêt d’ailleurs) du détective privé montrent un gosse cherchant désespérément son père, quitte à passer des jours dans des foires – sa mère lui a dit que son géniteur est un « homme canon » je vous laisse imaginer le trouble dans la tête du petit Cole. La fin du roman n’apportant aucune réponse satisfaisante (malin le Crais, il en laisse pour d’autres romans), c’est à se demander si L’homme sans passé ne fait pas référence à Elvis Cole.
Cependant, si vous vous attachez au titre en VO, dont la traduction aurait dû être « L’homme oublié », alors il est à la fois question du père du héros dont il ne peut se souvenir que du héros lui-même dans le sens « abandonné ».
Plus prosaïquement, Bobby Crais a mis en place une enquête classique où le héros s’attache à n’importe quel petit détail. Ça commence forcément par quelques indices (l’étude du corps du défunt par ci, une clé magnétique par là) menant à d’infimes pistes. L’une d’elle (l’intervention d’une boîte de call-girls) apporte de nouvelles questions et met en scène d’autres personnages pas forcément recommandables, lesquels prennent un certain temps avant de lâcher le morcif – n’ayant pas conscience des enjeux de l’affaire. Parallèlement, un méchant déroule le fil depuis son autre extrémité, jusqu’à un télescopage forcément explosif. Curiosité, pugnacité, voilà les maîtres mots de la découverte de la vérité [Attention SPOIL : tous ces beaux indices, c’était du vent pour faire en sorte qu’il trouve un autre tueur. Bof]
…à rapprocher de :
– Il fut un moment où le félin mangeait du Robert Crais au petit déj’, et s’en contentait largement. Dans l’ordre de parution : Indigo Blues ; L.A. Requiem ; Le Dernier Détective ; le présent roman ; Mortelle Protection (pas mal du tout !) ; A l’ombre du mal ; Règle numéro un ; etc.
– Sans les héros habituels, vous avez Otages de la peur ( plutôt marrant) et Deux minutes chrono (à éviter).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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Merci de découverte !
à bientôt pour de prochaine lectures !
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