VO : idem. Suite à une expérience, tous voient leur avenir dans 20 ans pendant 2 minutes. Les implications sociales, économiques, politiques sont très bien anticipées par l’auteur, et le déroulement final est tout simplement délirant. Bon roman d’un auteur que Le Tigre apprécie, et ce en dépit d’un rythme un peu lancinant.
Il était une fois…
En 2009, une expérience menée par le CERN pour trouver le boson de Higgs a une conséquence étonnante – déjà, première satisfaction de voir que la France et la Suisse peuvent, seules, foutre la merde worldwide. En effet, l’Humanité se retrouve inconsciente pendant deux longues minutes. Et oui, toute la population de la planète ! Imaginez un peu le charivari. Encore plus fun, chacun a, pendant son « sommeil », pu voir son avenir dans vingt ans. La face de la Terre va définitivement changer.
Critique de Flashforward
J. Sawyer, c’est un peu le trublion de ma bibliothèque SF, le genre de gus qui sait faire simple (sans doute trop ?) mais puissant. 380 pages qui auraient pu être 200, mais aussi 1 000 si l’auteur avait pris la peine de développer certains concepts – j’y viendrai.
Comme je l’ai expliqué, toute la populace voit l’avenir à un horizon de deux décennies. Cette problématique occupe une grosse partie du roman, et Robert J.S. joue avec cette intrigue plutôt bien : il est bien sûr question du déterminisme lié à cette vision, sachant que ne rien voir signifie qu’on sera mort dans 20 piges. Très vite, certains prouvent que le destin est modifiable (se tuer pour prouver que l’avenir est faux, quelle bonne idée…), tandis que d’autres sont au centre des attentions – Le Tigre pense au pauvre gars qui sera Président des États-Unis, et menace toute personne le contactant d’un retentissant contrôle fiscal.
Comme souvent chez cet écrivain canadien, le narrateur (Lloyd Simcoe) est un scientifique que je qualifierais de « normal » : pas excessivement intelligent, le genre de héros qui par sa spécialité (physique des particules) se retrouve au beau milieu d’une fabuleuse aventure. Sinon, il faut avouer que ce titre est plutôt facile à lire, la lecture en diagonale est possible eu égard le rythme souvent morne. Sauf des explications scientifiques poussées qu’il faudrait que je vérifie un de ces quatre.
Voilà donc un titre qui ne laisse pas indifférent, hélas pas pour ses qualités littéraires : Flashforward, sous couvert d’une idée peu commune et porteuse, a su aller au-delà du sujet originel pour aborder des thèmes (fort scientifiques) auxquels j’avoue ne pas avoir tout compris. Quoiqu’il en soit, un titre sans grande prétention au premier abord, mais qui sait se révéler de plus en plus fin.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Attention, le félin va sortir l’arsenal quantique. Et ça fait mal. Je ne vais pas vous bourrer le mou avec les raisons de savoir pourquoi de telles visions, alors que la réitération de l’expérience n’apporte rien – des neutrinos qui font des leurs, ou je ne sais quoi. L’aspect intriguant est que, pendant les 2 minutes de blackout, aucun enregistrement (audio, vidéo, etc.) n’a pu être fait. Aussi se pose la notion de l’observateur lors d’une expérience : la théorie quantique veut que celui-ci modifie irrémédiablement les résultats qu’il observe. Aussi, en l’absence d’observation (tout le monde est dans le coaltar), l’Humanité est en « suspension » et rien ne peut être déterminé – et ainsi analysé. Vertigineux.
En outre, les derniers chapitres m’ont paru encore plus impressionnants. Car, pour la deuxième réitération de l’expérience (troisième flashforward, vous suivez ?), personne n’a de vision. Sauf une poignée d’individus – dont le héros. Pourquoi ? [Attention SPOIL] En fait, tous ont vu un avenir trop lointain. Ils seront donc morts, sauf quelques personnes qui auront la chance de participer à un programme destiné à prolonger leur vie indéfiniment. Et la vision du héros est sublime, presque un ange qui se balade dans l’espace intersidéral. L’immortalité qui s’invite, ce n’est pas joli ? [Fin SPOIL]
…à rapprocher de :
– De cet auteur nord-américain, Le Tigre s’est régalé avec Calculating God, moins avec Starplex.
– Sur la complexité de la théorie quantique, notamment l’observateur qui influe sur l’expérience, y’a l’excellent Blind Lake de Robert Charles Wilson qui est détonnant.
– En BD, l’expérience du CERN est traitée de façon surprenante dans le deuxième tome de Days Missing (intitulé Kestus), de Phil Hester. Une pépite.
– Pour ceux qui se demandent, la série télévisuelle n’a absolument rien à voir. Mais alors rien du tout. J’irais même jusqu’à…oui…dire que c’est…comment formuler ça?…une somptueuse daube.
Enfin, si c’est en rupture dans votre librairie, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
Ping : Robert J. Sawyer – Starplex | Quand Le Tigre Lit
Ping : Phil Hester – Days Missing 2 : Kestus | Quand Le Tigre Lit
Ping : Robert Charles Wilson – Les Chronolithes | Quand Le Tigre Lit
A noter qu’une adaptation en série TV a fait un bide il y a quelques années, au point d’être annulée en cours de production. Dommage, parce que c’était plutôt pas mal, voire même assez audacieux, mais bien sûr, ça tourne cacao dès que les scénaristes se sont mis à devoir finir six saisons et un film en 16 épisodes.
Je l’ai vue, elle était carrément médiocre à mon humble avis. Aucune référence à l’immortalité, heureusement que les producteurs ont mis un terme à celle-ci.
Elle était honteuse cette série. Je me souviens du fou-rire que j’ai eu, lors du dernier épisode.
En imaginant la discussion de l’équipe de nuit/gardiennage du commissariat, qui se retrouvent tous dans un même ascenseur :
– T’as eu quoi, toi comme flashforward ?
– Rien.
– Moi non plus.
– Moi non plus.
– Moi non plus.
– Ah ben moi non plus.
C’est encore plus drôle lorsqu’on réfléchit au gars qui a choisi cette équipe …
Ping : Robert Charles Wilson – Blind Lake | Quand Le Tigre Lit