Sous-titre : Les aventures du commissaire San-Antonio. Le fameux commissaire le plus burné du pays revient, mais cette fois-ci en bande dessinée. Il n’aurait jamais dû, le résultat est tout bonnement pitoyable. Humour gras qui ne passe pas, illustrations dégueulasses à cause desquelles je n’ai pas pu finir l’ouvrage, scénario confus et déglingué, il n’y a que très peu de chose à sauver. Qu’on ne m’y reprenne plus.
Il était une fois…
La France est dans une bien chiante posture : un pays d’Amérique centrale, le San-Sanfer (une merde qui se fait appeler « État » près de l’Equateur) a décidé de virer les investisseurs et techniciens français de son territoire pour les remplacer par des pro-Chinois. Or, ce pays est le principal producteur du sufocrading, puissant carburant dont dépend l’économie mondiale. Heureusement, les services français ont eu vent qu’un savant made in France comptait travailler pour les San-Sanfériens. Et le commissaire San-Antonio est tout indiqué pour prendre la place du savant et détruire sur place les réserves de sufocrading.
Critique de Olé ! San-Antonio
Le félin adore San-Antonio. Purée, qu’est-ce que mon imaginaire a pu s’emballer face à ses désopillantes histoires où l’action, la facilité et le cul se mélangeaient avec une jouissive allégresse. Mais là, en version dessinée, ça ne passe tout simplement pas.
Tout ceci a pourtant bien démarré : le héros devait se faire passer pour le traître, hélas Béru s’en mêle et c’est lui qui doit (il a laissé ses empreintes le con) y aller en lieu et place de Sana. Pour cela, il devra perdre plus de soixante kilos. Le régime imposé, la disparition de son épouse, les préparatifs de l’opération et la manière dont elle foire dès le début, franchement c’était bonnard – Bérurier sec comme un coup de trique, le coup d’œil vaut le détour. Mais ça n’a pas duré.
Le fiston de l’auteur, Patrice Dard, a tellement eu la main lourde question péripéties que j’ai été infoutu de dépasser la page 25. A ce moment, l’obèse Béru était miraculeusement sauvé du peloton par ses amis, et l’ingénue Marie-Marie (la gosse s’était invitée dans l’aventure) commençait par ses remarques à me courir sévèrement sur le haricot. Face au bordel ambiant, aux blagues insipides et à une police d’écriture assez petite et rendant le texte foutraque et peu engageant, le félin a souverainement décidé d’arrêter les frais.
Outre le scénario qui part en quenouille et fatigue le lecteur qui n’en pourra plus des jeux de mots et remarques in petto de l’auteur (la nausée arrivant dès la dixième page), les illustrations du Studio Henri Desclez valent à elles seules un gros carton rouge. Cet album est, à mon sens, un sublime exemple de la manière de gâcher une belle idée en y associant un dessin basique, sans caractère, avec des protagonistes illustrés à la va-cite et des décors finis à la truelle – par politesse, je ne parlerai pas des couleurs. Point barre. Fuyez.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Cette histoire est l’occasion de tirer à feu nourri sur l’image d’Épinal (couleurs vives comprises) que nous nous faisons de la parfaite république bananière. Une langue espagnole de carnaval, des soldats aussi incapables que grossiers (sans parler de leur esprit de fonctionnaires), une population sympathique et dans le dénuement le plus vilain, bref la boîte à clichés n’était pas loin de m’exploser à la gueule.
Par un étrange jeu de miroir, force est de constater que c’est le même topo pour la France. Déconneur comme il l’est, San-Antonio (l’auteur, pas le héros, quoique…) présente des anti-héros franchouillards et à la bêtise notoire qui ne s’en sortent que grâce à la connerie encore plus éloquente de leurs ennemis. Franchement, atterrir au mauvais endroit, perdre sa moustache postiche (Sana, que je pensais plus débrouillard que les autres), il y a également quelque chose de pourri au royaume du Général de Gaulle. Si vous ajoutez quelques personnages peu reluisants aux airs de politiciens de l’époque (même De Funès y passe), je vous laisse imaginer le pathétique tableau.
…à rapprocher de :
– Tant qu’à lire le meilleur Sana, allez du côté des Vacances de Bérurier. Une rigolade non-stop.
– La grasse crasse du dessin et le scénario qu’on a envie de mener au peloton d’exécution, c’est exactement Tous les chemins mènent au Rhum, de Collaro. Autre exemple de foirage total.
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