Le mythique groupe de rock français décortiqué par un auteur qui sait ce qu’il fait, il n’en fallait pas plus. Surtout pour Le Tigre, définitivement porté sur la new-wave, style à propos duquel Indochine a montré que les Français n’étaient pas si nuls (avec Darc). Assez long et intéressant, ça peut autant se lire en diagonale que se relire.
De quoi parle Indochine : Insolence rock, et comment ?
Je l’annonce tout de suite, ce sera un des articles les plus subjectifs que Tigre s’apprête à pondre. Car Indo, c’est un peu toute ma jeunesse. Avec la subliiiime Mylène Farmer et les Depeche Mode. Ma copine pense que je suis gay. C’est faux. Car lorsque L’aventurier se met à résonner dans une soirée, je laisse sous la table mes chaussures et vais choper la première damoiselle que je croise pour un rock endiablé.
Petite digression au passage. Il m’est arrivé de danser un rock avec un homme. Un ami, et si possible sous l’emprise du même état alcoolique ou festif. Et croyez moi ou pas, c’est le test ultime que les RH devraient proposer pour déterminer, de deux hommes, lequel est le mâle dominant. Revenons à nos brebis pas si galeuses que cela. Le grand essayiste Sébastien Michaud a réussi un petit exploit : faire en sorte que le fan du groupe se régale ; et s’assurer que le profane pourra piocher ici et là les passages qui lui plairont, et ce sans gâcher la lecture.
Chapitres bien structurés, quelques photos des protagonistes, énormément de bons mots de la part de Nicolas Sirkis (je n’ose imaginer le temps pris par ses interviews), c’est une petite aventure que j’ai vécue. Sourires narquois face aux pérégrinations de ces insouciants, une petite larme sur les moments moins drôles. Le décès de Stéphane Sirkis (père d’une jeune Lou) surtout, qui à force d’alcool a eu hépatite foudroyante et autres soucis de santé tomber trop vite sur la gueule.
Au final, j’ai cru voir de subtiles points communs avec Depeche Mode, de l’autre côté de la Manche : des jeunes (la vingtaine à peine) qui pondent des premiers refrains entêtants et efficaces, de nombreux abus qui ne vont pas de pair avec vie de famille (voire la cohésion du groupe), et la même déception de se dire qu’une mise à jour de cet essai devra bien voir le jour. Car Indochine n’a pas fini de me surprendre.
Ce que Le Tigre a retenu
Il y a énormément d’anecdotes et d’édifiantes choses à apprendre sur ce groupe, et les énumérer dépasserait la limite de mots que je me fixe habituellement. Aussi, si vous pensez que quelque chose d’extrêmement important semble manquer, n’hésitez pas à le dire dans les commentaires.
D’emblée, la question que tous se posent : « mais pourquoi Indochine ? » Le père Sirchis (son vrai nom, c’est sûr qu’un K ça en jette plus) était à l’époque un grand lecteur de Marguerite Duras. Toute cette culture asiatique, l’imaginaire que cela pouvait développer, le principe de double culture, ça lui a plu. Et comme le dis Nico, tout cela fait provoc’, avoir le nom d’une institution disparue depuis longtemps, une guerre perdue d’avance. Un peu comme s’ils avaient choisi le nom « Algérie française ». Insolence rock, le titre prend toute sa saveur.
Tellement insolent, jeune et populaire que pas mal de médias ne les ont pas vraiment pris au sérieux. D’emblée, la voie de Nicolas S. qui n’est pas des plus mélodieuses en ce bas monde. D’énormes progrès ont certes été faits, toutefois cela n’empêchait pas quelques journalistes qui se croyaient malins de poser des questions pièges du style « qui est le bassiste de Joy Division ? ». Juste histoire de confondre des touristes. Hélas nos artistes sont plus au fait de l’univers musical que beaucoup de groupes de l’époque (notamment en comprenant le potentiel de la new-wave), et à l’instar de DM c’est une équipe (dont il reste certes un membre fondateur) qui écume les scènes depuis plus de trente piges.
Il y a quelques historiettes sympathiques dont Tigre se souvient : le bordel provoqué après un concert, en Suède (si je ne me trompe pas), lorsque nos jeunes chanteurs ramenèrent trois nanas du cru dans leur chambre d’hôtel. Et un des membres disait en substance que pour l’écho médiatique que ça avait provoqué, ils auraient du se les taper. Ou alors la petite communauté de fans péruviens à qui ils envoyaient un exemplaire de leurs nouveaux albums, sachant pertinemment que celle-ci serait piratée mille fois.
…à rapprocher de :
– Seb Michaud est un excellent essayiste, et s’est occupé de façon satisfaisante de Depeche Mode. Ce n’est pas pour rien que j’ai si souvent invoqué ce groupe anglais.
– Bien évidemment écouter quelques titres parallèlement à la lecture de ce modeste pavé est fortement recommandé. En ce qui me concerne, j’adore Electrastar (hommage à Stef Sirkis), Manifesto (qu’il a composé si je me souviens bien) ou Dancetaria. C’est beau (mélodiquement parlant) électrique et empreint d’un envoûtant pessimisme. La chevauchée des champs de blé me donne un solide coup de fouet au réveil également.
Enfin, si votre libraire ne peut vous commander ce titre, vous pouvez le trouver via Amazon ici. Ou directement sur le site de l’éditeur.
« Car Indo, c’est un peu toute ma jeunesse. Avec la subliiiime Mylène Farmer et les Depeche Mode. Ma copine pense que je suis gay. C’est faux. »
*rires*
Vous avez raison. J’ai oublié Bronski Beat (la reprise de Smalltown boy par indo vaut le coup d’oreille) et Fancy. Ce n’est pas de ma faute si, depuis la new-wave, il n’y a rien à écouter.
Ping : Sébastien Michaud – Depeche Mode : Éthique synthétique | Quand Le Tigre Lit
Au moins le titre est bien trouve. Insolence Rock. L’insolence c’est mignon, c’est gentillet. L’insolence est a la revolte ce qu’Indochine est au rock en fait.
(ou Mussot a la litterature… Non le Tigre, pardon, c’est de l’insolence!)
😉
Attention à ce que vous dites ! Je serais tenté de dire que Musso est à la littérature ce que la musique d’ascenseur est au rock plutôt. Et oui, le titre est superbe. Cet éditeur fait en général un beau boulot de ce côté là.
Ce n’est pas gentil pour les ascenseurs ça…
Mais ma remarque était ironique a la base. Finalement dire de qq’un qui se réclame du rock qu’il est juste insolent… On est a la limite du péjoratif non?
Pardon mais ça fait couille molle.
N’ayez crainte, ma réponse était tout autant ironique. J’essaye de simplement doser les smileys pour ne pas transformer QLTL en blog kawaï. Pour le terme « insolent », vous n’avez pas tort (et couille molle m’a fait rire), même si je voyais plus cela comme le comportement de quatre (ou cinq) jeunes qui ont composé ce qu’ils voulaient, et ont eu un « insolent succès ». Mais bon, Tigre ne sera objectif sur Indo !