Sous-titre : Blake & Mortimer, tome 19 (et oui déjà). Le célèbre paléontologue à la recherche de l’origine de notre espèce, ça annonce du lourd non ? Hélas le dénouement, sans grande saveur, est éclipsé par une autre intrigue plus « fantastique ». Dessins gentillets et textes aussi fournis, ce tome semble être né déjà vieux.
Il était une fois…
Tout commence par un explorateur, qui, trois mois auparavant, découvre une mystérieuse civilisation qui a un rapport avec une roche ramenée par Mortimer lors d’une souriante expédition au Pôle Sud. Ce dernier, après quelques recherches (et, étonnamment, la lecture de ses mémoires en préparation), prépare un petit voyage vers l’Afrique. En particulier au sein du cratère du Ngorongoro, non loin du lac Victoria. L’aventure peut démarrer – youpi.
Critique du Sanctuaire du Gondwana
Au risque de me répéter, peu d’aventures de Blakounet & Mortifère m’ont réellement transporté (le truc avec l’espadon, les E.T. qui ne sont que des Terriens du futur, etc.), généralement ces BD sont bien trop verbeuses et vieillottes.
Or, ici, à part un démarrage plutôt lent (ça parlote, ça raconte ses souvenirs à n’en plus finir), les escapades en Afrique (milieu de l’œuvre) sont bien rythmées, entre recherche active du fameux sanctuaire avec quelques pépées et arrivée parallèle du vilain Olrik (secondé par Benzendias qu’on retrouve dans d’autres tomes), avec à la clef des courses poursuites au milieu des animaux de la savane.
Enfin, comme si c’était plus fort de la part des auteurs, les textes se font alors plus fournis. Toutefois, c’est pour la bonne cause dans la mesure où la double énigme (chacune en spoil dans un thème de la partie suivante) se résolve pour le plus grand plaisir du Tigre. Ou presque : si la problématique du Sanctuaire du Gondwana est correctement soldée, le quiproquo final Mortimer/Olrik m’a fait l’impression de débarquer de nulle part – même si ça explique pas mal de choses que j’avais trouvées bizarres.
Bref, pour une BD sortie dans les années 2000, Le Tigre était en droit d’attendre quelque chose de plus péchu. Il appert qu’entre respecter le style de Jacobs, doigt sur la couture du pantalon, et sortir quelque chose de volontaire et contemporain, Yves Sente et André Juillard ont choisi leur voie – les illustrations sont un exemple parfait. Sans doute est-ce la bonne solution, mais pour ma part en 2008 il y avait plus renversant dans mes étagères.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Comme je le disais, le félin va doublespoiler dans les grandes largeurs :
Premièrement, le lecteur découvrira, dans les dernières pages, qu’Olrik était en fait Mortimer et inversement. Gneuuuu ?? Et oui, après les aventures du Sarcophage du sixième continent, la machine utilisée par certains protagonistes a opéré une inversion de personnalité : du coup, Mortimer s’est réveillé tel un gland dans le corps du Colonel, il a du se déguiser en un vulgaire voleur pour reprendre le contrôle de son corps. Curieusement, ce bordel métaphysique a permis d’en savoir plus sur Mortimer, notamment pourquoi il a laissé poussé sa barbe lors de la rencontre avec Sarah Summertown, belle MILF que le chercheur, jeune, s’était tapé.
Deuxièmement, le Gondwana renvoie à un supercontinent où la première civilisation humaine aurait éclos. Dans l’histoire, une glorieuse civilisation a mis au point une sorte de grosse machine génétique pour, le moment venu (c’est-à-dire la fin du monde), relancer une fournée de petits humains. Comme un Dieu, mécontent d’ailleurs en découvrant que l’Homme n’a pas mieux évolué que la première fois. Très souvent dans Blake & Mortimer, une puissance « supérieure » délivre un message humaniste et rappelle à nos héros que l’Humanité prend le chemin le plus court menant à son extinction.
…à rapprocher de :
– Sur ce blog, il y a également L’affaire Francis Blake. Ni SF ni fantastique, petite déception.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD en ligne ici.
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