VO : Special circumstances. Un double meurtre dans une grande entreprise, un avocat un tantinet tête brulé qui défend son meilleur pote (non non, nul conflit d’intérêts…), de nombreux retournements de situation, voilà un roman qui se dévore. Procès-enquête mené tambour battant, figurez-vous que le lecteur ne fera pas attention au nombre de pages.
Il était une fois…
Mick Daley, qui travaillait dans un gros cabinet d’avocats à San Francisco, reprend sa liberté et créé sa propre structure dans un quartier craignos. A peine dans son nouveau bureau, un des patrons et une collaboratrice de son ancien cab’ sont trouvés morts. Suicide ou meurtre ? Les soupçons se portent rapidement sur un des avocats, Joël Friedman, qui est inculpé dans la foulée. Joël, ami de Mick, demande que ce dernier le défende.
Critique de Circonstances aggravantes
J’ai lu ce titre il y a quelques années, et pourtant je me suis surpris à me souvenir du dénouement (une histoire de cul assez surprenante, sans spoiler) et des grandes lignes des péripéties – menues révélations au cours des chapitres.
L’intrigue principale débarque assez vite dans le roman, à savoir le procès d’un double meurtre où l’accusé, ami du héros, est sur la sellette. Pour ne rien arranger, il était sur le point de finaliser un contrat (à six chiffres au moins) avec une boîte dont le PDG est porté aux abonnés absents. En rajoutant les ambitions politiques du big boss du cabinet, Slipper Gates, qui cherche à choper le poste de proc’ du district, on comprend vite que le procès permettra de lever quelques lièvres sur a place publique.
Tout naturellement, un grosse moitié de cette œuvre se passe dans le huis clos du tribunal, et le déroulement du procès accuse un rythme efficace, presque addictif. Le chapitrage, court, permet de lire à vitesse grand V en vue de pouvoir tirer au clair toute l’affaire. Bref, un pur plaisir.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Ce premier roman de Siegel nous permet de présenter un héros attachant et qui a de l’audace. Car Mike Daley paraît bien être l’alter ego littéraire de son créateur, lui-même avocat converti en auteur. Daley, c’est un ancien prêtre irlandais devenu avocat, un homme qui ne mâche pas ses mots et détonne dans l’univers policé de Simpson & Gates, grand cabinet d’affaires de Fisco – normal qu’il soit viré, me direz-vous. L’écrivain a imaginé un protagoniste « artisan de la loi » non épaulé par une armée de procéduriers, un briscard à l’intuition acérée et bien rompu aux stratégies du procès.
Parlons-en, du déroulement du procès. Sheldon S., ancien avocat, est définitivement au fait des procédures et astuces inhérentes au procès américain. En vrac : les relations avec le procureur (l’attorney) et le pouvoir de celui-ci ; la préparation des témoins ; dire « objection » au moment opportun et justifier cette interruption ; la rhétorique à déployer pour mettre le jury dans sa poche ; ou le noble art du contre-interrogatoire. Pour les curieux ou étudiants en droit, Circonstances aggravantes serait quasiment un traité de procédure pénale.
…à rapprocher de :
– Sheldon Siegel a bien écrit d’autres romans, toutefois pour l’instant seul le présent titre Preuves accablantes ont été traduits.
– Dans la catégorie « thriller-procès », le premier titre de Lashner, Vice de forme, mérite d’être lu. Encore une histoire de fesses d’ailleurs. Ou Erreur fatale, de Robin Cook, avec un procès relatif au monde médical.
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