VO : Incriminating evidence. Même héros, même construction scénaristique, même suspense, c’est gentiment reparti pour un tour. Cette fois-ci, l’avocat San-franciscain a affaire à du gros œuvre, et son bagout ne suffira pas. Procès-enquête mené tambour battant, figurez-vous que le lecteur ne fera pas attention au nombre de pages.
Il était une fois…
Il y a comme une légère odeur de souffre à Frisco : Mister Gates, ancien boss de Mike Daley, est dans de sales draps. Disons qu’une péripatéticienne a été découverte, morte, dans sa chambre d’hôtel. Et Gates n’est pas n’importe qui : c’est un avocat bien en vue qui se rêve être le prochain District Attorney (le procureur local). Plus ou moins promis à la peine de mort, le wanabee proc’ fait appel à Mike qui devra dénouer une énigme où chacun a un cadavre dans le placard (façon de parler) dont il n’aimera pas qu’on parle.
Critique de Preuves accablantes
Sheldon Siegel était un avocat, et cela n’est pas durissime à deviner eu égard les titres publiés. Le Tigre tient (encore) à souligner une maîtrise quasiment parfaite, avec un déroulement de l’alpha et de l’oméga d’un procès magistralement orchestré.
L’auteur démarre fort, avec un cas en apparence impossible : un prostitué (en apparence gay) est retrouvé salement décédé, avec le tintouin niveau accessoires gênants. Gêne, en effet, puisque le suspect n’est rien d’autre qu’un homme politique plutôt en vue. Et celui-ci, au fil des chapitres, va être de plus en plus chiant à gérer. Serait-il le coupable, se demande-t-on plus d’une fois. Aidé de son ex femme Rosie Fernandez (dont il est toujours amoureux), Mike Daley sera contraint de déployer des trésors d’inventivité.
Ce sera d’autant plus compliqué pour notre héros que l’affaire qu’il a accepté de défendre est infiniment touchy, les lobbies de toute sorte se pressant au portillon. Et, bien sûr, le twist final qui est plus que réjouissant. Le plus étonnant est la capacité de Siegel de pondre plus de 500 pages qui peuvent se lire en une journée, pour peu que vous en avez le temps. Les chapitres sont nerveux, ce serait presque un scénario de film à suspense tellement la narration est fluide – et que le félin est bon public, certes.
En guise de conclusion, encore un opus rondement mené, il n’y a rien à redire. Peut-être le lecteur qui « enfile » les deux tomes (en français) de cet auteur aura la désagréable impression d’avoir à peu près lu la même chose. Laissez donc passer quelque temps entre les deux titres.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Sans trop me répéter, il faut avouer que ce Mike Daley est tout ce qu’il y a de plus sympathique. Un avocat avec une conscience presque irréprochable et de chatoyantes qualités humaines. Imaginez : le suspect est son ex patron qui lui avait fait des crasses monumentales. Daley aurait pu le laisser, là, s’enfoncer inexorablement jusqu’à crever sous ses yeux comme un candidat avorté à une élection présidentielle. Faisant fi du lourd passif du personnage, le héros se démènera jusqu’au bout. [oui, oui, il accepte ce client parce qu’il manque sévèrement de tunes, et pour la pub un peu aussi]
De manière autant réaliste que flippante, l’auteur américain entraînera son lecteur dans le monde des puissants, dans les arcanes d’un pouvoir sûr de lui et arrogant. Il ne s’agit pas que de Gates qui est passé maître ès entourloupes, mais également de tout ce petit monde qui gravite autour : imbus d’eux-mêmes ; dépositaires de secrets et autres cachoteries qu’ils n’aimeraient pas voir être étalés sur la place publique, que du beau linge. Et il peut être plaisant de voir leurs secrets dévoilés lors du procès public – hélas plutôt rare aux States, les parties parvenant (trop) vite à un accord.
…à rapprocher de :
– De cet auteur, commencer par Circonstances aggravantes n’est pas obligatoire – mais recommandé, en plus ce titre est de la même veine.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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