VO : idem. Trouvé par hasard en déambulant dans une obscure librairie, Le Tigre se félicite de cet achat. D’une part, c’est sur un sujet assez inconnu. Un illustre peintre de la période Edo (c’est bien celle avant l’ère Meiji?) dont certaines parties de son existence sont contées. D’autre part, ce titre est depuis longtemps épuisé et a pris une valeur considérable.
Il était une fois…
Hokusai, un des plus grands peintres japonais du 19ème siècle, a eu une vie longue et riche en estampes. Ce sont des fragments de sa vie, à tout âge, que Shotaro Ishinomori mettra en dessin (et en textes) sur près de 600 pages.
Critique de Hokusai
Je n’ai point été déçu par ce manga. En pensant manga, on s’imagine (certes légitimement) quelque chose d’un peu plus « pop », dans la lignée d’un Akira ou Neon Evangelion. Or il se trouve que l’auteur est plutôt versé dans la SF, mais a su s’attaquer à un sujet plus classique.
Le sujet en question, c’est Hokusai, dont j’ignorais jusqu’au nom. En y regardant de plus près, il se trouve que c’est un peintre majeur de sa période. Ayant vécu jusqu’à 90 ans, un âge exceptionnel quand on sait qu’à cette époque on ne vivait guère au-delà de 50 piges, il y a matière à écrire.
Le mangaka a eu une approche (comme il l’explique à la fin de l’ouvrage) assez intéressante : les chapitres ne sont pas chronologiques, et présentent l’artiste à différents âges (plus d’une quinzaine au total). En outre, Ishinomori s’est attaché à principalement illustrer des périodes de la vie du peintre à propos desquelles on sait pas grand chose. Le travail d’imagination est ainsi plus poussé, à mi-chemin entre biographie et fiction.
Sur le style, pas vraiment grand chose à dire. On ne voit pas vraiment passer les 600 pages dans la mesure où les dialogues sont assez rares et le manga est enrichi de nombreux exemples du travail d’Hosukai.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Hosukai mérite largement un manga. Je ne vais pas vous copier-coller wikipedia, aussi voici ce qui m’a surpris : une longévité exceptionnelle ; des noms à profusion utilisés par l’artiste (autant de nouveaux défis à relever) ; une existence assez pauvre et la reconnaissance après la mort ; un queuteur (ce terme existe ?) de première jusqu’à un âge fort avancé. Bref, le monsieur a lâché dans la nature un paquet d’œuvres assez disparates, le tout étant délicat à référencer pour les collectionneurs. Mais c’est la marque d’un grand artiste.
Le système de l’estampe japonaise. Le Tigre est très porté sur le noble art de l’ukiyo-e, technique de dessin japonaise précédent l’ère Meiji. En plus de cette technique, ce sont tous les à-côtés qui sont relatés : principe des sceaux du peintre (son nom du moment) et du « mécène » (disons celui qui fait la commande), demandes insistantes des puissants de l’archipel (les shoguns par exemple), on est assez proche de certaines contraintes occidentales.
L’occident fait une entrée assez remarquée avec la découverte, par le biais d’Hosukai notamment, de la peinture à l’aquarelle. Le vieux peintre, toujours en quête de nouveautés, va rapidement adopter cette nouvelle façon de produire. Le lecteur français aura droit à l’effet inverse (en quelque sorte), en attendant près de 15 ans pour voir ce manga enfin traduit.
…à rapprocher de :
– Sur les innombrables travaux d’Hokusaï, il y a un bel ouvrage que Le Tigre s’est vu offert : Estampes japonaises, de Neuer, Libertson et Yoshida, aux éditions Flammarion. « Tu viens chez moi regarder ma collection d’estampes japonaises ? » n’est plus un mensonge.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet illustré sur Amazon ici.
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