Une dizaine de récits érotiques sortis de l’imaginaire de Sibylline, illustrés par divers artistes aux indéniables talents. Tour à tour coquin, libertin, touchant, surprenant, les qualificatifs louangeurs me manquent. Beau, généreux, intelligent, Le Tigre a été ému. Dans le bon sens du terme.
Il était une fois…
Dix courtes histoires que Le Tigre va rapidement résumer en autant de phrases, pour donner une idée de l’éclectisme ambiant. Avec les mots en italique qui sont les titres. Une femme raconte à son petit ami du moment sa première fois. Une autre achète un sex-toy. La troisième réalise son fantasme de se faire prendre par un serveur. Rencontre de deux amies qui va se terminer dans le lit, seules, en mode 1+1. Une jeune femme se rend chez un couple pour un plan 2+1. Une poupée gonflable qui officie chez un homme et devient à terme nulle. Deux amis dans un club échangiste. L’antépénultième entretient une relation de soumission avec son amant. La première sodomie chez un couple aimant. La dernière femme surprend son mari qui regarde, dans la nuit, un film X-rated.
Critique de Premières fois
Dix récits érotiques réservés aux adultes, dix manières de vivre sa sexualité, dix petits bijoux à mettre entre toutes les mains, hommes comme femmes. Avec en prime une préface par Emmanuel Pierrat en personne, avocat dans le monde de l’édition et écrivain à ses heures. Presque comme Le Tigre qui ne lui arrive pas encore au petit orteil. Si je parle de la préface de maître Pierrat, c’est qu’en plus d’être courte (à peine deux pages) celle-ci résume parfaitement ce qu’on s’apprête à lire. C’est pourquoi il vaut mieux l’aborder après avoir lu la BD.
Sur les scénarios, je n’ai pas vraiment de préféré puisque tous touchent une corde sensible de la sensualité humaine. Il y a de tout comme vous avez pu remarquer, du couple plan-plan à une sexualité plus sagement « débridée ». Mais toutes ces planches ont pour point commun d’être contées d’un point de vue féminin, ici plus fin et empathique et par rapport à ce que j’ai pu lire dans ce domaine. Même la poupée gonflable a voix au chapitre – bel exercice de style au passage.
Du dessin se dégage curieusement une certaine homogénéité en dépit d’autant d’illustrateurs que de synopsis pensés par l’ingénieuse Sibylline. La ligne est plus ou moins claire (sauf peut-être X-rated, qui propose des images finement floutées d’un film pornographique), en noir et blanc, avec un degré d’ancrage qui toujours fait mouche. Comme n’importe quelle BD trivialement porno, tout est montré (parfois de manière soudaine) mais la profondeur des personnages préalablement développée (mono ou dialogues) ne laisse aucune place au scabreux.
Bref, enfin de l’érotisme que les dames autant que les messieurs savoureront. Cela est suffisamment rare pour donner la meilleure note à cet ouvrage (et le conseiller), si la quinzaine d’euros (pour moins de 100 pages) ne vous rebute pas. Toutefois c’est l’apanage d’un « livre d’art » proposé en dur (sans jeu de mots) et à la couverture réussie.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’amour. Vision féminine, donc l’amour dans le sexe ? Que nenni, tout individu normalement constitué trouvera dans chaque scénario une vibrante démonstration d’amour. Protéiforme. Car que ce soit l’homme qui s’occupe de sa poupée gonflable, la maîtresse soumise, la femme qui désire être la prochaine au centre de l’attention d’un parterre d’hommes libertins, ou encore celle faisant intimement connaissance avec un godemiché, c’est bien le sentiment amoureux qui se dégage puissamment de ces planches.
La surprise. Pour quelques trames narratives, la chute est plus que mignonne, invitant le lecteur à sourire après le désir. Le Tigre est plutôt ennuyé : ayant furieusement envie de lâcher des exemples comme des confettis à un carnaval, le respect du noble art du spoil (enfin son contraire) tendrait à l’emporter. Pas d’alerte spoil donc, inappropriée pour ce type d’œuvres. Seulement remarquer que ces menues surprises font la part belle à l’homme, compagnon (pas toujours nécessaire il est vrai) érotique des belles. Car elles le sont toutes, indubitablement.
…à rapprocher de :
– C’est bien plus abordable que Manara, sans doute eu égard le principe des courts scénarios. Quand Le Tigre lit Manara, je pense au Déclic ou au Parfum de l’invisible. Les intégrales bien sûr.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet illustré en ligne ici.
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