VO : Slayground. Dans ce quatrième tome des aventures dessinées du personnage de Donald Westlake, notre bon Parker se terre dans une île d’attraction avec un joli butin. Il est temps de se préparer contre la mafia qui veut récupérer, au nez et à la barbe des flics, la tune. Plus court que les tomes précédents, plus nerveux et violent, la profondeur (inexistante ici) du héros s’en ressent.
Il était une fois…
A la base, l’affaire consistait à dévaliser un transporteur de fonds. Près de 80 000 dollars à la clé, c’est bonard. Pas tellement en fait, le chauffeur a planté la bagnole qui devait emporter Parker et son comparse. Tout ceci se complique lorsque notre ami n’a d’autre endroit pour se cacher que dans un parc d’attraction…vide – et oui, c’est l’hiver. Parker est d’autant plus mal barré que la pègre a décidé de récupérer l’argent, court-circuitant les flics au passage.
Critique de Fun Island
Le quatrième tome de Parker illustré par Darwyn Cooke, putain que je ne m’en lasse pas. A chaque fois, l’illustrateur propose un dessin différent, et là les couleurs rejoignent parfaitement le froid et la grisaille du piège à rats dans lequel s’est foutu le protagoniste principal. Mieux : le lecteur aura l’occasion de déplier, au début de la BD, le plan de Fun Island, à savoir le parc divisé en huit zones thématiques – même si n’aide guère par la suite.
Cet ouvrage est bien court mes amis, sans compter les chapitres (qui font perdre une page au bas mot à chaque fois) annonçant des parties bien carrées. En premier lieu, le casse qui tourne mal. Ensuite, Parker se pointe malgré lui dans Fun Island et évalue la situation (flics et malfrats qui se mettent d’accord pour lui tomber sur la gueule). Puis il prépare ses petits pièges à l’encontre des ennemis (quatre, vingt, une armée) désireux de récupérer la coquette somme. Enfin, la fuite (seule solution) vers de nouveaux horizons, et ce en évitant la pègre qui est colère.
En effet, une famille mafieuse possède une partie du parc, et celle-ci est fermement déterminée à capter les sousous qui trainent autour du héros. Parker, en tuant les assaillants, a la mauvaise idée d’occire le jeune Benito, fils du gros ponte des lieux. Ce dernier est passablement furax et lancera toutes ces forces dans le combat, hélas ça ne suffira guère – et ce en dépit de l’état du héros qui a passé une nuit terrible, frigorifié après un bain agréablement glacial.
Pour finir, Le Tigre consent avoir été déçu par un opus bien plus bref que les premiers faits d’armes du cambrioleur qui, chose rare, apparaît plus comme un vilain bourrin (avec quelques astuces scénaristiques sympathiques ici et là). A peine je signalerai Le 7ème, une dizaine de pages « one shot » en fin d’ouvrage assez marrante (le dessin est nettement plus brouillon) sur un copain jaloux qui fout en l’air un braquage – jusqu’à en crever.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Comme vous l’aurez saisi, ce tome est une jolie allégorie du principe « un homme contre tous ». Le père Parker se retrouve seul face à une pétée de méchants (certains sont de braves gars) qui ont pour ordre de le ramener mort plutôt que vif – on avisera après. D’habitude, le héros est assisté de quelques individus plus ou moins recommandables et seulement dans les dernières pages il appert qu’il doit ne compter que sur lui-même…sauf ici, la donne est plutôt claire : Parker est coincé tel un animal dans sa cage, une unique sortie est possible, et s’en tirer vivant (même sans fric) serait une victoire. Cependant, il réussit à faire mieux que ça.
Bien que les ennemis se comportent tels beaux abrutis (opérant souvent seuls) face au surburné cambrioleur de talent, force est d’admettre que ce dernier a su développer une tactique digne des plus grands survivalistes. Il profite en effet de l’attaque tardive des antagonistes pour étudier l’endroit dans ses moindres recoins, et en profite pour poser des pièges tel l’autre chiard de Maman j’ai raté l’avion. Se transformant en « deus ex machina », Parker élabore sa stratégie pour mettre à genoux les vilains, que ce soient des jeux de lumière ou la manière de confondre les ennemis dans un labyrinthe de verre.
…à rapprocher de :
– Tant qu’à faire bonne mesure, je vous propose de commercer avec Le Chasseur, L’Organisation puis Le Casse.
– Le délire mi-glauque (la couleur bleu sombre aidant) mi-violent m’a rappelé l’indispensable Killing Joke de Moore & Bolland.
– Tout ce délire dans un parc d’animation me fait penser au final du film de 007 L’homme au pistolet d’or, avec le bon Roger Moore.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet illustré en ligne ici.
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