VO : The Outfit. Deuxième opus de la saga dessinée de Parker, cette fois ci en prise directe avec l’Organisation (d’où le titre). Darwyn Cooke a fait fort en proposant, outre son dessin si reconnaissable, quelques planches imitant d’autres styles bien sympathiques. A la limite du roman, le texte a toute sa place dans L’Organisation.
Il était une fois…
Début années 60. Après avoir allègrement chié dans les bottes de la puissante mafia du pays, Parker s’est reconstruit une nouvelle vie (et un visage par la même occasion). Hélas il est repéré et apparemment on lui veut toujours du mal. En même temps, à avoir fait un petit coup pour se refaire, il ne faut pas s’étonner outre mesure. Face à la toute-puissante Organisation, notre héros décide de s’activer et renverser la tendance : c’est lui qui va les poursuivre. Jusqu’à apporter la paix relative qu’il mérite.
Critique de L’Organisation
Le Tigre n’est pas fin connaisseur des titres de Westlake (euphémisme) sous le pseudo de Stark, toutefois j’ai cru comprendre que l’illustrateur a pris le pari de résumer The Outfit, avec quelques éléments de la fuite du héros et de son changement de visage à l’aide d’un chirurgien (The Man With the Getaway Face, qui semble être un prélude à L’Organisation). D’où environ 10% de plus que par rapport au dernier opus sans doute.
Dans ce titre, le taciturne Parker est inquiété par la mafia qui veut toujours le dessouder. Il lâche donc les chiens, à savoir ses connaissances de « travail » en leur donnant une excuse pour braquer les biens de l’Organisation. Et un peu comme dans V pour Vendetta, notre héros va s’assurer, en cas de mort précoce du capo di tutti capi, que son successeur lui lâchera la grappe.
J’avoue avoir été un peu largué au début, les retours en arrière et nouveaux personnages peuvent prêter à la confusion. En outre, si je n’ai pas indiqué le numéro des tomes dans le titre, c’est que j’ai la faiblesse de croire qu’on peut les lire indépendamment. C’est vrai en partie, surtout avec le troisième tome qui est plus autonome.
Sur le style, Darwyn Cooke a innové. En plus du dessin habituel avec des cases qui s’espacent sur une page et les couleurs bleu nuit, l’illustrateur a pris quelques belles libertés. Afin d’expliquer comment les « amis » de Parker vont, en un temps très réduit, faire une douzaine de casses, Cooke est sorti des sentiers battus : fausse une d’un journal (donc quasiment pas d’illustration) ; comic strips qui fleurent bon les années 40/50 ; dessins souvent enfantins et minimalistes qui se lisent sur deux pages (attention donc).
En conclusion, remercions Darwyn de ne pas s’être endormi sur les lauriers du premier tome et de nous avoir offert, dès le premier tiers de la BD, quelque chose de neuf et tout aussi aisé à suivre.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La mafia. Le lecteur en apprendra un peu plus sur la terrifiante organisation, structure éminemment organisée qui dans les années 60 a sous sa coupe le territoire américain. Tellement bien structurée que ses affaires marchent toutes seules et les employés sont souvent d’honnêtes citoyens touchant salaires, mutuelles, retraite, etc. Le fait que cela marche comme une grande entreprise (et non plus un syndicat) ne va pas sans poser de problèmes dans la mesure où la plupart des salariés, pépères, n’ont rien de criminels et réagissent à un braquage comme un quelconque sous-cadre de banque.
Les combines criminelles. Les casses des indépendants permettent à Richard Stark d’expliquer le fonctionnement de l’économie souterraine. Déjà, il nous présente comment est organisée une activité délinquante : paris de turf officieux, loterie clandestine, bar qui fait bordel et salle de jeux, acheminement d’héroïne d’un État à l’autre, c’est plus qu’instructif. Ensuite, on expose au lecteur comment se déroule un casse (notamment celui du début) : préparation intense, bien choisir ses partenaires, éviter de faire du grabuge, assurer ses arrières par exemple. Méthodes développées dans le troisième tome by the way.
…à rapprocher de :
– Les pérégrinations de Parker commencent avec Le Chasseur, le présent titre, puis Le Casse etFun Island.
– Les explications de l’économie souterraine des années 60 m’a fait penser à un essai de Levitt, Freakonomics.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet illustré en ligne ici.
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Ok. On est tous comme ça, on vérifie de temps en temps les trucs qu’on aime bien, même si la morale publique voudrait qu’on vérifie tout le temps. Tu checkes ta meuf tous les cinq secondes, t’es pénible, tous les cinq jours, t’es sans surprise, toutes les cinq mois, t’es un indifférent de merde. Bon, bref. Alors ce soir je vérifie, non, je prends des nouvelles de ton site.
Je suis un petit con en Westlake, disons, j’ai bien aimé, mais j’ai pas lu plus que ça. L’adaptation en BD, offerte par ma copine irlandaise, en V.O. donc (pas gaélique, mais anglo-dominanto-saxonne), ben j’ai trouvé ça super cool.
Et figure-toi qu’il existe un film pas trop mal sur ce volume, intitulé « The Outfit » (1973), avec le très bon Robert Duvall, qui commence à se taper un sale calvitie au moment du tournage (mais bon on y va tous, à part les ultrachanceux capillaires). J’ai bien aimé le film avec de la poussière sous les pneus, des connards et des connasses, quelques flingues, et du cinémascope. Tiens, un lien pas mal : http://cfury.canalblog.com/archives/2012/09/07/25374879.html.
Voilà.
« On y va tous », c’est ce que je me tue à répéter à ma copine moqueuse. Merci pour la prise de vérification et le lien.
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