VO : The Dark Tower. Mazette, quelle claque de bonheur littéraire. Plus de 4 000 pages vis-à-vis desquelles je pourrais discourir des heures, sept romans dont l’intensité, crescendo, aborde une foultitude de sujets, La Tour sombre est incontournable avec des niveaux de lecture presque infinis. Putain, il est même arrivé au Tigre de chialer en parcourant quelques chapitres.
Il était une fois…
Il faut savoir que King a mis plus de vingt ans à pondre ce monstrueux cycle qui accuse les sept titres suivants : Le Pistolero (The Gunslinger), assez court ; Les Trois Cartes (The Drawing of the Three), qui m’a fait comprendre que j’allais passer un bon moment ; puis Terres perdues (The Waste Lands) ; Magie et Cristal (Wizard and Glass) ; Les Loups de la Calla (Wolves of the Calla) ; ensuite Le Chant de Susannah (Song of Susannah), et enfin La Tour sombre (The Dark Tower). [Attention mini SPOIL] Après ça, on a le droit de reprendre à zéro.
Pour faire simple (presque impossible), c’est l’histoire de Roland, pistolero à la recherche de l’homme en noir – on ne sait pas trop pourquoi, lui non plus d’ailleurs. Dans une sorte de monde parallèle où les monstres côtoient la magie, la quête du héros sera également celle de Jake, Eddie et Susannah, qui eux viennent de notre univers. La célèbre tour est en danger à cause du roi Cramoisi, qui semble fermement décidé à la détruire, ce qui distendrait tous les liens entre les mondes, provoquant une apocalypse à peine imaginable.
Critique de La Tour sombre
« L’homme en noir fuyait à travers le désert, et le pistolero le suivait ». Rien qu’avec un tel incipit, le lecteur sait qu’il en aura pour sa tune. Car c’est LE chef d’œuvre de Stephen King, et ce genre de saga va me contraindre à dépasser mon cahier des charges (qui est de maximum 1 000 mots, je le répète). Par avance, Le Tigre indique qu’il va forcément oublier un tas d’anecdotes, voire passer à côté de ce qui pourrait vous marquer. Mais comme c’est mon blog, je m’en tape un peu.
Ce qui est amusant est que j’ai lu le premier opus très jeune et je m’étais passablement emmerdé. Sauf que, passé celui-ci, l’histoire prend à la gorge et ne vous étonnez pas de terminer de tels pavés en moins d’un mois. Roland, le jeune Jake Chambers, Eddie le toxico, l’amputée Susannah, le mignon Ote (un bafou-bafouilleux, un chien en somme), et quelques autres (le Père Callahan qui les rejoint notamment), ces individus sont comme devenus une seconde famille.
Outre l’histoire aux multiples ramifications, il faut savoir que Stephen King a doublement donné de sa personne dans cette saga. Déjà, La Tour sombre est le point cardinal des œuvres de l’auteur, et les liens vers presque tous ses autres titres sont légion. Ensuite, l’écrivain s’invite dans la narration en mettant en scène Stephen King, du Maine, sur le point d’avoir un accident de voiture. Fallait oser, puisque King s’invite dans la narration en se posant comme un oracle seul, en tant que créateur de l’histoire, de la finir malgré les risques encourus. Figurez-vous que ça ne m’a même pas fait sourciller, n’étant plus à ça près.
Pour conclure, il n’y a rien à redire. Western fantastique mâtiné de scènes bien flippantes (il ne faut pas être arachnophobe d’ailleurs), La Tour sombre mérite d’être dévorée. Certains passages sont peut-être longuets, la police d’écriture trop petite, les digressions souvent désespérantes (la jeunesse et les souvenirs, éternel motto du King), mais rien de susceptible de gâcher la lecture. A part peut-être la fin, que j’ai trouvée autant belle que scandaleuse.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
J’ai réussi à dégager deux thèmes seulement, gloire à moi. Le premier est la manière dont King est parvenu à créer un monument qui a les qualités de développement des personnages d’un roman d’apprentissage et l’ampleur d’une vraie épopée qui confine à l’épique. On en prend plein les mirettes et l’attachement aux personnages est maximum. Le concept de développement mutuel est finement pensé par le biais du Ka-tet, sorte de lien entre les protagonistes sous l’égide de Roland, leur professeur. Pour Jake, c’est plus qu’un enseignant, à savoir un père. Voilà pour la profondeur des héros.
Quant à l’aspect épique, suffit de lire les synopsis de chaque roman pour s’en rendre compte : [mini SPOIL] Roland qui tue sa mère par erreur (quatrième tome, FIN mini SPOIL) ; la violence de Mia, démon qui contrôle un des protagonistes ; le voyage dans Blain, un train aussi impressionnant que le transperceneige mais à l’IA déglinguée ; le lecteur trouvera largement son compte à émotions.
La dernière chose qui m’a marqué est la dissociation sous toutes ses formes. Déjà, le King justifie du fantastique qui jaillit de ses œuvres en général par la multiplicité des univers. Quelqu’un décédant dans notre monde peut apparaître dans un autre, et vice-versa. De même, la dissociation touche également les personnages, que ce soit la schizophrénie ou la duplicité de certains. Il y a certes Eddie le junky qui devra se faire violence pour être clean, mais Tigre pense surtout à Odetta (quand normale) / Detta / Susannah (femme d’Eddie), inquiétant membre du Ka-Tet. Très certainement mon personnage préféré, ses problématiques sont tout simplement fascinantes.
…à rapprocher de :
Le gros Stephen King a apporté beaucoup bonheur au félin, même si sur ce blog les exemples ne sont pas légion :
– Ça, qui est l’autre base de cet auteur. Le vilain Grippe-Sou a laissé une marque indélébile, à cause de ce méchant le métier de clown a pris un sérieux plomb dans l’aile.
– Les Tommyknockers, à forte charge autobiographique également, tout comme Shining – long mais suffisamment horrible. La tempête du siècle, en fait un scénario destiné à la télévision. Cujo n’est pas mal mais peu flippant.
– La fin qui est un éternel recommencement m’a rappelé La Horde du Contrevent, du génial Damasio. Et oui, c’est français !
Autour du thème de la tour, je peux vous signaler à tout hasard :
– La Tour de la solitude, de Valerio Manfredi. Une tuerie qui fait passer Dan Brown pour ce qu’il est : une buse dont le succès est aussi immérité que malvenu.
– Diamond Dogs, Turquoise Days, d’Alastair Reynolds. Le premier texte de ce recueil parle d’une mystérieuse tour qui est plus difficile que prévu à grimper. Le bâtiment abrite en son sommet quelque chose de puissant, sauf qu’il faut passer des épreuves pour aller d’une pièce à l’autre.
Jamais autant je n’ai relu un brouillon de billet en me disant qu’il manque tout. Sauf que je sais pertinemment que, concernant ce cycle, il n’y a rien que je ne puisse faire.
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Bonjour Tigre
J’avais été emballée par la premier tome de »la Tour sombre » , trouvé dans un vieux numéro de fiction. Et puis , oh déception , j’ai fini par lâché en cours lassé par cette histoire sans queue ni tête , où on ne comprend rien à rien.Dommage car le début et le thème étaient vraiment prometteurs.
Sur ce , mes bouquins préfèrés sont « Rage » , publié sous le nom de Richard Bachman , et « Dolores Claiborne » qui présentent de superbes études de caractères.
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Tu m’avais spoilé la fin dans ton billet sur les pires fins, et bien ça ne m’a même pas dérangée! Une fois rentrée dans les aventures d’Eastwood le pistolero et ses amis j’ai pu mettre la fin de côté pour apprécier pleinement ce chef d’oeuvre. Une semaine pour tout lire et on recommence illico!
Comme souvent, King arrive à faire qu’on s’attache (trop) aux personnages. Eddie est très proche du sympathique Richie Tozier de Ca et je mettrais une mention spéciale à Jake, autant pour moi que pour ce qu’il représente pour Roland. Même le tome sur Susan, qui a pas mal été critiqué pour l’intrigue amoureuse a su me ravir (sûrement mes restes d’adolescence).
Maintenant il reste plus qu’à les acheter (aïe…) pour pouvoir les relire indéfiniment.
Quand on spoile, on le dit AVANT ! Heureusement pour toi, je risque d’avoir tout oublié avant d’arriver au tome 4. Sinon tu aurais fini sous ma table de salon maudit félin !
J’ai commencé à lire le pistolero il y a quelque mois. Interrompu faute de temps libre, je comptais bien le reprendre au vu des critiques souvent élogieuses. Tu ne fais que me conforter dans mon idée :).
Corrigé concernant le spoil (Walter meurt à la fin de Breaking Bad sinon). Et bonne lecture !
Je ne regarde pas Breaking Bad justement parce les scénaristes m’ont spoilé la fin de la série dans le premier épisode … 😉
Hé bien, quel enthousiasme ! Moi qui avait renoncé à King depuis Misery (et les Tommyknockers), j’en saliverais presque ! Merci le Tigre.
Faut juste se faire violence, parce que franchement le premier tome (certes très court) n’apporte rien d’excitant. Ensuite, y’a beau avoir une narration à peu près linéaire, je déconseille de laisser passer plus de quelques jours entre deux lectures. Mais par rapport aux Tommys, le fantastique et le suspense n’ont rien à voir.
Le meilleur moyen est de les emprunter à la biblio : moins cher, et y’a un délai à respecter.
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