VO : The Tommyknockers. Encore un auteur culte dont Le Tigre a dévoré quelques chefs d’œuvre. Il est tout à fait normal que je me coltine ces 1.000 pages, surtout que le téléfilm m’avait correctement fait flipper étant enfant. Je n’ai pas été déçu même s’il y a de sacrées longueurs, et que certains ingrédients propres à Stephen King sont moins présents que d’habitude.
Il était une fois…
Haven, Etats-Unis. Roberta découvre dans la forêt une mystérieuse pierre, qu’elle tente d’excaver. Il ne faut pas long pour qu’elle se rendre compte qu’il s’agit d’un vaisseau E.T., et que ce dernier a une certaine influence sur les habitants de la ville. Tous sauf Gardener, le héros, qui parce qu’il a une plaque dans la tête, n’est pas concerné par ces changements. Les habitants deviennent de géniaux inventeurs, mais (toujours un « mais » chez King) se transforment progressivement…
Critique des Tommyknockers
Pour Le Tigre, il s’agit d’un très bon opus de l’auteur, bien loin hélas de Ça et surtout la phénoménale saga de La Tour sombre. Faut dire, en ai pas lu des tonnes. Horreur, imagination, quelques doses d’humour, juste de quoi avoir un mal de chien (pauvre toutou dans le bouquin d’ailleurs) à m’endormir. King est un maître de l’épouvante, du moins pour faire monter la pression.
Petit coup de gueule vite fait contre le quatrième de couv’, qui à partir d’une petite contine certes accrocheuse (et aguicheuse) vend quelque chose que Le Tigre a eu du mal à retrouver dans le livre. Disons le une fois pour toute, Les Tommyknockers (ci-après Tommy), c’est un mot inventé par un des protagonistes (un peu comme dans Ça), et c’est avant tout une fabuleuse invention de l’auteur grâce à laquelle tout est possible.
L’histoire semble assez basique, et sur la fin nous voyons que celle-ci est plus complexe que prévu, faisant appel à des notions qui ont plongé Le Tigre dans un certain esprit contemplatif. Sans spoiler, disons que les Tommy sont très facétieux, et que sans doute l’humanité (du moins celle présentée par King) n’est pas prête à intégrer les possibilités qu’on lui offre.
Le style, très King, est ici exagérément poussé dans les détails, on peut trouver le temps très long surtout quand le livre aurait pu faire 500 pages (comme Germinal aurait pu faire 10 lignes d’ailleurs). En outre, le thème de l’enfance, cher à Stephen, fait défaut, ce qui change pour une fois, mais rend les personnages sans doute moins sympathiques. Sauf peut-être le héros, si on sait qu’il est aussi mal en point que l’était King au moment d’écrire ce petit pavé.
Bref, un bon roman, sans plus objectivement, mais que Le Tigre a très subjectivement adoré. Notamment la fin en apothéose plus que satisfaisante. King a imaginé bien meilleur certes, mais ça reste de la grande littérature. Le lecteur impatient et exigeant pourra passer son chemin.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La solitude. Solitude avant tout du héros, Gardener, qui se retrouve progressivement seul contre la ville. A cause d’une plaque de métal dans la tête celui-ci est immunisé contre l’effet des Tommys, et la paranoïa s’installe de part et d’autre. Atmosphère passablement suffocante. Isolement de la ville également, les habitants deviennent tellement transformés qu’il ne vaut mieux pas qu’un touriste vienne voir ce qu’il se traume. Les rares qui s’invitent trop longtemps le regrettent amèrement. Une métaphore de l’isolationnisme US ?
L’imagination et l’inventivité. Les Tommy, grâce à leurs esprits ingénus, font construire aux habitants des trésors de technologie, que hélas ils ne maîtrisent pas forcément. Voilà l’excuse parfaite pour créer des situations cocasses, mais terrifiantes avant tout. Tous se souviennent du gamin qui envoie son frangin dans une autre dimension lors d’un tour de magie. Ces découvertes vont parfois aider, comme par exemple créer un hologramme d’une partie d’un bâtiment passablement détruit afin de donner le change vis-à-vis de l’extérieur.
Vers la fin du livre, même les voyageurs qui passent à proximité de la ville ont des « fulgurances » intellectuelles qui s’effacent en s’éloignant d’Haven (en même temps que leurs dents se déchaussent), un peu comme un trip de drogué qui comprend tout sur tout.
Ce qui m’amène au dernier sujet, les substances addictives. Pas besoin d’aller chercher loin sur le net, ce roman est une subtile métaphore sur les addictions de King, qui après l’écriture de ce roman a du remonter la pente (il était bien bas à l’époque). Le malaise dans la ville, la couleur verte (ici renforçant le glauque) omniprésente, le « pompage » de cerveaux, l’influence négative de quelque chose d’identifié mais dont on sait très peu de choses au final, mais oui ! C’est bien la drogue.
La comparaison est d’autant plus grossière que les habitants d’Haven vont finalement ressembler à des toxicos : peaux pâles qui virent au transparent, dents qui tombent, isolement grandissant, tous occupés à farfouiller on ne sait quoi dans leur garage. Sauf que ce qu’ils créent est bien plus élaboré qu’un labo de meth.
…à rapprocher de :
– L’horreur qui monte pour finir en apothéose n’est pas loin, pour le lecteur, que la superbe trilogie Ça. Sans compter les petites références à la ville de Derry. Mieux que La tempête du siècle, en fait un scénario destiné à la télévision. Shining (long mais suffisamment horrible), fait la part belle à l’addiction à l’alcool. Cujo n’est pas mal, mais peu flippant.
– Pas d’E.T., mais des évènements tout aussi (sinon plus) bizarres, dans une ville nommée Haven, regardons ensemble la série du même nom, tirée du livre Colorado Kid, bien qu’on s’en éloigne dans les grandes largeurs. Et puis l’actrice principale est une petite bombasse qui s’ignore. Ou fait semblant.
– La Tour sombre, du même auteur, reste incontournable.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
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