L’encycatpedia traitera de TOUT, qu’on se le dise. Tigre revêt une céleste robe de doctorant et vous instruit sur le tatouage sur soi d’un félin. De surcroît, en vue de démontrer que c’est une vilénie que d’avoir un tel tattoo, j’invoquerai même le très guilleret Freud et le consanguin mais néanmoins respecté Toutankhamon.
Je t’ai dans la peau, mon minou
Le Tigre était à une petite sauterie chez quelques amis, et là une somptueuse créature me fit de l’œil. Après m’être enquis sur son âge, son orientation sexuelle, son niveau d’étude, ses auteurs préférés, ses rapports avec son papa, son prénom (pas dans cet ordre, je vous laisse deviner lequel), j’appuyai plus que de raison mon regard félin sur son poignet gauche.
Et là, un billet de blog sur pattes était à portée : la petite avait un délicieux chaton tatoué sur l’avant-bras. Et pas n’importe quel chat : c’était Sheeva, son animal de compagnie. J’ai donc passé le reste de la soirée à taper la discute avec elle, le comment et le pourquoi de Sheev’ sur sa peau, la portée du geste, etc.
Autant vous le dire, avec ce que je m’apprête à écrire, je ne lui ai pas donné ma carte de visite. Parce que cette conne serait bien capable de se reconnaître, et je vais encore passer pour un malotru.
Dessin ou portrait du chat ?
Attention, il y a chat et chat. Je ne discourrai pas sur le fait de tatouer son félin, ça fait l’objet d’un autre volume. Je n’évoquerai que les individus qui se font marquer au fer noir leur petite boule de poil dans des endroits plus ou moins discrets. Les autres qui osent verser dans quelque chose de plus « onirique » ou artistique, sans référence à un truc vivant, je ne leur parle même pas.
Je passe rapidement sur le long débat qu’est l’art du tatouage, ma position varie tous les jours. En ce moment je me dis que le retour sur investissement est très discutable : payer 100 balles pour, puis voir comment ça rend progressivement mal sur sa fripée de peau vieillissante, et repayer 1 000 balles (inflation oblige) afin de se le faire retirer, génial…sans compter que si vous commettez un crime/délit, vous serez plus facilement reconnaissable.
Revenons à nos deux minets. Est-ce si important comme distinction ? En fait non : dans les deux cas, avouez qu’une illustration de chatte tatouée sur la fesse gauche, ça fait bien pitié. Mince, il y a des millions d’idées de dessins sympas à se faire imprimer sur l’épiderme, pourquoi son foutu animal ? Manque d’imagination ? Si seulement, hélas…
Non seulement c’est visuellement navrant, mais en plus vous faites passer un message qui tend à dire que vous n’aimez pas les félins.
La toupie de maman et les pyramides de Freud
Lors de ma première année de master de psychothérapie (par correspondance, parce qu’à l’époque je forais du pétrole à Anchorage), j’avais été enchanté par une interprétation du vilain Freud. Sigmund, avec l’humour qui le caractérise tant, racontait cette histoire : un enfant, dès que sa mère n’était plus dans la maison, s’amusait à lancer une toupie, et à l’aide de la ficelle la ramenait vers lui. Bien évidemment le psy y a vu la peur du manque, l’abandon par la môman.
Si le chiard l’exprimait de la sorte en tentant d’être maître des déplacements de la daronne, le tatoué fait de même avec son animal préféré, dans ce cas Sheeva. Vous saisissez le souci ?
Dans un autre registre, pourquoi à votre avis les Égyptiens (enfin les plus blindés) embaumaient leurs chats ? Parce qu’ils savent que ce sont bien les êtres les plus insaisissables de la création. Les chiens, c’est con comme tout, il ira mourir sur la tombe de son maître. Pas le minou qui dès que ça sent le sapin passera à autre chose. Je me tue à le répéter, c’est le chat qui vous possède, aussi tenter de renverser cette vérité est autant risible que vain.
Je pourrai vous donner une dizaine d’autres exemples assimilés, et immanquablement la réaction partira d’une weltanschauung trompeuse et peureuse (entendez, la panique leur fait faire n’importe nawak).
Le chat et la putain
Voilà le souci fondamental des enfoirés qui se tatouent le portrait de Sheeva. Ils font cela pour afficher une propriété sur une race qui ne saurait souffrir une telle allégation. C’est mal comprendre les félidés que s’imaginer qu’on peut être possessif envers eux. Car, de vous à moi, c’est en rembarrant constamment ma Sheeva qu’elle revient encore plus auprès de moi. L’objectif premier, le « mode sans échec » d’un chat, est trivialement de se carapater de votre foyer dès que ça lui chante.
En outre, ce genre de tatouage dénote la crainte que l’animal leur fausse compagnie, ce qui ne manquera pas d’arriver un beau jour. Et si c’est parce que votre minou est décédé, ça ne justifie en rien de le faire à ce moment. Autant tatouer une photo de votre grand-mère clamsée sur le dos de la main (ooohh…j’ai trouvé le remède contre la masturbation, j’appelle François de ce pas).
Voilà pourquoi, dès que j’aperçois une personne avec ce genre de tatouages, je lui dis : « Hé, connard(sse), c’est ton vrai chat sur ton bras/jambe/etc. ? T’as vraiment rien compris à la vie hein ? Il s’en bat les steacks ton minou de ce que tu as fait, et s’il le savait je pense qu’il fuirait très loin. Imagine, tu dirais quoi si je tatouais le prénom de ma prostituée préférée sur l’épaule ? » Ensuite, je dis que je vote Mélenchon. Juste pour le plaisir de faire le crétin jusqu’au bout.
Si Tigre est ainsi excessif, c’est que je sais bien jusqu’où ces « marques d’affection » peuvent mener. On commence par écrire au feutre le prénom du chaton sur sa main, et on finit comme ces décadents d’Égyptiens il y a quelques milliers d’années : parce que le gus décède avant son animal, faut que ce dernier soit mis dans la tombe en même temps. Je meurs, mais ce serait sympa que tu me suives. Au cas où. Magnifique preuve d’amour non ? Le tatouage, c’est pareil. Égoïste, cruel et passablement inélégant.
Non validation totale du tatouage félin ?
En guise de conclusion, Le Tigre va verser quelques millilitres de flotte dans son Nabuchodonosor de champagne. Voici mes règles :
– Loi #1 : tu te ne te fais pas tatouer
– Loi #2 : si ça te démange, alors sur pas plus de 3 cm2
– Loi #3 : si ça te démange encore, tu évites un chat
Si les précédentes lois ont été bruyamment violées par tous les trous et que tu lis la prochaine, alors t’es sacrément têtu.
– Loi #4 : si tu veux te faire dessiner un félin, alors opte pour un tigre. Mais pas n’importe comment. Une monstruosité toute en couleurs, 80 cm de haut au moins, qui démarre à la base du dos. Quelque chose qui ferait rougir de honte le plus tatoué des Yakuzas de Tokyo. Fin du fin, arrange toi pour faire en sorte que les oreilles du tigre atteignent les omoplates : quand tu soulèveras des haltères, ça les fera bouger comme s’il était mécontent.
– Loi #5 : s’il te reste des tunes, profites-en pour tatouer l’adresse de mon blog. Le Tigre te fera un contrat de naming, rémunéré comme il se doit.
Quelle imagination ! Arriver à placer « mode sans échec » dans un billet sur les matous, faut le faire … 8-))
J’aime le feulement du tigre le soir au fond des bois…
Euh…merci ? Pour info, la fille rencontrée s’appelle Cindy, blonde, 25 ans, étudiante dans la mode et habitant près de Saint-Germain-des-Prés. Autant dire qu’elle cumule, avec un certain brio, tout ce qui me fait gu..hem feuler.