Sous-titre : La petite fille à la fenêtre. VO : Madogiwa no Totto-chan. Encore un coup de cœur du Tigre qui a dévoré cette courte autobiographie de la tendre enfance d’une Japonaise d’exception. A travers plusieurs souvenirs s’esquisse la présentation d’une éducation scolaire qui vend du rêve, quelque chose de grandiose qui renforce l’âme.
De quoi parle Totto-chan, et comment ?
Le Tigre a presque honte d’avoir adoré cette œuvre, car ni la couverture ni la présentation au dos du livre ne semblaient constituer les friandises que j’ai l’habitude de m’envoyer régulièrement. Mais magie de la littérature, attraper les yeux fermés un produit dans une librairie peut s’avérer payant. Ainsi je n’imagine même pas les petites merveilles qui attendent que je les bouffe sans autre forme de procès.
Totto-chan (le « chan » étant le diminutif accordé à un enfant), c’est Tetsuko Kuroyanagi qui nous conte quelques années de sa jeunesse dans l’école de Tomoe. La dame, née l’année pendant laquelle un certain Hitler a accédé au pouvoir, est une animatrice radio assez cotée qui m’a l’air fort sympathique. Sans aucun doute l’influence de l’école où elle a évolué dans la mesure où en fin d’ouvrage le lecteur découvrira ce que sont devenus ses camarades. Et il appert que tous, en plus de réussir pour la plupart, sont heureux. Tout simplement. Cette postface donne une explication sur le pourquoi de l’écriture de cette expérience, puisque Tetsuko avait fait une promesse d’enseigner dans l’école. Promesse largement tenue grâce à la diffusion de ce livre.
La biographie commence par le « cas Totto-chan », ou une fille qui n’arrête pas de taper la discute quitte à déranger toute une classe en attendant, debout face à la fenêtre (d’où le titre), que des musiciens publiques passent. Un comportement déviant de trop, Totto est virée de son école (elle ne le saura que bien plus tard) et sa mère la présente à Kobayashi, directeur d’une école particulière car infiniment libre (cf. infra). L’entretien avec le vieux monsieur partiellement édenté, au cours duquel la petite déblatère pendant 4h (première fois que ça lui arrive, bon premier feeling), se passe à merveille. C’est donc parti pour de nouvelles aventures dans des wagons en guise de salle de classe.
Et là l’auteur a pondu une belle pétée de chapitres, chacun ne dépassant pas quatre pages. On peut en zapper, on peut sauter à la 200ème page comme revenir en arrière, ça se lit presque indépendamment ! En outre, c’est plus qu’aisé à parcourir comme prose : vocabulaire simple, à chaque terme que Le Tigre n’a pas compris une note de bas de page était là pour me guider. Bref, une agréable surprise que je ne saurai trop vous conseiller. Notamment par les thèmes abordés dans les paragraphes qui suivent.
Ce que Le Tigre a retenu
Le thème principal de La petite fille à la fenêtre est l’éducation presque parfaite et comment un unique homme a su rendre des centaines de personnes épanouies. Kobayashi (de grâce, ne rajoutez pas « Maru » comme mon esprit volage, Star Trek n’a rien à voir) a beaucoup voyagé, et a décidé de faire de Tomoe (il a également donné ce nom à son fils) une institution où l’écolier est intelligemment choyé : la pratique est préférée à la théorie avec de nombreuses balades, campings et autres jeux ; l’erreur est grandement tolérée tant que celle-ci ne résulte pas de la méchanceté (tous naissent bons, selon le directeur), bref le fun est au menu mais on apprend à vitesse grand V.
Les différences. L’héroïne découvre l’altérité, que ce soit un ami atteint de polio ou des cours de danse qui n’ont rien à voir avec ce qu’elle pouvait imaginer. Ode à la tolérance et à l’acceptation en général de soi, puis des autres (l’exemple de tous les gosses à poil dans la piscine est surprenant), c’est généreux et terriblement simple. Quant au « racisme » dont parle le quatrième de couverture, à part le jeune Coréen qui crie à Totto sa nationalité comme si c’était une insulte (triste, n’est-ce pas ?), il n’y a rien d’autre.
L’air de rien, l’auteur fait quelques allusions progressives à la guerre qui fait rage contre les Américains. Ça commence par quelques rappels géopolitiques (notamment l’apprentissage de l’anglais qui disparaît), puis certains protagonistes obligés de filer au font, notamment le concierge déjà âgé. Le pire, au final, est le bombardement de Tokyo et la victime collatérale qu’est l’école, brûlée en une nuit sans espoir de reconstruction.
…à rapprocher de :
– Pour le modèle éducatif proposé dans cette autobiographie, Le Tigre ne voit hélas que certains passages du Petit Nicolas, de Goscinny. Oldschool, point de vue de l’enfant, mignon aussi, mais moins bon que son homologue nippon.
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