VO : Manooru. On avait vendu du très lourd au Tigre, hélas ce fut loin d’être la claque « biohazard » à laquelle je m’attendais. Histoire sérieuse et bien développée, mais j’espérais plus d’envergure de la part d’un mangaka qui est considéré comme excellent dans son art. Heureusement qu’il ne s’agit pas d’une série fleuve.
Il était une fois…
Dans le Japon contemporain, au sein d’une ville pas loin de la capitale (du moins j’ai cru comprendre), un homme erre nu dans la rue avant de s’écrouler. Porteur d’un mystérieux virus, l’individu est passé entre des mains expertes quoique peu éthiques. Il s’avère que derrière ce cas isolé se trame un complot visant à expurger l’humanité de ses plus bas instinct.
Critique de Manhole
Mon dealeur de manga m’a rapidement conseillé, dans la catégorie « one shot », cet ouvrage composé de trois tomes assez courts. Nul besoin d’acheter une vingtaine d’opus, voilà une histoire qui peut se lire en moins d’une heure. Cependant Le Tigre est resté sur sa faim, jusqu’à murmurer in petto en lisant les dernières pages « tout ça pour ça ? ».
Le scénario promettait largement, et grâce au premier tome je me disais que ça allait être sanglant, avec un complot que je supputais de grande ampleur et qui allait décoiffer le Japon. En fait l’ampleur m’a vite semblé être réduite en peau de chagrin, le virus vite maîtrisé et le commanditaire [SPOIL Attention] n’étant qu’un pauvre type soucieux d’inoculer des vers à la population qui, en plus de perdre un œil, serait débarrassée de ses instincts les plus bas. [Fin SPOIL]
L’évolution de nos héros (le flic Mizoguchi et sa collègue Inoué) qui, à partir de quelques cas, détricotent le fil des responsabilités est satisfaisante. Même si deux reproches sont à faire : d’une part ça n’avance pas vite, si bien qu’à la fin du second tome le lecteur sait d’avance que le final sera décevant et probablement bâclé. D’autre part, l’auteur / illustrateur s’essaie de temps à autre à l’humour et offre des scènes dignes d’un City Hunter (personnages caricaturés notamment) qui n’ont rien à faire dans ce style de scénario.
D’un point de vue du dessin, il n’y a rien à redire. Planches certes qui ne déplacent pas des montagnes, mais celles-ci ont le mérite d’être réalistes (ligne assez claire) et d’instiller une atmosphère d’une glauquitude certaine. Le mal dont sont atteints quelques protagonistes (Le Tigre pense particulièrement à Mika Sekiguchi, couverte de boutons de moustiques) est très bien rendu et pourra offrir un hoquet de dégoût aux plus sensibles.
En conclusion, une jolie déception de la part de Tetsuya Tsutsui. Il faut bien sûr admirer le Japonais pour avoir, seul, construit et illustré un tel manga, toutefois ce n’est pas à la hauteur des insondables attentes du Tigre.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le bien et le mal. Le scénario est original dans la mesure où de grandes vilaines organisations il n’est pas question, contrairement à ce que le début laissait suggérer. Derrière ce funeste complot se cache une idée noble, seulement les moyens pour y arriver ne le sont pas du tout. On retrouve cet antagonisme dans la conduite des opérations par nos deux policiers, parfois contraints de franchir le mince seuil de la légalité. L’héroïne principale est plus que concernée par ce sujet, et ses dernières décisions (est-il nécessaire de tuer ?) vont complexifier un peu plus son comportement.
La menace bactériologique. L’auteur maîtrise bien ce sujet et nous présente les process et actions des responsables de la protection civile de manière plutôt crédible : tenues NBC et procédure de décontamination ; circonscrire les périmètres infectés et éliminer rapidement toute menace ; éléments de langage à l’attention de la populace ; opérations de destruction des moustiques tigres (hé hé) dans une zone établie,… Que de l’anxiogène !
…à rapprocher de :
– Dans les grands complots, Le Tigre s’est plus régalé avec 20th Century Boys.
– Vouloir faire le bien en se comportant comme un fou furieux, c’est un peu Death Note d’Oba et Obata.