Titre très long, et rien de rose dans ce roman contrairement à ce qu’on pourrait penser. Mais alors pas du tout. C’est bête et méchant, provocateur mais parfois juste, Lalng-Willar pousse l’humour noir au-delà des convenances littéraires. Le Tigre est assez porté sur cette prose, si seulement je parvenais à écrire ce genre de trucs…
Il était une fois…
Onze nouvelles, de dix à trente pages. Ah non, y’en a une qui fait deux pages (d’ailleurs celle-ci est géniale). Certaines obscures ou inutiles, d’autres terrifiantes ou drôles. Des sujets assez variés, avec comme socle les grands malades (libres ou en prison) qui nous entourent.
Critique d’Un fauteuil pneumatique rose au milieu d’une forêt de conifères
Délirant et français, c’est fort rare. Plus qu’appréciable même. Quelques nouvelles qui relèvent de l’horreur absolue (même si Palahniuk fait parfois pire), régalant le lecteur avide d’originalité. Si Thibault Lang-Willar écrit hélas peu, dès qu’il daigne le faire le résultat pique (favorablement) les yeux.
Cet ouvrage fait montre de cynisme allié au glauque de la part d’un auteur qui ne respecte rien (dans le bon sens hein) et se fait plaisir en couchant sur papier ce qu’il y a de plus sombre chez l’être humain. Du rire, beaucoup de dégoût, certaines âmes sensibles vont peut-être ne pas apprécier. Par exemple, les divagations d’un prisonnier qui correspond avec une femme (dont la naïveté est renversante) sont à se tordre de rire.
L’écriture, à peu près correcte (sans plus hélas), se laisse apprivoiser une fois que le lecteur est habitué aux brusques changements de registre (je n’ai que rarement vu ça en littérature). Le tout reste divertissant et m’a donné envie de continuer, malgré quelques nouvelles qui peuvent être zappées. Un mini-must.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Les psychopathes de tout bord, détraqués de grande ampleur, l’auteur dresse des portraits aussi horripilants que repoussants. Il est question d’individus que l’on ne préférerait pas croiser au détour d’une sombre ruelle, même si la crédibilité de leurs actes pourrait laisser pantois. Le Tigre ne préfère pas se prononcer (n’ayant jamais visité d’asile ou les Galeries Lafayette le premier jour des soldes), mais ça paraît parfois bien excessif.
Peut-on tout écrire ? Lang-Willar va loin, très loin même dans l’horreur. Il se lâche, n’hésitons pas à le dire, tout en restant dans un style plaisant à lire. Se pose la question de savoir si un auteur peut se permettre de montrer, sous un jour amusant, autant de cannibales, de pédophiles, violeurs,… En guise de réponse, Le Tigre invoquera Desproges, en le paraphrasant : on peut tout écrire, mais pas le montrer à tout le monde.
Ainsi, j’invoque l’exemple de la nouvelle « épistolaire » entre un détenu et une femme (douée d’une certaine grandeur d’âme). Croyant que sa correspondante ne lui répond plus, le prisonnier lui envoie une lettre d’une violence inouïe : vocabulaire ordurier comme Le Tigre en a rarement lu. Cela fait toujours bizarre écrit dans dans un roman, pour ma part ça m’a fait rire. Pas sûr que ce soit la réaction de tout le monde.
…à rapprocher de :
– Des nouvelles noires se retrouvent avec Mike Kasprzak et ses Monstres. Ou, avec davantage de poésie, Avant terme de Serge Cazenave-Sarkis – éditeur indépendant également.
– Certains ouvrages de Chuck Palahniuk, qui sont parfois dans le même style outrageant : A l’estomac ou Berceuse.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
Ping : Sébastien Chagny – A chaque jour suffit sa haine | Quand Le Tigre Lit
Ping : Serge Cazenave-Sarkis – Avant terme | Quand Le Tigre Lit
Ping : Thibault Lang-Willar – Ce morveux me tirait la langue | Quand Le Tigre Lit
Dis donc Tigre, c’est pas Desproges qui disait « on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde » plutôt que Coluche ?
C’est un détail, certes, mais ça a son importance 😀
Tout à fait ! Corrigé, merci ! D’ailleurs tu n’es pas le premier à me chapitrer là dessus 😉 Juge plutôt ma mémoire de poisson rouge :
http://www.quandletigrelit.fr/acneique-kadabra-paf-et-hencule/
Ping : DodécaTora, Chap.AS : 12 spécimens d’anticipation sociale | Quand Le Tigre Lit
Ping : Aleister Crowley – Le livre de la loi | Quand Le Tigre Lit
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