L’image de couverture dérange, le roman aussi. Subversif certes, mais aussi génial de la part d’un auteur français qui n’hésite pas à repousser les limites de l’horreur. L’enfance victime à des niveaux terrifiants, un titre où le lecteur se laissera porté et en ressortira le cœur lourd. Un de mes préférés de Jonquet.
Il était une fois…
Un scène de crime, la juge d’instruction Nadia et les flics sont sur place. Et là, vision d’horreur : des enfants brûlés de partout, aux rictus terrifiants dans une vieille baraque en ruine. Qui les y a cramés, pourquoi une telle infamie ? Trafiques d’enfants ? Non, non. Quelque chose de plus horrible, qui va creuser dans les sillons les plus profonds (et donc noirs) de l’âme humaine.
Critique de Moloch
Le Tigre a lu ce roman il y fort longtemps. Mais si l’intrigue précise (et la fin) n’est qu’un lointain souvenir, l’impression générale demeure. Celle d’une presque claque de glauquerie qui m’avait, à l’époque, laissé relativement sonné.
Moloch, c’est aussi une déité à qui on sacrifie des gamins. Nos flics vont dérouler le fil de trafics, de de fous furieux plus ou moins esseulés qui ont pour point commun de s’attaquer à l’innocente jeunesse. Comme souvent de la part de cet écrivain, l’ensemble des scénarios (nombreux) se rejoint sur les derniers chapitres, offrant au lecteur de quoi refermer le livre avec une certaine impression de malaise.
Alors, que dire de vilain sur ce titre ? Le Tigre estime que le revers de la médaille de cet ouvrage, complet et aux multiples ramifications, est justement qu’il y en a trop. Jonquet conte énormément de choses, que ce soit les descriptions du quotidien d’un service de police ou d’hôpital à certaines personnes rescapées de camps nazis. Outre ce dernier thème qu’on rencontre dans Les Orpailleurs, il appert que Thierry aurait pu pondre au moins deux romans à partir des idées présentes dans Moloch.
Le style est ainsi d’une densité à toute épreuve (malgré des chapitres pas vraiment longs), où on explore par le menu les différents protagonistes. Effets de style limités, seulement les actes de nos protagonistes agrémentés d’explorations sociétales plutôt instructives. Presque un classique.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Ce titre est une jolie opportunité pour l’écrivaillon de dresser une juste (quoique parfois caricaturale, Le Tigre pense aux flics) critique sociétale de l’Hexagone. Les problématiques d’un hosto débordé, les liens entre la justice et la police, mais surtout ce qui peut se passer dans la tête de certains de nos pires concitoyens. La vraie misère en somme. L’immersion aurait pu être parfaite si on ne vadrouillait pas autant d’un protagoniste à l’autre.
La maltraitance des enfants. Thème central à mon humble avis, et là j’ose espérer que la fiction ne rejoint pas la réalité. Car entre les meurtres sauvages d’enfants et l’esclavagisme de ces pauvres petites choses, en passant par la pédopornographie la plus ignoble (la plupart des victimes étant incapables de comprendre ce qu’il leur arrive), il y a de quoi avoir les prémolaires qui baignent. Jonquet ne nous épargne quasiment rien, aussi ce livre ne doit pas être offert à n’importe qui. Pour l’amateur de polar très noir.
A ce titre, Le Tigre se remémore le fameux « syndrome de Münchhausen » raconté dans le bouquin. Le principe y est simple : une femme aime être au centre de l’attention des médecins, avoir des maladies dont personne ne trouve le remède. Pour cela, simulations et autodestruction sont de mise. Plus pervers, le syndrome « reporté » consiste à impliquer son gosse et à lui faire subir toutes sortes de choses pour prendre plaisir à voir les docteurs se pencher, avec impuissance, sur son cas. Maltraitance étonnante et, à mon sens, davantage écœurante.
…à rapprocher de :
– De Jonquet, Le Tigre a particulièrement aimé Mygale, Mon vieux ou Mémoire en cage. Les Orpailleurs mérite une mention particulière dans la mesure où certains des personnages présents reviennent dans Moloch.
– Sur la maltraitance des enfants, il y a le très très troublant La maison muette, de John Burnside.
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