Sur-titre : Spirou & Fantasio. Que fait Spirou chez Le Tigre ? Depuis le temps que ça traîne dans mes pattes, il fallait que je vous parle de la première histoire d’amour du rouquemoute asexué. Luna Fatale est belle à mourir, son daron est forcément un vilain, bref c’est l’amour contrarié par nature. Spirou, intelligemment, renvoie à notre enfance de jeune puceau.
Il était une fois…
Vito la Déveine est encore dans de beaux draps. Ses lieutenants lui claquent entre ses doigts, par trahison, en tombant amoureux de Soupir-De-Jade, mystérieuse asiatique à la tête des Triades de New-York. Aussi le vieil Italien souhaite embaucher le plus célibataire des hommes de la planète : Tintin !…euh, non, Spirou. Il kidnappe donc notre héros et son poto Fantasio et le force à élucider le mystère de l’Asiate…
Critique de Luna Fatale
Comme bien d’autres séries dessinées fleuve qui accusent des dizaines de tomes, Le Tigre choisit de résumer celles qui ont bercé son enfance. Puisque mes parents ne sont ni belges, ni portés sur le 9ème art, seule une ou deux BD étaient disponibles dans l’étagère des chiottes.
Luna Fatale est un de ces titres, et il faut dire que Philippe Tome a respecté, à la lettre, l’esprit de la BD tout en instillant un élément novateur – tellement que le félin en a fait son premier thème. Pour les besoins du scénario, on retrouve Vito la Déveine, sorte de Marlon Brando de supermarché assez attachant par rapport aux vilains qui font chier (à l’exception peut-être de Todo le tyran).
Vito ne sait plus vers quels saints se tourner pour comprendre comment Soupir-de-Jade retourne ses sbires italiens, elle utiliserait un filtre d’amour rendant dingue les macaronis. Spirou, quasiment envoyé au casse-pipe, va naturellement aligner les succès jusqu’à découvrir la vérité (des ray-ban trafiquées, voilà pour le spoil) et sauter du toit d’un gratte-ciel pour se retrouver sur le montgolfière de Vito. Running gag oblige, les pétards chinois auront raison de l’engin aérien improvisé.
Quant aux illustrations, le bon Janry a effectué un hommage appuyé à la Grosse Pomme où tout lecteur sera très bien immergé. Hommage surtout vis-à-vis du Petit Spirou et à la plastique de ses dames. Dès les premières pages de l’ouvre, une débauche de photos de belles pépées à poil, et vlan ! Puis l’irrésistible Luna, véritable héroïne de cet opus : intelligente, au caractère bien trempé, mignonne comme un cœur, la miss est aussi bandante que son père est pitoyable.
En guise de conclusion, Tigre vous dit que j’ai dû lire au moins deux cents fois ce titre, et à chaque fois ça a correctement occupé ma douzaine de minutes sur le trône. Inlassablement, Luna et Spirou se sont invités dans mes toilettes pour me présenter un amour pur plein de promesses interdites, de l’eau de rose concentrée remplaçant tout déodorant commercialisé.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Comme je le disais, c’est l’aspect sexuel qui a particulièrement marqué le jeune Tigre. Déjà, l’histoire démarre sur une touche résolument sensuelle, à savoir Fantasio en chef de file d’une expo érotico-classieuse. Quant à l’intrigue générale, il s’agit quand même d’une gonzesse qui fait changer de camp tout ce qui porte un zizi et parle italien. Mais ce n’est rien par rapport à ce fameux moment au cours duquel Luna, afin de savoir si elle peut avoir confiance en Spirou, lui demande de lui rouler une galoche. Et le monsieur s’exécute, quelle intensité dans ce baiser mes amis ! Très franchement, cette scène m’a profondément travaillé.
En relisant, des années plus tard, la délicieuse BD, une question terrible demeure. Qu’a fait le rouquin ? 1/ Il lui a bouffé le visage pour qu’elle se sente en sécurité ou 2/ Luna l’a plus ou moins contraint à l’emballer, et tout ceci n’est qu’une malencontreuse méprise rendue possible sous l’emprise de l’adrénaline. La dernière planche, où on voit la demoiselle faire signe au héros, donne envie de croire qu’il en pince réellement pour elle. Hélas, on ne la revoit dans d’autres tomes qu’en tant qu’actrice, sans la petite tension sexuelle des débuts.
Sinon, Tome s’est amusé à ressortir quelques savoureuses caricatures sur deux populations new-yorkaises. Les gus de Little Italy sont pittoresques au possible, en particulier l’adjoint de Vito qui en tient une belle. Quant à la populace de Chinatown, l’illustrateur les a représenté comme dans le pire des Lucky Luke : noms-valise à coucher dehors, gueules citronnées et fourbes bâfrant leurs bols de riz, du grand art. Sauf qu’il n’y a rien de licencieux, c’est aussi désopilant que mignon. Même les flics Irlandais sont de la partie, personne n’est épargné.
…à rapprocher de :
– Comme je le disais, il faut mieux commencer par Spirou à New-York, puis Vito la Déveine, avant d’aborder cet opus.
– Les héros qui emballent, en plus vilain, lisez donc sur QLTL Tintin en Thaïlande, de Wezer. Rires garantis.