Sous-titre : L’île du désespoir. VO : 絶望の犯島―100人のブリーフ男vs1人の改造ギャル (hé hé, le 100 n’est pas là par hasard). Un homme, transformé en une sublime femme, coincé dans une île peuplée de dépravés sexuels. Humour barré, dialogue à se pisser dessus, illustrations à prendre au second degré, ce manga coup de poing est parfait pour se détendre tout en étant agréablement surpris.
Il était une fois…
Kôzô Kamishima est un jeune Yakuza travaillant pour Masayoshi Akutô, boss d’un puissant clan japonais. Hélas, Kôzô a failli à sa mission de protecteur de la famille de son patron en forniquant avec la femme de ce dernier…et, pour ne rien arranger, sa fille de dix-huit ans. Or, les explications jeune Yakuza ont pour résultat d’exaspérer Akutô qui décide d’une punition aussi retorse que terrible… Le supplice peut commencer.
Critique du premier volume de Ladyboy vs Yakuzas
Quand le félin est tombé sur quelques tomes déjantés qui semblaient repousser toujours plus loin les limites du bon goût, grande était la tentation de faire un unique billet sur cette saga d’exception. Cela s’est vite avéré impossible tant l’intrigue se développe, apportant de nouveaux éléments et péripéties qui valent, parfois, un chapitre de commentaires de la part de votre serviteur.
Concernant le scénar’, il faut savoir que le mangaka ne s’embarrasse pas question narration et place rapidement son héroïne sur le champ de bataille. Avec des règles du « jeu » relativement simples : une centaine de pervers sexuels prisonniers d’un endroit et qui n’ont pas baisé une femme depuis des lustres. La promesse de partir pour ceux qui défloreront le jeune créature siliconée et au minou tout frais et bien rasé. Sauf que le ladyboy puni tire son épingle du jeu pendant les premières heures, et ce notamment grâce à un des habitants déterminer à passer, seul, un moment d’exception avec la « cible ».
Avec une telle idée aussi géniale qu’improbable, Sakurai dresse naturellement quelques portraits de mâles en rut, à la moralité plus que douteuse et aux mains baladeuses qui se trouvent majoritairement dans leurs slips pour flatter la marchandise. Dialogues, humour noir, situations embarrassantes, chaque page est susceptible de provoquer un éclat de rire tellement ça va loin question bêtise et glauquerie – bêtise assumée et sur laquelle l’auteur joue avec succès. Et que dire du registre de langage, familier (voire injurieux) sans être gratuitement grossier ?
Ces dialogues et situations sont délicatement mis en images par des illustrations provocantes et franchement marrantes : le trait, plutôt fin et finement détaillé, est en décalage avec la bestialité des personnages dont les expressions ont tout d’un City Hunter déglingué : veines apparentes qui crachent du sang, fumée (ou morve) qui sort de leurs oreilles/nez/bouches, tout ce petit monde devient fort sympathique malgré leurs statuts d’antagonistes – au premier rang duquel le boss Yakuza, plus pitoyable que jamais. Bref, un premier tome totalement prenant qui ne peut qu’inciter à poursuivre la lecture.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’élément déclencheur de l’intrigue est la vengeance dans toute sa splendeur, imaginée par un esprit malade et humilié. Car l’aménagement du châtiment obéit à une logistique lourde, je n’ose imaginer combien ça peut coûter de faire libérer cent prisonniers, les transporter et les nourrir uniquement pour les voir gang banger ce pauvre ladyboy – à l’aide de caméras soigneusement placées un peu partout. Comme si ça ne suffisait pas, Akutô-san convie, de force, sa femme (qui refuse de coucher avec lui depuis 18 ans) et sa jeune fille à assister au spectacle en direct. Les passages où on le contemple en train de rager face à la chance de sa victime sont exceptionnels, ça fait très méchant de James Bond mais sans la classe ni le chat sur les genoux.
Il convient de signaler que l’auteur en profite pour faire un panorama des différentes perversions ayant amené certains des psychopathes à avoir leur place sur l’île du désespoir. Notamment la pédophilie, ici traitée avec un humour doublement corrosif : quelques flashbacks décrivent un professeur non seulement porté sur les petites filles, mais une fois celui-ci grillé il fait tout pour se protéger, quitte à accuser son fils et le supplier de le couvrir. La cerise sur le gâteau ? Cet homme est le père de Kôzô. D’où cette géniale idée : le boss Yakuza offre la possibilité d’être sauvé si le ladyboy se fait sauter par son père détesté. Lequel n’est guère excité par la jeune « femme », jugé(e) trop âgé(e). La façon dont ceci est amené rend cette circonstance hilarante – et pas si lugubre que ça.
…à rapprocher de :
– Le second tome est un délice (en lien). Le troisième l’est moins (lien également). Le quatrième est couci-couça. A suivre.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce manga en ligne ici.
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