Sous-titre : L’île du désespoir. La belle (malgré lui) Kôzô poursuit sa lutte pour ne pas se faire violer par une centaine de criminels sexuels en manque. Deux nouvelles péripéties d’importance vont ici avoir lieu, la famille et l’amitié prenant une nouvelle dimension. Toujours aussi barré et fantastique, la série continue sous les meilleures auspices.
Il était une fois…
Kôzô vient de passer sa première journée en tant que cible sexuelle. Mais il(elle) est placé(e) face à un terrible dilemme : se faire sauter par son père pour que les deux puissent partir. Hélas, son daron est plus porté sur les (trop) jeunes filles et débande piteusement. La fuite reprend, et notre héro(ïne) est recueilli(e) dans une secte, qui la protège temporairement. Si le gourou en profite pour délier Kôzô de quelques traumatismes infantiles, est-il l’irréprochable sauveur qu’il attend ?
Critique du deuxième volume de Ladyboy vs Yakuzas
Il faut savoir deux choses sur cette série. D’une part, l’auteur a clairement indiqué qu’il ne fera que cinq tomes. Ce qui aidera à éviter les prolongations non nécessaires qui feront que, immanquablement, le félin perdra le fil. D’autre part, chaque tome, en plus de présenter de nouveaux personnages aussi divers que variés, semble réussir à donner plus de substance à un protagoniste qui doit s’habituer à son nouveau genre.
Ce tome se décompose en deux parties bien distinctes. D’abord, le passage de Kôzô dans une secte menée par le charismatique God, qui temporairement le (la) protège des assauts des Yakuzas en rut. Ce God, c’est l’anti-héros par excellence. Majestueux, grand, poilu comme un grizzli, le regard lubrique (il est superbement bien rendu) et le boniment d’un charlatan de troisième zone, le mec nous tient en haleine pendant pas mal de pages avant de révéler son vrai visage – on s’y attendait certes, mais le dénouement de cette situation est à se taper sur les cuisses.
La suite est sans doute moins fendard, toutefois permet de sortir, narrativement, du carcan de l’île où est prisonnier le Yakuza déchu : ce dernier réussit (grâce à son père) à fuir dans la forêt où il fait une bien curieuse rencontre. Celle d’un être énorme, à la taille inversement proportionnelle à l’intelligence. Quatre mètre de haut sur deux de large, un esprit enfantin et félin (graaaaouu) ravi de trouver, en Kôzô, un nouvel ami avec qui partager ses passions – manger une biche tuée à l’instant, se balader dans les bois. Accessoirement, Lion (oui, c’est son prénom) protège le héros des menaces qui l’entourent, et se révèlera décisif lorsque les deux compères se retrancheront dans la cabane aperçue au premier tome.
Et toutes ses aventures se déroulent sous l’œil malveillant du Big Brother local, à savoir le boss de la mafia japonaise désireux de punir son ancien employé. Ce personnage, dont les veines saillantes menacent d’exploser à tout moment, commence à devenir de plus en plus pitoyable, presque sympathique. On découvre un père paranoïaque qui détruit ceux qui l’entourent et qui l’aiment, et par ses actes odieux ne reçoit que mépris. Quant à la qualité de ce deuxième tome, rien ne s’oppose à dire que le lire s’impose si vous avez aimé le premier.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Vais point me faire chier. Vous voyez les deux paragraphes du milieu de la précédente partie ? Bah le fauve va les développer un peu plus.
La première épreuve du Yakuza déburné concerne la naïveté de criminels (une dizaine) prêts à tomber dans les bras du premier orateur venu. Le God en question parvient à embobiner l’héroïne (impressionnée par sa prestance il est vrai) avec des artifices (se faire saigner tel le Christ) et des techniques de manipulations mentales assez fines quand on y regarde de plus prêt. Toshifumi Sakurai indique sans ambages ce qu’il pense de ces méthodes sectaires dès lors que tout est traité avec un humour ravageur, et les défauts des protagonistes étant largement exacerbés – crédulité des adeptes et de Kôzô ; foutage de gueule du gourou dont les incantations sont du verlan facilement décelable.
[attention SPOIL] L’objectif de God ? Violer Kôzô pour se casser de l’île. Ce fils de pute y parvient. Pour une fois, on voit que des règles existent puisque le gourou file à l’anglaise à bord d’un hélicoptère spécialement dépêché – on se demande comment les autres habitants ne l’ont pas entendu venir d’ailleurs… [Fin SPOIL]
Le dernier thème concerne la notion du « gentil monstre » imprévisible qui, par on ne sait quel miracle, devient un indéfectible allié. C’est presque le gars inquiétant du film Les Goonies. Mais l’histoire de Lion est touchante et terrible à souhait. Celle d’un être rejeté par sa maman-star qui ne l’a pas voulu – et s’est correctement frappée le bide pour avorter, sans succès. Le « petit maître » déformé est élevé loin de sa famille par un gouvernante aimante. Les photos de sa belle maman ont tourné la tête du jeune Lion, ce qu’il se passe dans son cerveau lors de la première rencontre mérite sûrement d’être étayé. Résultat d’un mélange d’admiration, de haine (le rejet par la génitrice est immédiat) et de premier contact avec le « beau » sexe (la gouvernante est loin de l’être), le viol sordide parce que proche du matricide en devient presque évident.
…à rapprocher de :
– Bien évidemment, faut commencer par le premier tome (en lien, quelques visuels étant dispo). Le troisième est moins plaisant, tout en restant lisible (lien également). Le quatrième est couci-couça. A suivre.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce manga en ligne ici.
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