Sous-titre : L’île du désespoir. Un peu de répit pour le ladyboy cloitré dans une cabane en bois, à l’abri des méchants ? Rien n’est moins sûr, Kôzô n’est pas au bout de ses souffrances. Tome transitoire dans la même veine que les précédents, toutefois on ne peut s’empêcher d’être déçu par rapport à ce que nous a habitué le bon Sakurai.
Il était une fois…
A l’issue du deuxième tome, Kôzô se retrouvait retranché dans une cabane en compagnie du fidèle Lion, impressionnant mastodonte qui a juré de protéger le ladyboy. La situation est d’autant plus complexe que le père de notre héros est toujours retenu en otage par les yakuzas de plus en plus excités…
Critique du troisième volume de Ladyboy vs Yakuzas
C’était trop beau pour être vrai. Deux tomes exceptionnels, et le début de ce troisième qui démarre également en grande pompe – scène de torture du père du protagoniste assez agréable visuellement. Le fauve se demandait quand le mangaka prendrait une petite pause scénaristique, et bah il semble que les deux derniers tiers de cet opus y répondent. Non pas que ce soit mal, mais étant habitué à des rebondissements en cascade, il faut convenir que ça fait bizarre quand la narration se calme.
En effet, ce tome se construit presque comme un huis clos : Kôzô et Lion (l’énorme masse de muscle de 3 mètres de haut ayant un cœur inversement gros que son cerveau) ont trouvé refuge dans une bicoque assiégée par les lubriques méchants. Un siège, en effet, avec défenses à fourbir d’un côté contre engins de siège fabriqués à la va-vite et attaques en rang d’oignons – rien de très crédible, mais l’ambiance néo bon enfant est intacte. Si la situation du ladyboy devient au fil des pages de plus en plus critique, il parvient à s’en sortir grâce à un artifice assez choquant – lequel mérite un spoil dans la partie suivante.
Si le félin a été désagréablement surpris par l’unité de lieu et d’action, il ne fut point contrarié par l’aspect toujours plus gore du manga. Les morts s’accumulent de manière vertigineuse, c’est à se demander s’il restera suffisamment d’antagonistes pour le dernier tome. Ces décès sont traités avec la même légèreté, hélas contrebalancée par un onirisme inattendu – notamment certains ex-taulards décédés qui hantent le héros ou la mort chargée symboliquement d’un des personnages.
Mon avis définitif en une phrase ? Tome chiant eu égard à ce que j’ai pu lire avant, nul doute que les deux derniers albums vont achever de trouer le cul du lecteur.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le sacrifice est à l’honneur ! Ainsi que la réciprocité dans cet acte. Quoi de plus beau qu’un ami donne ce qu’il a de plus cher (ou ce qu’il nous reste) avant de lui retourner la pareille ? [attention SPOIL] D’une part, Lion luttera jusqu’à sa (presque) mort pour protéger un Kôzô accablé de toute part. Tel un animal déchaîné, l’imposante erreur de la nature se démènera tel un diable pour retarder l’horrible destin de son compagnon. Lequel, d’autre part, n’aura qu’une solution pour venir en aide à son ami : le sortir de l’île pour qu’il soit soigné. C’est-à-dire le débraguetter et enfourner sa bite pour se faire « violer », condition nécessaire à son exfiltration. Une vie contre un pucelage, c’est-y pas beau ? Cette image d’Épinal est renforcée par la « montée » d’un Lion mourant, via des hélicoptères, vers une douce mort prenant la forme d’une maman nue souriante – sorte de retour au vagin maternel, cette fois-ci accueillant (faut savoir que Lion, enfant non désiré, avait violé sa daronne) [Fin SPOIL].
Étant donné que ce tome consacre la moitié de l’histoire (prévue en cinq opus), le félin en profite pour livrer une impression générale sur la saga : il s’agit ni plus ni moins de survival. Un endroit clôt, une cible, une centaine de vilains prêts à la tuer/violer, c’est comme une histoire de zombie – mais avec des pervers sexuels qui en veulent à la chatte de l’héroïne plutôt qu’à son cerveau. Le/la protagoniste fait avec les moyens du bord (arcs en bois, refuge dans les arbres), découvre des alliés inattendus et se révèle bien plus aguerri que la normale. Tout ça sous l’oeil attentif d’un bourreau, deus ex machina de pacotille. De temps à autre, l’auteur fait la lumière sur tel ou tel personnage en livrant, par flashbacks, quelques uns de ses faits d’armes. Le tout avec un style et un ton rigolard qui relèguent au fond des chiottes la bienséance la plus élémentaire, pour un résultat original qui ne laissera personne indifférent – en bien ou en mal.
…à rapprocher de :
– Bien évidemment, faut commencer par le premier tome (en lien, quelques visuels étant dispo). Puis, naturellement, avec le deuxième (en lien). Le quatrième est couci-couça. A suivre.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce manga en ligne ici.
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