VO : idem. Egolf a fait grande impression au Tigre. Ce roman, un peu moins hélas. Histoire certes originale, néanmoins on peut avoir la sensation de tenir entre les mains un pauvre doublon de son génial premier roman. Faire l’impasse de cette œuvre n’est pas déconseillée, sauf pour l’inconditionnel de la littérature américaine d’exception.
Il était une fois…
Le Kornwolf, c’est une vieille légende de loup garou qui bouffe les cultures locales. C’est aussi Ephraim, qui se transforme à chaque lunaison,en une bête qui n’est pas sans ressembler à Nixon. Le Kornwolf est hélas poursuivi par un journaliste féru de boxe et en phase de transition qui va faire mousser la légende et créer un joli foutoir au sein d’une communauté amish, en pleine Pennsylvanie aux origines germano-danoises.
Critique de Kornwolf
Fort décevant comme roman de la part de Tristan. Ne nous trompons point, à ce stade cela signifie que l’œuvre reste plus que correcte. Hélas Le Tigre, après avoir lu le premier roman d’Egolf, s’attendait à beaucoup mieux. Les cent dernières pages environ ont été même survolées, tant j’avais l’impression de tourner en rond et d’avoir globalement fait le tour du roman.
Un monstre légendaire qui n’est pas si terrible, des personnages dont on espère qu’ils ne sont pas ainsi dans la réalité (peu de chance hélas), une sombre histoire de parenté, et hop on obtient un n’importe quoi bien sympathique, sans plus pour les impérieux besoins du Tigre.
Le style est celui d’Egolf, à savoir très long et dense. Chapitrage certes plus court, toutefois la prose est bien moins réjouissante qu’on pourrait s’y attendre. Au final, c’est un titre dispensable. Et là, l’ultime question : qu’aurait donné cet auteur comme autres œuvres s’il ne s’était pas suicidé ? N’aurait-il pas, en fait, tourné en rond ?
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le Tigre ayant été (assez) déçu par ce roman, dont il a lu les dernières (100, 150 ?) pages un peu par-dessus la patte (visuellement douteux), les thèmes sont plutôt limités.
Ce qui m’a marqué est la dénonciation de la bêtise campagnard qu’on retrouve dans Le seigneur des porcheries, à savoir le « redneck » pas très futé : redneck car nuque rouge à force de travailler au soleil, rougeaud en général par une consommation excessive de bière, propre à vite s’emporter pour défendre son pré-carré d’égoïste. Ici l’excitation populaire est poussée à son comble, transformant une société relativement paisible en ce que la civilisation américaine peut faire de pire (trash metal, orgies,…).
La limite entre la légende et la réalité. Au moins le lecteur se sera familiarisé avec une version intéressante du loup-garou, et à la sauce amish ça vaut réellement le coup d’œil. Dans le vase clos qu’est le territoire où évolue Kornwolf, ce n’est pas tant le monstre que les réactions des autochtones qui est ici une jolie satyre du monde contemporain. L’existence avérée (sans que le journaliste ne pût l’imaginer) de la bête semble au Tigre l’excuse parfaite pour tous les débordements des habitants, excès propres à nos sociétés modernes.
…à rapprocher de :
– Le seigneur des porcheries, seul roman d’Egolf à lire absolument.
Le Tigre voit plus ce roman comme un adendum au pavé pré-cité, sans réelle autonomie.
– Cependant l’exagération des habitants du cru est assez proche et aussi cocassement rendue (sexuellement parlant surtout) que Le lézard lubrique de Melancholy Cove, de Christopher Moore.
– Sur les croyances du populo qui font des dégâts, y’a L’Homme à l’envers, de Fred Vargas. Pas fameux hélas.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
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