Surtitre : Les aventures de Blake et Mortimer, tome 13. Nos deux héros aux valeurs inverties sont dans la tourmente. Francis Blake est accusé d’être un agent double, calamitas fatratas ! Pas un pet de fantastique, des dialogues qui prennent plus de place que les dessins, un manque flagrant de dynamisme, par conséquent c’est loin d’être ma BD préférée.
Il était une fois…
Dans l’Angleterre miteuse des années 60 (ou 70, franchement je m’en tape le coquillage), les services de renseignements l’ont très mauvaise. Cela fait des mois qu’un réseau d’espions étrangers roule insolemment du cul devant eux, et ils n’ont qu’un petit coursier (Jennings de son p’tit nom) à se mettre sous la dent. Pour tout vous dire, ça pue salement l’agent double au sein même du M.I.5. Et là, après analyse des photos du menu fretin interrogé, kolossale surprise : la taupe n’est rien d’autre que ce bon Blake ! Putain le con !
Critique de L’affaire Francis Blake
Ouais, comme tout gosse qui se respecte, j’avais un oncle qui possédait quelques Blake & Mortimer dans sa bibliothèque. Et, à l’instar de beaucoup, je les lui ai tous piqués. Si quelques uns m’ont laissé dans un état de ravissement proche de la première fois où j’ai touché des seins, d’autres ne m’ont carrément pas emballé. Le présent opus est de cette race.
L’affaire dite « Francis Blake » dans la mesure où ce gueudin va faire croire qu’il « en est » (rien à voir à l’homosexualité) afin de rencontrer les individus capables de répondre à ses questions. Parce que Blake prend la fuite avec fracas, Mortimer sera également suspect, et ira jusqu’à parcourir la perfide Albion pour être sûr de l’innocence de son pote. Du Kent à l’Écosse en passant par le Yorkshire, Van Hamme nous emmène dans une ballade tout ce qu’il y a de campagnarde pour remonter le fil de la trahison répétée que subit les services angliches.
Je pourrais parfaitement déblatérer des heures sur l’intrigue dans la mesure où cette bande dessinée est excessivement verbeuse. Franchement, y’a plus à lire là-dedans que dans n’importe quel roman de Marc Levy, et les mots y sont plus complexes. Pour un adulescent, ça passe certes, mais quand à 12 berges j’ai découvert ce truc j’ai vite lâché l’affaire. Ensuite, les dessins. Benoit a (encore) fait son gentil papy en restant dans les canons du genre : illustrations savamment léchées, décors puissamment réalisés, tout ceci ressemble à des fresques qui ne renforcent hélas guère les scènes d’action – qui sont assez ternes. Pour un ouvrage publié au beau milieu des années 90, changer de disque aurait sans doute été bienvenu.
Croyez moi ou non, y’a même une belle pépée qui occupe une place importante dans la narration…si. Virginia, cousine veuve de Francis, occupe son temps à aider le M.I.5, et parvient (modestement toutefois) à infléchir le cours de l’enquête. Néanmoins, c’est loin de suffire pour rendre L’affaire Francis Blake à peu près potable pour le félin en quête d’autre chose.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Les doubles jeux. Une taupe dans le M.I. 5, des personnalités politiques sans foi ni loi (à part l’argent), un agent d’exception qui se fait passer pour un pourri, tout n’est ici qu’apparences et rôle à tenir pour démasquer son adversaire. C’est marrant, mais à regarder la bobinette des protagonistes (assez expressive dans l’ensemble), il n’est pas difficile de deviner quels sont les odieux bâtards de sa Très Gracieuse Majesté. Et, comme ça ne suffisait pas, le vilain Olrik est de la partie – au moins plus de doute sur l’identité du reste des méchants ! Manichéisme ? Voyons… Bien évidemment, tous sont confondus, à l’exception de l’antagoniste principal qui, comme par magie, parvient à s’enfuir un peu trop aisément.
En dernier lieu, Le Tigre aimerait discourir sur ce qu’il ne va pas dans cette BD : l’absence de science-fiction. Dans mon esprit fort étriqué, les aventures des deux Londoniens coincés du derche avaient certes une saveur surannée, mais il y avait ce petit truc, le fantastique, qui me laissait correctement pantois. Cependant, rien de tout ceci dans une intrigue que j’ai trouvée basique, sinon pépère à souhait. Comme si, après le décès d’Edgar P. Jacobs, Van Hamme voulait montrer qu’il respectait la mémoire du grand maître en produisant un lourd (dans tous les sens du terme) classique sans prise de risque aucune.
…à rapprocher de :
– Le Sanctuaire du Gondwana est passable…jusqu’à ce que je réalise que c’est sorti à la fin des années 2000.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD en ligne ici.
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